dimanche 30 avril 2023

Point de lendemain - Denon

Point de lendemain - Denon

Point de lendemain de Denon est une nouvelle publiée originellement en 1777 et remanié en 1812 : c'est cette dernière version qui est reproduite ici. Ne faisant qu'une trentaine de pages, la nouvelle est finalement minoritaire dans le volume qui porte son nom ; pour le reste, ce sont des récits de voyage, que je n'ai pas lus. 

Il s'agit d'une nuit de tromperies, où tout le monde trompe tout le monde, mais où une trompe plus que les autres. Le narrateur se fait mener par le bout du nez par une femme plus qu'habile, qui le manipule et profite de lui sans qu'au final il ne trouve rien à lui reprocher pour autant, car il est bien compensé. Le mari, l'amant, le narrateur : tous sont dans ses filets ! Le style est un peu flou, presque évasif, mais cela donne à l'ensemble une esthétique onirique et éthérée qui colle bien au thème d'une nuit de folies.

Quelle nuit délicieuse, dit-elle, nous venons de passer par l’attrait seul de ce plaisir, notre guide et notre excuse ! Si des raisons, je le suppose, nous forçaient à nous séparer demain, notre bonheur, ignoré de toute la nature, ne nous laisserait, par exemple, aucun lien à dénouer… quelques regrets, dont un souvenir agréable serait le dédommagement… Et puis, au fait, du plaisir, sans toutes les lenteurs, le tracas et la tyrannie des procédés.

mercredi 26 avril 2023

Les Égarements du cœur et de l'esprit - Crébillon

Les Égarements du cœur et de l'esprit - Crébillon

Les Égarements du cœur et de l'esprit de Crébillon, originellement paru en 1736 : roman d'amourettes de salon qui, en plus d'une superbe écriture nous régalant d'imparfait du subjonctif, parvient à maintenir l'intérêt en multipliant les pointes acérées sur la psychologie humaine et le grand bal masqué qu'est la vie sociale. Notre narrateur, jeune homme bien né mais débordant de niaiserie, passe de salon en salon et commence à découvrir les femmes ; il sera d'ailleurs fort égaré — comme le titre l'indique — entre deux membres du genre opposé. On est clairement dans un roman d’éducation, et plus particulièrement d'éducation sentimentale, avec une petite touche de vice qui n'est pas sans rappeler les Liaisons dangereuses.

J’oubliai bientôt combien peu sa conquête était flatteuse. J’étais trop jeune pour m’occuper longtemps de cette idée : à l’âge que j’avais alors, le préjugé ne tient pas contre l’occasion, et d’ailleurs, pour ce que je souhaitais d’elle, il importait assez peu que je l’estimasse.

Les deux premiers tiers se lisent ainsi avec grand plaisir, notre narrateur naviguant à vue dans un monde social qu'il ne comprend guère et faisant quelques commentaires à postériori sur sa naïveté. Les personnages discourent, médisent, manipulent, se font des vrai/fausses déclarations à n'en plus finir ; on est happé par la prose, un vrai régal, et on ricane sur quelques morceaux croustillants de satire sociale.

Être passionné sans sentiment, pleurer sans être attendri, tourmenter sans être jaloux : voilà tous les rôles que vous devez jouer, voilà ce que vous devez être.

Le dernier tiers est plus pénible, la faute à notre narrateur qui fait absolument n'importe quoi : ce n'est jamais marrant d'être forcé à suivre un personnage qui s'enfonce et s'enfonce encore de lui-même. Diable, il aurait sans doute dû évoluer un peu au lieu de devenir encore plus niais ! Le roman reste néanmoins plaisant, notamment grâce à deux passages : la leçon de vie désabusée d'un homme du monde averti — moment fort du roman sans aucun doute, duquel on voudrait citer bien des passages qui déconstruisent le grand jeu social d'une façon qui n'a rien perdue en pertinence — et l'explication finale avec l'amante malmenée. Qu'on se rassure : le roman se termine heureusement — notre narrateur est enfin déniaisé.

