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jeudi 1 juin 2017

Les meilleurs récits de Weird Tales - Tome 3

Les meilleurs récits de weird tales - Tome 3
 
 
  • L'ombre sur l'écran de Henry Kuttner. Une nouvelle fantastique dont la principale particularité est de se dérouler dans le monde du cinéma. Pour le reste, c'est assez convenu sans être pour autant mauvais : un couple de héros, un fou dangereux qu'on voit venir à trois kilomètres et une étrange créature pas très amicale.
  • Esclave des flammes de Robert Bloch. Une agréable bizarrerie. Un pyromane devient pote avec d'autres pyromanes... qui se révèlent être d'anciens romains survivant depuis des siècles grâce à un pacte avec une divinité amatrice d'incendies. L'un d'eux est Néron : il n'était pas fou, il avait juste un goût particulier pour la véritable beauté, la beauté des flammes ! C'est un artiste incompris. 
  • La maison de l'extase de Ralph Milne Farley. Jacques Sadoul a inclus cette nouvelle parce qu'elle était très populaire, mais il est d'accord avec moi : c'est mauvais. L'auteur tente de prendre le lecteur comme personnage en disant "vous", mais c'est plus lourd qu'autre chose. Un hypnotiseur manipule le personnage principal pour s'offrir une nuit de plaisir en le faisant interagir avec une jolie captive. Celle-ci a un comportement complètement erratique, les deux se font un bisou, et voilà. 
  • Tout au fond de Robert Barbour Johnson. C'est l’œuvre d'un disciple de Lovecraft, celui-ci étant même cité. Dans les tréfonds du métro new-yorkais, d'étranges créatures rodent, amatrices de chair humaine. Pour protéger les citoyens, une équipe passe ses nuits à monter la garde, au risque de fragiliser leur santé mentale. C'est vraiment bien foutu, et on se sent étonnamment proche de Metro 2033.
  • Le jardin d'Adompha de Clark Ashton Smith. De la fantasy morbide dans la veine des autres récits de Smith. Un roi et son magicien ont un jardin secret. Ils aiment prendre des membres de gens qui les ennuient pour les greffer aux plantes. Bien sur, ça va mal tourner.
  • La nymphe des ténèbres de Catherine L. Moore et Forest J. Ackerman. C'est plus ou moins de la SF, mais c'est surtout très nul. Un héros rencontre une femme en détresse, elle a des capacités uniques, des méchants veulent la capturer, alors ils combattent les méchants. Le seul texte du lot que je n'ai pas eu le courage de lire en entier.
  • La déesse de Zion par David H. Keller. Peut-être ma nouvelle préférée du recueil. Alors qu'il se ballade dans le parc national de Zion, le narrateur rencontre un type qui lui propose de faire le lendemain une randonnée jusqu'au sommet d'une montagne. Il accepte. Pendant leur marche, l'inconnu va lui raconter son histoire et celle de la montagne et de ses habitants. C'est calme et onirique, j'aime ce fantastique très ancré dans la nature.
  • Routes par Seabury Quinn. Étant donnée la qualité déplorable des nouvelles de cet auteur dans les recueils précédents, je m'attendais à sauter celle là. Mais, étonnamment, ce n'est pas si mal. On suit un barbare nordique égaré en Judée qui va croiser la route de Jésus juste après sa naissance et à l'occasion de sa crucifixion. Et ensuite, ce type, qui s'appelle Klaus, devient le père noël (Santa Klaus). J'aime bien la plongée dans le passé, et même si ça devient vraiment n'importe quoi à la fin, avec ces histoires de genèse du père noël, c'est marrant. Le coté propagande chrétienne est aussi plutôt distrayant.
  • L'Hydre de Henry Kuttner. Un récit fantastique lovecraftien tout ce qu'il y a de plus classique. Quelques potes font des expériences douteuses, ça foire, ils se rapprochent d'autres dimensions, deviennent fous et meurent dans des circonstances mystérieuses. Originalité zéro, mais ça fonctionne.
  • Le tueur fantôme de Fritz Leiber. Nouvelle qui se démarque par qualité de son écriture. J'ai l'impression de l'avoir déjà lue, mais toutes ces nouvelles fantastiques doivent finir par se confondre dans mon esprit. Un mec fauché emménage dans l'appartement de son oncle récemment décédé, oncle qui a potentiellement un petit secret. Pas mal du tout, mais l'auteur à un peu trop tendance à recourir à la facilité qu'est le rêve pour introduire le mystère. 

