vendredi 15 janvier 2016

The Investigation - Stanislas Lem


The Investigation - Stanislas Lem

Un roman de Stanislas Lem qui, je crois, n'a jamais trouvé son chemin jusqu'à la France. En effet il est un peu surprenant : ce n'est pas vraiment de a science-fiction. Pas du tout, en fait, sauf si l'imagination du lecteur en décide autrement. C'est un roman policier, mais sans crime ni coupable. Les enquêteurs du Yard sont un peu déconcertés par ce qui ressemble à des vols de cadavre. Ou a des résurrections, selon le point de vue. Le récit suit l'inspecteur (ou quelque soit son titre exact) Gregory au cours de son enquête qui, il faut bien l'avouer, ne sera pas très palpitante. Aucun indice, rien. Aucun suspect non plus. Gregory en est tellement désespéré qu'il fait une fixation sur un collaborateur du Yard amateur de statistiques, persuadé que sa façon troublante d'expliquer rationnellement les événements avec des chiffres est un peu louche. Mais au final, rien. Juste plein de théories loufoques tentant d'expliquer l'inexplicable. Et ma foi, sur ce plan, c'est très réussi. Lem explore les limites de la connaissances humaine. Il semble donc que certaines choses soient inaccessibles pour notre modeste espèce. Gregory est un personnage très attachant, un peu paumé, comme tout le monde semble l’être face à cette affaire. The Investigation est une bizarrerie à la croisée des genres qui réussit plutôt bien à maintenir chez le lecteur ce délicat équilibre entre curiosité et frustration, tout en soulevant quelques problèmes intéressants sur notre capacité de compréhension du monde.

189 pages, 1959, Avon books

lundi 11 janvier 2016

Marina di Vezza - Aldous Huxley


Marina di Vezza - Aldous Huxley

Un Huxley dans la veine de Contrepoint et La paix des profondeurs. Pas vraiment d'histoire linéaire, juste l'analyse de quelques personnages, de leurs relations et obsessions. Dans sa villa italienne Mrs. Aldwinkle accueille des invités aux profils variés. M. Cardan, le cynique à la culture impressionnante qui craint de passer sa vieillesse dans la pauvreté.  Miss Thriplow, jeune romancière très soucieuse de son image. M. Calamy, homme mature, riche et désabusé, passant de la vie mondaine à la recherche de l'ascèse. M. Falx, le vieux politicien sérieux et rabat-joie. Lord Hovenden, jeune homme inexpérimenté fou amoureux d'Irène qui, vivant dans l'ombre de sa tante, ne le remarque pas. Mrs. Aldwinkle elle-même, vieillissante et égocentrique, a peur de voir ses invités la fuir et de se retrouver seule, loin de monde. Et Francis Chelifer, brillant et détaché, que je soupçonne fortement être l'alter-égo de Huxley. C'est d'ailleurs le seul personnage qui a l'occasion de s'exprimer à la première personne à travers des extraits de son journal, délices d'intelligence et de lucidité. D'ailleurs ces qualificatifs s'appliquent au roman dans son intégralité. Tous ces êtres oisifs se baladent, interagissent, parlent de la nature du beau ou de l'avenir de l'humanité, M. Cardan organise un coup tordu pour adoucir ses vieux jours, les couples se font et se défont ... Et c'est juste un régal. Brillant, drôle, fascinant. Et surtout, cette conscience, cette lucidité, cette distance permanente de l'auteur qui observe et décrit le monde (et lui-même) d'un point de vue en même temps supérieur et impliqué.

408 pages, 1925, presses pocket (couverture d'une autre édition ci-dessus)