dimanche 17 mai 2020

Into thin air (Tragédie à l'Everest) - Jon Krakauer

Into thin air (Tragédie à l'Everest) - Jon Krakauer

J'ai lu Into the wild il y a longtemps, quand j'étais au lycée, en seconde, il me semble. Le livre était devenu populaire à cause de son adaptation au cinéma, et quelqu'un, Titouan, pour être exact, me l'avait prêté. Je me souviens avoir pensé que le protagoniste, dont le livre raconte l'histoire à priori réelle, avait été incroyablement stupide d'aller se balader avec insouciance en Alaska sans emporter avec lui la moindre carte. Into the wild a été originellement publié en janvier 1996, l'année où se déroulent les événements d'Into thin air (Tragédie à l'Everest), publié l'année suivante. En mai 1997, Jon Krakauer, financé par le magazine Outside, participe à une expédition vers le sommet de l'Everest. Les choses tournent mal, beaucoup de gens meurent et Krakauer écrit Into thin air en partie pour faire son propre deuil.

Comme ce bouquin est façonné dans l'ombre directe du drame, la fluidité de la narration est partiellement sacrifiée à l'exactitude et aux détails. Ainsi la première moitié est parfois un poil longue, chargée de parenthèses historiques et de micro biographies qui servent à installer des fondations solides pour ce qui va suivre, et j'ai souvent eu du mal à me dépatouiller entre toutes les personnes évoquées. Le plus marquant, c'est que l'essentiel des deux mois que durent les expéditions vers le sommet de l'Everest est consacré à l'adaptation du corps à l'altitude, en particulier au manque d'air, qui a des effets puissants sur la forme physique mais aussi sur la clarté mentale.

Quand le drame se déploie, il est frappant de constater à quel point les divers participants sont aveugles à leurs propres limites. Il est évident que les gens qui viennent se fourrer dans un environnement aussi extrême ont tendance à être particulièrement ambitieux et téméraires, mais, vraiment, c'est une parfaite illustration de l'hubris. La météo joue un rôle important, les rapports de pouvoir aussi, l'indifférence de certains envers la vie humaine, mais c'est l'hubris qui sort du lot, car c'est elle qui pousse les aventureux à venir crapahuter là où de toute évidence l'être humain n'a rien à faire, là où ils n'ont même pas l'excuse de la découverte scientifique, comme les explorateurs d'antan.

A la lecture d'Into thin air, j'ai beaucoup pensé à mes propres expériences, certes infiniment plus modestes, mais où j'ai retrouvé cette tension entre la volonté et les limites du corps. J'ai eu une certaine expérience de la montagne dès mon enfance. Je me souviens nettement d'une avalanche, vue de loin, au cours d'un voyage dont je n'ai plus aucun autre souvenir. Plus tard, j'ai eu l'occasion d'expérimenter directement les dangers des hauteurs, notamment dans un lac glacial des Pyrénées. Plus récemment, j'ai dû gérer un ami en état de choc dans les montagnes de Corse, porter une partie de son équipement, puis chercher un recoin pour la tente et la monter seul alors qu'il était à peine conscient. J'ai aussi fait l'expérience des douleurs qui arrivent sans prévenir, sans qu'on sache pourquoi, et qui paralysent alors qu'on a besoin de son corps. Bref, rien d'équivalent à ce qu'on trouve dans ce livre évidemment, mais assez pour comprendre l'importance de maintenir une conscience aiguë de ses propres capacités physiques, et l'importance de ne pas trop lier égo et accomplissements pour être capable de faire demi-tour quand c'est nécessaire.

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