 219 pages, j'ai lu

dimanche 4 mai 2014

Les meilleurs récits de Weird Tales - Tome 2


Les meilleurs récits de Weird Tales - Tome 2

Le premier tome de cette anthologie s'intéressait aux années 1925 à 1932, et celui-ci nous propose des textes parus entre 1933 et 1937. L'introduction nous informe que cette période fut particulièrement riche pour la célèbre revue, vérifions donc.
  • La mort d'Ilalotha de Clark Ashton Smith. On retrouve un univers assez onirique comme souvent chez Smith, et ce vieux royaume sera le théâtre d'une histoire d'amour assez ... nécrophile. La belle Ilalotha, délaissée par son amant, vient de mourir de chagrin. Mais l'on dit qu'elle était une sorcière, et qui sait si même morte elle ne tentera pas de satisfaire son désir ... Encore un bon texte de Clark Ashton Smith.
  • Hors du temps de Hazel Heald. Ce texte aurait été "revu" par Lovecraft, on peut donc supposer qu'il en est en bonne partie l'auteur. Malheureusement, cela ne le sauve pas de la banalité. Une ile mystérieuse apparue au milieu de l'océan, une vielle momie particulièrement suspecte, d'antiques cultes et de sombres divinités ... Ce n'est pas forcément mauvais, mais ça sent tellement le déjà vu qu'on oublie cette nouvelle aussitôt lue.
  • Le juge suprême de J. Paul Suter. Un peu d'originalité : une juge particulièrement cruel et sans pitié décide de faire exécuter un enfant, malgré les protestations de son entourage. Seule la crainte de sa propre mort et de l'enfer peut le rendre un peu plus clément ... Une nouvelle assez drôle, pas mal du tout.
  • Les graines d'ailleurs de Edmond Hamilton. Un homme trouve des graines dans une météorite et décide ... de les planter. Elles donnent naissance à deux être mi plantes mi humains. Un texte très court pas vraiment marquant.
  • La déesse de saphir de Nictzin Dyalhis. Un type suicidaire se retrouve dans un monde fantastique où on lui apprend qu'il est roi, et le voilà qui part sans sourciller en quête de sa princesse et de son trône accompagné par deux compagnons fanatiques. Il se conduit comme un insupportable tyran et ses aventures qui le conduiront dans des lieux aux noms aussi peu inspirés que "Monts de l'Horreur" ou "Mer des Morts" sont particulièrement inintéressantes.
  • La farce de Warbug Tatavul de Seabury Quinn. La nouvelle de cet auteur présente dans le tome précédent était assez mauvaise, celle là suit le même chemin. Un héros qui sait tout faire, de l'hypnose à la chasse aux fantômes, un narrateur qui ne comprend rien et ne sert qu'à mettre le héros en valeur, des apparitions surnaturelles plutôt ridicules, un hasard terriblement improbable mais présenté comme si de rien n'était ... Sans compter la fin : le héros aurait pu empêcher la conception d'un enfant incestueux, mais bon, si les parents s'aiment, qu'ils soient frère et sœur n'est pas si important (d'ailleurs ces deux là sont vraiment stupides pour ne se rendre compte de rien).
  • Le rôdeur des étoiles de Robert Bloch. J'avais déjà lu cette nouvelle sous un titre différent dans Légendes du mythe de Cthulhu. Et dans le genre lovecraftien elle est toujours aussi bonne, surtout quand on comprend que les deux personnages sont Bloch et Lovecraft eux-mêmes ...
  • Le chat-tigre de David H. Keller. Encore une histoire de maison cachant un terrible secret, sauf que le secret en question n'est pas de nature surnaturelle. Pas mauvais, mais l'improbabilité du tout gâche un peu le plaisir.
  • Psychopompos de H.P. Lovecraft. C'est la découverte d'un Lovecraft que je ne connaissais pas : un Lovecraft poète. Mon scepticisme a rapidement été balayé : non seulement c'est très bon, mais c'est aussi différent de ce à quoi nous a habitué l'auteur. La construction en vers passe étonnamment bien, la traduction me semble très correcte (enfin bon, je ne suis pas très qualifié pour en juger). C'est comme un conte, du genre qu'on raconte au coin du feu, mais un conte lovecraftien à l'horreur cosmique rampante ... De plus la fin est assez opaque, juste ce qu'il faut pour intriguer sans frustrer. Une très bonne découverte. Le texte est disponible en VO par ici.
  • On conclut avec La citadelle écarlate de Robert E. Howard. C'est la première fois que je lis les aventures du célèbre Conan. Je rappelle que la fantasy est loin d’être mon genre de prédilection, mais je me suis pourtant laissé charmé par la plume de Howard. C'est bien écrit et étonnamment varié : on passe d'un cadre resserré sur Conan à des intrigues politiques plus vastes. Conan est bizarrement attachant : c'est un vrai barbare, c'est à dire qu'il n'est pas très malin, mais plein de fureur et de force, guidé plus par ses instincts animaux que par sa raison. Son enthousiasme parfois très sanglant est communicatif.
Ce second tome des meilleurs récits de Weird Tales m'a semblé inférieur au premier. Cependant l'amateur avide ce genre de littérature aurait tort de s'en priver, c'est très instructif historiquement parlant. Et pour ma part, je suis ravi d'avoir lu une aventure de Conan et d'avoir constaté que Lovecraft peut encore me surprendre.

