Le premier tome de cette anthologie s'intéressait aux années 1925 à 1932, et celui-ci nous propose des textes parus entre 1933 et 1937. L'introduction nous informe que cette période fut particulièrement riche pour la célèbre revue, vérifions donc.
- La mort d'Ilalotha de Clark Ashton Smith. On retrouve un univers assez onirique comme souvent chez Smith, et ce vieux royaume sera le théâtre d'une histoire d'amour assez ... nécrophile. La belle Ilalotha, délaissée par son amant, vient de mourir de chagrin. Mais l'on dit qu'elle était une sorcière, et qui sait si même morte elle ne tentera pas de satisfaire son désir ... Encore un bon texte de Clark Ashton Smith.
- Hors du temps de Hazel Heald. Ce texte aurait été "revu" par Lovecraft, on peut donc supposer qu'il en est en bonne partie l'auteur. Malheureusement, cela ne le sauve pas de la banalité. Une ile mystérieuse apparue au milieu de l'océan, une vielle momie particulièrement suspecte, d'antiques cultes et de sombres divinités ... Ce n'est pas forcément mauvais, mais ça sent tellement le déjà vu qu'on oublie cette nouvelle aussitôt lue.
- Le juge suprême de J. Paul Suter. Un peu d'originalité : une juge particulièrement cruel et sans pitié décide de faire exécuter un enfant, malgré les protestations de son entourage. Seule la crainte de sa propre mort et de l'enfer peut le rendre un peu plus clément ... Une nouvelle assez drôle, pas mal du tout.
- Les graines d'ailleurs de Edmond Hamilton. Un homme trouve des graines dans une météorite et décide ... de les planter. Elles donnent naissance à deux être mi plantes mi humains. Un texte très court pas vraiment marquant.
- La déesse de saphir de Nictzin Dyalhis. Un type suicidaire se retrouve dans un monde fantastique où on lui apprend qu'il est roi, et le voilà qui part sans sourciller en quête de sa princesse et de son trône accompagné par deux compagnons fanatiques. Il se conduit comme un insupportable tyran et ses aventures qui le conduiront dans des lieux aux noms aussi peu inspirés que "Monts de l'Horreur" ou "Mer des Morts" sont particulièrement inintéressantes.
- La farce de Warbug Tatavul de Seabury Quinn. La nouvelle de cet auteur présente dans le tome précédent était assez mauvaise, celle là suit le même chemin. Un héros qui sait tout faire, de l'hypnose à la chasse aux fantômes, un narrateur qui ne comprend rien et ne sert qu'à mettre le héros en valeur, des apparitions surnaturelles plutôt ridicules, un hasard terriblement improbable mais présenté comme si de rien n'était ... Sans compter la fin : le héros aurait pu empêcher la conception d'un enfant incestueux, mais bon, si les parents s'aiment, qu'ils soient frère et sœur n'est pas si important (d'ailleurs ces deux là sont vraiment stupides pour ne se rendre compte de rien).
- Le rôdeur des étoiles de Robert Bloch. J'avais déjà lu cette nouvelle sous un titre différent dans Légendes du mythe de Cthulhu. Et dans le genre lovecraftien elle est toujours aussi bonne, surtout quand on comprend que les deux personnages sont Bloch et Lovecraft eux-mêmes ...
- Le chat-tigre de David H. Keller. Encore une histoire de maison cachant un terrible secret, sauf que le secret en question n'est pas de nature surnaturelle. Pas mauvais, mais l'improbabilité du tout gâche un peu le plaisir.
- Psychopompos de H.P. Lovecraft. C'est la découverte d'un Lovecraft que je ne connaissais pas : un Lovecraft poète. Mon scepticisme a rapidement été balayé : non seulement c'est très bon, mais c'est aussi différent de ce à quoi nous a habitué l'auteur. La construction en vers passe étonnamment bien, la traduction me semble très correcte (enfin bon, je ne suis pas très qualifié pour en juger). C'est comme un conte, du genre qu'on raconte au coin du feu, mais un conte lovecraftien à l'horreur cosmique rampante ... De plus la fin est assez opaque, juste ce qu'il faut pour intriguer sans frustrer. Une très bonne découverte. Le texte est disponible en VO par ici.
- On conclut avec La citadelle écarlate de Robert E. Howard. C'est la première fois que je lis les aventures du célèbre Conan. Je rappelle que la fantasy est loin d’être mon genre de prédilection, mais je me suis pourtant laissé charmé par la plume de Howard. C'est bien écrit et étonnamment varié : on passe d'un cadre resserré sur Conan à des intrigues politiques plus vastes. Conan est bizarrement attachant : c'est un vrai barbare, c'est à dire qu'il n'est pas très malin, mais plein de fureur et de force, guidé plus par ses instincts animaux que par sa raison. Son enthousiasme parfois très sanglant est communicatif.
284 pages, J'ai lu
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