284 pages, J'ai lu

dimanche 20 octobre 2013

Les meilleurs récits de Amazing Stories


Les meilleurs récits de Amazing Stories

Rapide présentation extraite de la quatrième de couverture : "Amazing Stories est la plus ancienne revue de science-fiction au monde. C'est grâce à elle que la SF a pu se constituer en genre littéraire séparé dans les années 30." Hop, c'est parti pour une petite leçon d'histoire.
  • Abraham Merrit est présenté comme ayant été un modèle pour Lovecraft, et l'on comprend pourquoi avec Les êtres de l'abime (1919). Un coin perdu et mystérieux, des explorateurs, une civilisation oubliée et clairement non humaine ... Il y a de quoi s'amuser avec de tels ingrédients, et cela fonctionne plutôt bien. Un bon texte qui lorgne plus vers le fantastique que la SF.
  • Dans L'arrivée des glaces (1926) de Peyton Wertenbaker, un homme immortel profite de ses derniers instants, dans plusieurs millions d'années, pour nous raconter sa vie. On a donc droit à une petite histoire du futur très plaisante, accompagnée d'intéressantes réflexions sur l’immortalité. Pas mal du tout. 
  • La guerre du lierre (1930) de David Keller a un titre très évocateur. Un maire, un explorateur et un biologiste se rendent compte qu'une espèce de lierre un peu trop intelligente et dangereusement vivace serait à l'origine de l'abandon de villes antiques ... et pourrait faire un petit come back. Un chouette récit de lutte contre un envahisseur végétal.
  • Le dernier homme (1929) de Wallace West est une dystopie qui a un peu (beaucoup) vieillie. Le dernier homme en question n'est pas le seul survivant de l'humanité, mais bien le dernier homme : les femmes dominent le monde. Dans une société productiviste et décadente, les femmes, n'ayant plus besoin de plaire (la reproduction est prise en charge par une machine et les hommes, devenus inutiles, ont été éliminés), ont perdu leur "féminité" et sont devenues presque asexuées. Cette vision de la sexualité féminine n'ayant plus de raison d’être sans les hommes est aujourd'hui assez marrante. Sinon, le dernier homme va se trouver une femme à l'ancienne (c'est à dire sexuée et sensuelle), et ils vont partir dans la montagne fonder une nouvelle civilisation ... à deux. Mouais. Un texte sympathique à lire d'un point de vue historique, mais guère plus.
  • On continue dans la dystopie avec Les cités d'Ardathia (1932) de Francis Flagg, un texte assez inspiré de Métropolis. On y retrouve la classique division de la société entre classe laborieuse et classe dominante. Un révolution se prépare, et une jeune privilégiée va découvrir l'enfer quotidien des ouvriers. Malgré ces thèmes aujourd'hui dépassés et mille fois revus, cette nouvelle s'en sort bien, notamment grâce à sa fin qui se projette 500 ans dans le futur pour observer les conséquences des événements décrits précédemment.
  • Le sous-univers (1928) de R.F. Starzl parvient en dix pages à aligner un nombre assez incroyable d'absurdités. Un savant envoie sa fille et son assistant dans l’infiniment petit, et la nouvelle embrasse la théorie selon laquelle les atomes sont des univers propres à une autre échelle, dans lesquels le temps s'écoule à une vitesse infiniment plus rapide. Le savant a fait des expériences en envoyant et ramenant des objets, mais cela ne tient pas debout : selon les chiffres donnés à la fin de la nouvelle (30 minutes dans le sous-univers = des millions d'années dans le notre), un objet qui y resterait 5 secondes à notre échelle y passerait en fait des millénaires, et serait donc réduit en poussière ou au moins suffisamment  amoché pour éveiller quelques soupçons. Ensuite, il envoie des animaux, qui bien sur ne reviennent pas. Il suppose que les animaux sont tout simplement partis gambader de leur coté. Il n'a absolument pas l'idée d'envoyer un lapin dans une cage pour vérifier. Bien sur, quand vient le tour de sa fille et de son assistant, les choses tournent mal. En essayant de les ramener 30 minutes plus tard, il se retrouve avec sur les bras des membres d'une civilisation humaine ayant vécu des millions d'années depuis l'arrivée de ses deux membres fondateurs. Bon, alors c'est la deuxième fois déjà dans ce recueil : non, on ne fonde pas une civilisation à deux. Ensuite, que ces humains, après des millions d'années d'évolution, aient conservé la même apparence physique, c'est déjà peu probable, mais en plus qu'ils parlent anglais ... 
  • Dans La planète au double soleil (1932) de Neil R. Jones, un humain ayant passé des millions d'années en stase été récupéré par une sorte de race-machine d’explorateurs curieux, et après la greffe de son cerveau dans un corps de métal, il a rejoint leurs rangs. Les joyeux compères décident d'aller visiter une planète dans un système possédant deux soleils, et bien sur les choses vont mal tourner. Au final, on a un bon récit d'exploration faisant beaucoup penser à Pitch Black, qui charme grâce à ses personnages extraterrestres et sa fin réussie.
  • Armageddon 2419 (1928) de Philip Francis Nowlan est célèbre pour être à l'origine de Buck Rogers, héros qui a été ensuite décliné en BD et série TV. C'est la plus longue nouvelle, mais pas la plus intéressante, je n'en ai lu que 20 pages avant de laisser tomber. Dans le futur, les Mongols dominent le monde (si si) et les membres de la "race" Américaine vivent dans la forêt en attendant de prendre leur revanche. Le style très mou n'aide pas à franchir de cap de ce pitch pas vraiment tentant.
Si la dernière nouvelle, la plus longue, avait été plus intéressante, ce recueil aurait été globalement très bon. Malgré tout il s'en sort plutôt bien. C'est avec plaisir que l'on découvre les origines de la SF Américaine, et si parfois l'on peste un peu, au moins on ne peut que mieux comprendre et apprécier l'évolution du genre depuis 80 ans.

Dans le même genre (en mieux et plus orienté fantastique) sur ce petit blog : Les meilleurs récits de Weird Tales 1, Les meilleurs récits de Unknown

312 pages, Le livre de poche

samedi 30 mars 2013

Les meilleurs récits de Unknown


Les meilleurs récits de Unknown
A l'image de Weird Tales, Unknown était un magazine publiant des textes oscillants entre fantastique et science fiction. Et à l'image de Weird Tales, la qualité était au rendez-vous ! Du moins, c'est ce qui nous est affirmé dans l'introduction. Hop, je m'empresse de vérifier ça à travers ces quelques textes publiés entre 1939 et 1942.

  • On commence tout de suite dans le bizarre avec Hier, c'était lundi de Theodore Sturgeon. Un beau matin, un mécanicien  se réveille un mercredi tout en sachant pertinemment que la veille, on était lundi. Et en allant au travail, il se rend compte que des centaines de petits hommes sont occupés a vieillir à la main tout les objets de la ville : cabosser les pare chocs, déposer de la poussière, faire des accrocs dans les murs ... C'est bizarre, et tant mieux : c'est très bon, et plutôt marrant. 
  • Armageddon de Frederic Brown (que je connaissais déjà avec le sympathique Martiens, go home) ne fait que 10 pages, mais cela suffit pour raconter cette histoire d'enfant sauveur de l'humanité avec un ton très humoristique. 
  • Régime sec, de H.L. Gold, est une nouvelle que j'ai vraiment adorée. Un homme parti à la pèche pour fuir son insupportable famille s'embrouille avec un gnome marin et se retrouve affligé d'une terrible malédiction : désormais, l'eau le rejettera. Cela signifie que s'il essaie de se laver les mains, l'eau du robinet fera des détours pour l'éviter, ou encore que s'il essaie de prendre un bain, l'eau de sa baignoire inondera la salle de bain pour le fuir. Sans parler du simple fait de boire ... Le concept est très sympa, mais surtout, c'est très drôle. Le pauvre héros pas très malin se retrouve dans des situations impossibles, et j'ai bien rigolé. Un très bon texte.
  • La nouvelle suivante, Ces gens là, est de Robert Heinlein, que j'avais découvert avec Étoiles, garde à vous (alias Starship Troopers), roman qui m'avait dégouté de son auteur à cause de son idéologie militariste nauséabonde (contrairement l'adaptation cinématographique par Paul Verhoeven que ne peut m’empêcher de vivement recomander dès que j'en ai l'occasion). Cependant, cette nouvelle m'a fait nuancer mon jugement. On y suit un paranoïaque enfermé dans un asile, et au fil de ses réflexions, on en vient presque à être d'accord avec lui ... 
  • Pleine Lune, de Manly Wade Wellman, a pour personnage principal ... Edgar Allan Poe ! Alors qu'il est en quête d'inspiration, Poe va enquêter sur une étrange rumeur d'enterrement prématuré. Cette nouvelle est agréable grâce à celui qu'elle met en scène, sinon il s'agit d'une histoire de vampire un peu trop classique par rapport à ce qui précède pour vraiment convaincre. 
  • Un mec préhisto, de L. Spargue de Camp, nous propose comme son titre l'indique une rencontre avec un homme préhistorique. Ce dernier vivait il y a 50000 ans quand un éclair l'a frappé ... le rendant immortel. Et voilà qu'une anthropologue tombe sur lui par hasard. Cette nouvelle a vite triomphé de mon scepticisme, elle tout à fait maitrisée et très marrante. Cet homme de Neandertal est vraiment sympathique, et s'il a réussit à survivre jusqu'ici, peut être qu'attirer sur lui l'attention de scientifiques n'est pas un bon moyen de continuer dans cette voie ... Un très bon texte, décalé et drôle. 
  • Le psychomorphe de E.A. Grosser est le moins bon texte de l'anthologie jusqu'à maintenant. Cette histoire de créature adaptant sa forme en fonction de chaque personne n'est pas crédible, l'ensemble n'est pas vraiment convainquant. Pas nul, donc, mais largement inférieur à tout ce qui précède.
  • Heureusement, avec La cape de Robert Bloch, on retourne bien vite dans la qualité. Un homme invité à une réception costumée se retrouve dans une obscure boutique pour se procurer un déguisement. Et voilà que l'étrange propriétaire lui propose une cape de vampire, soit disant authentique ... Cette cape ne va pas le transformer en vampire, mais lui en donner le comportement et l'apparence. C'est vraiment très bien écrit, les situations sont souvent savoureuses, tout comme les dialogues. Et, encore une fois, l'humour fait mouche.
  • Dans La colline et le trou, de Fritz Lieber, une colline semble en fait être un trou ... ou est-ce l'inverse ? Quoi qu'il en soit, il y a quelque chose de louche là dessous. Un bon texte, qui ne fait pas partie des meilleurs de l'anthologie, mais un bon texte tout de même.
  • Dans Profession: demi-dieu de Nelson S. Bond, un homme raconte comment il est passé du statut de musicien à celui de dieu olympien. Encore un texte sympatique qui se laisse lire tout seul.
  • Et pour finir, La troisième porte de Henry Kuttner met en scène un homme qui compte invoquer un démon et triompher de lui par la logique et la force de son esprit. D'après les termes du pacte, ses deux vœux se réaliseront quand il passera sous deux portes de certaines couleurs. Et quand il passera la troisième porte, dont il ne connait pas la couleur ... il se fera dévorer par le démon. Il va donc essayer de triompher du démon par l'art de la manipulation pour connaitre la couleur de cette porte. Un fort bon texte pour conclure le recueil.

Cette petite anthologie qui n'a l'air de rien contient donc presque exclusivement des bons textes, et mêmes plusieurs qui sont plus que bons. C'est toujours orienté vers le bizarre et le décalé, non sans une bonne dose d'humour. Une très bonne lecture pour l'amateur du genre que je suis, donc.

285 pages, J'ai lu

lundi 7 janvier 2013

Les meilleurs récits de Weird Tales - Tome 1

jaques Sadoul présente Les meilleurs récits de Weird Tales - Tome 1

Le premier tome des Meilleurs récits de Weird Tales est un recueil contenant treize textes tirés du magazine célèbre pour avoir publié, entre autres, Lovecraft et Robert Howard. Le tout commence par une introduction se présentant comme petit cours d'histoire tout à fait intéressant, et cet aspect, qui n'est par pour me déplaire, est renforcé par le fait que l'on trouve avant chaque nouvelle un court paragraphe nous présentant l'auteur dont il est question. Du coup, on est bien dans l'ambiance de la fin des années 20 aux USA.

  • On ouvre le bal avec L'empire des nécromants de Clark Ashon Smith. Deux nécromanciens se font rejeter de la ville dans laquelle ils avaient élu domicile, leur magie n'étant guère appréciée. Ils se réfugient dans un désert voisin, et, sur les restes d'une ancienne civilisation, ils vont bâtir un empire de morts dans l'unique but de se complaire dans la luxure. Mais, ma foi, ce n'est pas parce que leurs esclaves sont des cadavres putréfiés qu'ils sont incapables de se révolter ... Un premier texte plutôt original et bien foutu. 
  • La chose dans la cave fait moins de dix pages et revient à un fantastique plus classique. Fantastique, vraiment ? Parce que le petit garçon à beau avoir une peur viscérale de la cave de sa maison, personne n'y a jamais rien vu de suspect. Un texte sympathique mais assez anecdotique.
  • J'avais déjà lu  Les chiens de Tindalos de Frank Belknap Long dans le recueil Légendes du mythe de Cthulhu. Ce texte, même s'il n'appartient pas au mythe en question, est très lovecraftien dans les thèmes abordés et dans le style, et s'en tire fort bien. 
  • Les miroirs de Tuzun Thune est de la plume de Robert E. Howard, le créateur de Conan. N'ayant jamais rien lu de Howard, et cette nouvelle mettant en scène le (musclé) roi Kull, je m'attendais à de la baston, du sang et des tripes. Et bien j'avais tort : le roi Kull, qui est dans une petite phase de déprime, va se laisser fasciner par les miroirs du mage Tuzun Thune. Un remake du mythe de Narcisse tout à fait plaisant à lire.
  • Seabury Quinn était l'auteur star de Weird Tales. Il a été, nous apprend la préface, au sommaire de plus de 200 numéros de la revue, qui en compte en tout 279. Sa nouvelle était souvent celle illustrée en couverture, alors que par exemple cela n'a jamais été le cas pour Lovecraft. On comprend avec La malédiction des Phipps pourquoi Seabury Quinn a été oublié : c'est pendant 30 pages un ramassis de clichés. On a droit à tout : le vaillant héros (le même dans la plupart des nouvelles de l'auteur), son fidèle assistant, des fusillades, des méchants, une jeune femme en détresse, un happy end où, grâce à Dieu, l'amour triomphe ... 
  • Dépêche de nuit de H.F. Arnold m'a vraiment fait penser à Fog de John Carpenter. Un journaliste, de veille en pleine nuit, va suivre à distance via des dépêches la chute de l'étrange ville de Xebico, assaillie par un brouillard un peu trop vivant. Un texte court et réussit. 
  • Le présent du rajah de E. Hoffman est un récit oriental dans le style des mille et une nuits. Le rajah est très satisfait de son plus fidèle serviteur, et lui propose pour le remercier de satisfaire son plus grand souhait. Mais le serviteur ne veut ni de la richesse ni des plus belles femmes, non, il veut défiler en ville dans le faste et la richesse, comme un prince ... Un conte très sympathique. 
  • Le huitième homme vert de G.G. Pendarves nous est présenté comme des récits les plus populaires de Weird Tales, publié en tout trois fois tellement il était aimé des lecteurs. Deux hommes, un aventurier chevronné et un ami à lui à l'esprit peu tourné vers le surnaturel tombent en pleine foret sur une étrange auberge nommée "Les sept hommes verts". Il y a devant la porte sept arbres étranges, qui ressemblent diablement à des hommes ... Ce qui me semble un peu raté dans cette nouvelle, c'est l'opposition entre les deux personnages : l'un est convaincu dès les premières lignes qu'ils vont affronter un mal terrible, tandis que l'autre est totalement aveugle au danger. Cela me semble un peu gros. Mais a part ça, il faut bien avouer que l'ensemble, malgré son classicisme, est très plaisant.
  • Dans l'Ile Inconnue de Clark Ashon Smith, un naufragé va se retrouver sur ... une ile inconnue. Sur cette ile, ni monstres ni indigènes hostiles, seulement une civilisation étrange, faite de gens ayant l'air perdu et n'accordant aucune attention à notre naufragé. Encore un bon texte.
  • On continue avec Le dieu monstrueux de Mamurth d'Edmond Hamilton. Un explorateur agonisant raconte ses déboires lors de l'exploration d'une cité perdue parmi les sables. Une cité pas tout à fait vide. Un bon récit dans le genre explorateur contre gros méchant monstre. 
  • Sous la tente d'Amundsen de John Martin Leahy est du même genre, mais cette fois en antarctique. Cette nouvelle, qui évoque plus Terreur de Dan Simmons que Les montagnes hallucinées de Lovecraft, confronte trois explorateurs à une créature qui restera mystérieuse. Un très bon texte, car même s'il se termine un peu abruptement, il parvient vraiment à faire naitre une tension et à être flippant.
  • Ensuite, on a droit à La piste très ancienne, un court (deux pages) poème de Lovecraft. Bon, sachant que la plupart de ses œuvres étaient déjà disponibles en français, il s'agissait surtout de pourvoir dire "il y a du Lovecraft dans ce recueil". Je ne prétend pas pouvoir émettre un avis sur un tel texte.
  • La dernière nouvelle, La femme du bois de Abraham Merritt, est aussi la plus longue, et peut être la plus intéressante. Elle se déroule dans un cadre bucolique, dans des montagnes paisibles, autour d'un  charmant lac. Le narrateur, qui cherche à oublier les blessures de la guerre, est depuis plusieurs semaines dans une auberge, sur la rive du lac. Il s'imagine que la foret est vivante, que les arbres sont des entités conscientes. En rapidement, l'expérience lui donnera raison, et il apprendra que dans cet environnement en apparence si tranquille se cache une guerre opposant les arbres et une famille habitant non loin. Guerre à laquelle il devra prendre parti. Et c'est vraiment sympa tout ça. L'ambiance est originale, entre féerie et conflit, et non manichéenne. Une très bonne conclusion pour le recueil.

Finalement, je dois avouer que je suis moi même surpris par la qualité des textes réunis ici. Je craignais de me retrouver face à des pulps bas de gamme et vieillots, et bien c'est plutôt le contraire. Si toutes les nouvelles ne sont pas follement originales, elles sont pour la plupart très efficaces, et certaines sont même excellentes. Et comme de nombreux auteurs sont au sommaire, l'ensemble n'est pas du tout répétitif, et offre un intéressant panorama de la littérature fantastique des Etats-Unis de la fin des années 20. Si j'y avais vécu à cette époque, j'aurai probablement été un lecteur régulier de Weird Tales ! Bref, ce premier tome des Meilleurs récits de Weird Tales a largement de quoi convaincre les amateurs du genre.

250 pages, J'ai lu

mercredi 13 juin 2012

Légendes du mythe de Cthulhu Tome 2 - Lovecraft

Légendes du mythe de Cthulhu Tome 2 - Lovecraft

Ce recueil faisant directement suite à Légendes du mythe de Cthulhu tome 1, je vais plonger tout de suite au cœur du sujet.

  • Comme pour le premier tome, la nouvelle introductive est de Lovecraft. La chose des ténèbres (1936) ne fait pas parti des textes les plus connus de l'auteur, ce qui ne l’empêche pas d’être efficace. Encore une fois, le héros est un écrivain, et il se retrouve fasciné par un clocher qu'il aperçoit au loin depuis sa fenêtre. Attiré par une force irrésistible, il s'y rendra, et libérera malencontreusement un mal qui le poursuivra ...
  • Parmi les deux nouvelles suivantes écrites par la plume de Robert Bloch, L'ombre du clocher (1951) occupe une place particulière puisqu'elle fait directement suite à La chose des ténèbres de Lovecraft. Au delà de son déroulement somme toute classique, cette histoire a pour qualité de proposer une confusion très agréable entre la réalité et le mythe lovecraftien. Lovecraft joue dans cette nouvelle son propre rôle, sa mort (réelle) est même évoquée, et ses écrits ne sont donc pas de la fiction mais l'horrible vérité à peine romancée ... Intégrer ainsi à la fois fiction et réalité qui s'entrecroisent dans une autre fiction est une technique courante mais très intéressante de ce type de récit, d'autant plus qu'on imagine sans peine le plaisir que prenaient les auteurs à brouiller les pistes. L'histoire évoque aussi une préoccupation de son époque : la menace nucléaire. Manuscrit trouvé dans une maison abandonnée (1951), dont le titre me rappelle Manuscrit trouvé dans une bouteille de Poe, est l'histoire à la première personne d'un gamin de 12 ans qui à la mort de sa grand mère se trouve contraint d'aller habiter avec son oncle et sa tante dans un coin paumé. Et sa grand mère l'avait prévenu : il rode dans ces bois des choses pas très humaines. La nuit du sabbat approche, et ces habitants des bois et des sous sols pourraient bien avoir besoin de bétail à sacrifier ... J'ai beaucoup aimé cette nouvelle, elle n'en montre ni n'en dit trop, et le point de vue adopté (celui de l'enfant) donne autant un sentiment de fraicheur que de vulnérabilité. Les rites païens perpétrés au cœur de sombres contrées dans le but d'invoquer de terribles entités, ça a toujours son charme, et Robert Bloch s'en tire ici à merveille.
  • Dans L'abomination de Salem (1937), Henry Kuttner nous propose encore un héros écrivain qui, cherchant le calme pour se consacrer à l’écriture de son prochain roman, emménage dans une maison ayant appartenu à une (méchante) sorcière. Il découvrira bientôt dans la cave une pièce secrète qui exercera sur lui une attraction particulière ... Une nouvelle sympathique, sans plus. Cependant, un détail est intéressant : si au début le héros est un auteur de romans populaire, après son aventure ses écrits ne seront plus consacrés qu'au surnaturel et a l'effroyable, a l'horrible et au morbide, à l'image donc des nouvelles que l'avide lecteur dévore dans ce recueil ... 
  • La chose dans le cimetière de J. Vernon Shea nous parle également d'une maison disposant d'un mystérieux passage secret. Mais l'élément principal est bien sur le cimetière en question, avec lequel le héros entretient une relation étrange. Un récit agréable mais pas très marquant, à noter qu'on retrouve à nouveau Lovecraft dans son propre rôle d'écrivain.
  • Avec Sueurs froides (1969) de J. Ramsey Campbell, on retrouve hélas une autre nouvelle assez anecdotique. Celle ci a pour particularité de proposer un personnage principal avec une personnalité, chose très rare chez Lovecraft et ses imitateurs, mais cela ne la sauve pas pour autant de la banalité.  En l’occurrence, le héros en question est "hypocrite" et pervers, mais on ne va pas demander à ce genre de récit de nous proposer des personnages joyeux et heureux.
  • Par la suite, Brian Lumley semble enfin apporter un peu d'originalité avec La cité sœur (1969). Cette nouvelle nous fait suivre le parcours d'un jeune homme un peu spécial qui parcourt le monde à la recherche de citées disparues. Il nage dans l'eau comme un poisson, et parle de multiples langues sans les avoir jamais étudiées. Pas très humain tout ça ... Un bon récit qui change agréablement de tout ceux qui précèdent. Le rempart de béton (1969), du même auteur, reprend une trame plus classique, celle d'un homme ayant été dans un endroit obscur du globe et ramenant avec lui une malédiction qui va le poursuivre. En l’occurrence, la menace est de nature sismique, et cela contribue à rendre la nouvelle très plaisante. 
  • Ceux des profondeurs (1969) de James Wade  continue de nous apporter une originalité bienvenue. L'action se déroule dans une station de recherche sur les dauphins, et ces charmantes créatures vont s’avérer avoir des relations privilégiées avec un certain Cthulhu ... De plus, cette nouvelle intègre un élément absolument inédit dans le récit lovecraftien : un personnage féminin important ! Et, chose incroyable, une ébauche d'histoire d'amour ! L'histoire évoque même le mouvement hippie. Un chouette récit qui vous fera regarder d'un œil différent ces innocents mammifères marins. 
  • Le retour des Lloigoirs (1969) de Collin Wilson  constitue la nouvelle la plus longue du recueil, et une bonne conclusion pour celui ci. Le personnage principal parvient à déchiffrer ce qui semble être un morceau de l’original du Necronomicon ou un autre antique livre du genre, ce qui va l’amener à s'intéresser à d'anciennes légendes, notamment évoquées par Lovecraft ou Arthur Machen dans leurs écrits. C'est cela qui est intéressant dans ce récit : les hommes s’obstinent à ne pas croire toutes ces choses terribles et surnaturelles, ainsi ces auteurs évoquent la vérité de façon romancée, seule façon pour eux de ne pas être pris pour des fous ou des mystificateurs, ce qui arrive aux héros de cette nouvelle. En refermant les pages du recueil, on croirait presque que tout ce qu'on a lu là ne relève pas de la fiction ...

Au final, si ces deux tomes de Légendes du mythe de Cthulhu contiennent quelques textes sans grand intérêt, l'ensemble est plutôt convainquant. La mythologie qui se dessine là est un régal, et un point très intéressant de ce recueil est que nombre des nouvelles intègrent Lovecraft et son œuvre, ne le présentant pas comme un simple écrivain d'imaginaire mais comme un romancier ayant eu accès à des savoirs ancestraux. Sa plume ne dévoilerait-elle ainsi non pas un "mythe", mais une obscure vérité ? Voilà une mise en abime qui augmente encore plus le charme de Lovecraft et de son univers ...

314 pages, éditions Pocket



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mardi 5 juin 2012

Légendes du mythe de Cthulhu Tome 1 - Lovecraft

Lovecraft Légendes du mythe de cthulhu

Lovecraft est un écrivain assez unique, car sa création ne se résume pas à ses nombreuses nouvelles. Si son nom est devenu un adjectif, ce n'est pas pour rien : il a crée une ambiance, un univers, dans lequel l'homme n'est qu'une ombre passagère sur la terre, qui ne doit sa survie qu'au sommeil des forces antiques qui, tapies dans l’ombre, attendent leur heure. Sachant que son œuvre a toujours une influence énorme dans certains genres de musique, de cinéma, de littérature ou de jeu vidéo, il n'est pas étonnant que de nombreux écrivains aient pris possession de son univers pour le développer et y faire naitre leurs propres histoires. Ce sont donc ces nouvelles d'auteurs admirateurs et/ou amis de Lovecraft que nous propose ce premier tome des Légendes du mythe de Cthulhu.

  • Le premier texte est l'Appel de Cthulhu (1928), un grand classique de Lovecraft, assez adapté pour découvrir l'auteur. Comme souvent, c'est un personnage qui raconte ses horribles découvertes, son passage du scepticisme à la compréhension et au traumatisme que la vérité provoque. C'est l'occasion de faire connaissance avec Cthulhu, le plus célèbre des Grands Anciens. Un texte fondateur qui fait toujours son petit effet.
  • Suivent deux nouvelles de Clark Ashon Smith. La première, Talion (1931), est le récit à la première personne d'un homme qui est engagé comme secrétaire par un vieillard amateur de magie noire. Le vieil homme semble avoir très peur de quelque chose qui se ballade dans sa maison ... La seconde nouvelle, Ubbo-Sathla (1933), raconte l'aventure d'un curieux qui se retrouve en possession d'une pierre qui a le pouvoir de faire voyager l'esprit jusqu’à l'aube des temps. Deux textes sympathiques, le premier à mon sens plus que le second.
  • La nouvelle suivante est de Robert E. Howard, créateur entre autres de Conan et de Solomon Kane. La pierre noire (1931) nous transporte dans un coin reculé d’Europe de l'est où un héros un peu trop curieux va être confronté à un étrange et effrayant culte ... Encore un texte très efficace.
  • Les deux nouvelles suivantes sont de Frank Belknap Long. Dans Les chiens de Tindalos (1929), un homme décide de s'aider d'une drogue pour explorer une nouvelle dimension qui lui apportera une connaissance surhumaine et le fera sortir du temps. Mais quelque chose l'a suivit à son retour ... Une nouvelle très intéressante, mais il me semble avoir lu une histoire de Lovecraft très semblable. Dans Les mangeuses d'espace (1928), deux amis, dont un écrivain de récits d'horreur en pleine crise stylistique, seuls dans leur maison, sont confrontés à un mal étrange. Un voisin ayant fait une atroce rencontre vient les voir, et ils seront alors servis en horreur. Ils poursuivront leur aventure dans la nuit noire, face à d'étranges créatures ... Une excellente nouvelle, dommage que la fin ne soit pas à la hauteur du développement. 
  • Ensuite, on a encore droit à un duo de nouvelles, cette fois écrites par August Derleth, qui est également l'auteur de la préface du recueil. L'habitant de l'ombre est un récit réussi : près d'un lac mystérieux, dans une forêt toute aussi mystérieuse, des rumeurs évoquent une mystérieuse (oui, encore) créature, et un savant décide d'aller habiter dans une cabane du coin pour en avoir le cœur net. Mais après quelques temps, il ne donne plus signe de vie, et deux compagnons vont enquêter sur place. Ce récit propose une mise en abime intéressante et très bien intégrée : les personnages se réfèrent aux écrits de Lovecraft pour tenter de comprendre les noirs mystères auxquels ils sont confrontés. En dehors de ça, si la nouvelle est certes très plaisante on lire, on commence à ressentir la répétition des codes du genre, qui poussent à des situations finalement assez semblables et à une surenchère dans les descriptions qui commence à se remarquer au bout de plusieurs nouvelles. Hélas, dans Au-delà du seuil (1941), cette tendance ne fait que s'accroitre, l'histoire reprenant en effet énormément d'aspects de la nouvelle précédente et s’effondrant sous un manque d'originalité flagrant.  
  • Heureusement, Le tueur stellaire, de Robert Bloch, conclut de façon admirable ce recueil. Un écrivain en quête de bizarre et d'étrange déniche un mystérieux livre, De Vermis Mysteriis, et décide pour le déchiffrer de faire appel à ... Lovecraft ! Son nom n'est pas évoqué, mais on comprend bien que c'est lui qui se cache derrière ce "rêveur mystique" de Providence. Une nouvelle courte mais très réussie.

Pour conclure, je dirai que ce premier tome de Légendes du mythe de Cthulhu passe par des hauts et des bas, mais reste une lecture très plaisante pour les amateurs de Lovecraft. Cependant, le récit lovecraftien a tendance à se nourrir de codes et d'un style très définis, ce qui crée une certaine sensation de répétitivité, c'est pourquoi je vais faire une petite pause littéraire avant d'attaquer le second tome.

253 pages, éditions Pocket

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