Je vous ai dit que vous ne pouviez point trop parler de vous. À ce précepte, j’en ajoute un que je ne crois pas moins nécessaire : c’est qu’en général vous ne pouvez assez vous emparer de la conversation. L’essentiel dans le monde n’est pas d’attendre pour parler que l’imagination fournisse des idées. Pour briller toujours, on n’a qu’à le vouloir. L’arrangement, ou plutôt l’abus des mots, tient lieu de pensées. J’ai vu beaucoup de ces gens stériles qui ne pensent, ni ne raisonnent jamais, à qui la justesse et les grâces sont interdites, mais qui parlent avec un air de capacité des choses mêmes qu’ils connaissent le moins, joignent la volubilité à l’impudence, et mentent aussi souvent qu’ils racontent, l’emporter sur des gens de beaucoup d’esprit, qui, modestes, naturels et vrais, méprisent également le mensonge et le jargon. Souvenez-vous donc que la modestie anéantit les grâces et les talents; qu’en songeant à ce que l’on a à dire, on perd le temps de parler, et que, pour persuader, il faut étourdir.

samedi 22 avril 2023

Berlin : Check-Point Charlie (SAS 29) - Gérard de Villiers

Berlin : Check Point Charlie (SAS 29) - Gérard de Villiers

Je suis parti quelques jours en vadrouille avec un peu de lecture dans mon sac, à savoir Le Mythe de Sisyphe de Camus et L'Existentialisme est-il un humanisme ? de Sartre. J'avais déjà souvent au fil des années essayé de lire les essais de Camus, celui-là et L'Homme révolté, mais à chaque fois ça... m'énervait, honnêtement, tellement la prose et le propos de Camus me sortait par les yeux. Cette fois, je m'étais dit que j'allais m'y coller avec sérieux, mais rien à faire : au bout d'une vingtaine de pages, je trouve ça toujours aussi illisible. C'est du blabla flou, vague, pénible ; même les phrases me semblent n'avoir qu'un lien sémantique ténu entre elles ; et ce que je perçois de sa philosophie me donne envie d'aller simplement relire quelques sentences de Marc Aurèle. Bref, les essais de Camus, je laisse tomber.

J'aurais pu enchaîner avec Sartre, mais j'avais plutôt envie d'autre chose. C'est alors que j'ai trouvé dans une boite à livres The Martian d'Andy Weir. J'avais vu le film de Ridley Scott — d'ailleurs, un mot sur Ridley Scott. Fantastique réalisateur (Alien, Blade Runner, Gladiator), il est aujourd'hui tout vieux (85 ans) mais, entre quelques horreurs, il parvient toujours à sortir des films très haut de gamme, à savoir The Martian, mais aussi, très récemment, deux qui sont à tort passé presque inaperçus : The Last Duel et House of Gucci. Bref, revenons au livre : je suis dans ce village médiéval et j'en lis une quinzaine de pages. C'est... OK. Lisible. Mais je m'en fous. L'écriture banale et familière ne touche aucune corde en moi et je vois à l'avance le trame se dérouler. Je repose le livre dans la boite à livres où je l'ai pris.

Un peu plus tard, nouvelle boite à livres : j'y trouve plusieurs volumes de SAS, série déjà croisée de nombreuses fois auparavant. (200 volumes et 150 millions d'exemplaire vendus, dingue, non ?) Ayant été parfois surpris par ces séries pulp à rallonge, notamment James Bond et Doc Savage, je feuillette un volume. La prose m'étonne par sa qualité. Allez, j'en empoche un, mais juste un. Berlin : Check Point Charlie publié originellement en 1973. Et je commence à le lire. Eh bien, ce n'est pas mal, pas mal du tout. Le premier chapitre pose le ton et les enjeux tout en présentant d'une façon crédible le Berlin terriblement séparé en deux à travers la perspective d'un personnage piégé qui n'aspire qu'à fuir à tout prix ce système écrasant. Par la suite, les poncifs apparaissent, essentiellement en ce qui concerne le héros beau gosse, riche, courageux, invincible et terriblement charmeur. De même pour les personnages féminins, tous très sexualisés et se jetant dans les bras virils de notre héros. Mais à part ça, le niveau est plus que respectable. Il n'y a pas de scènes d'action à rallonge, au contraire, le ton est étonnamment sobre, malgré les scènes érotiques gratuites. L'auteur développe progressivement sa trame et le terrain de jeu qu'est le Berlin de la Guerre Froide jusqu’à un final explosif, efficace et bien amené par tout ce qui a précédé.

Évidemment, c'est un peu inconvenant sur les questions de genre et d’ethnicité, mais en même temps, on ne peut pas reprocher à l'auteur de manquer, disons, d'inclusivité ! Origines ethniques et orientations sexuelles, c'est varié. De même pour l'écriture des personnages féminins, tous objectifiés et sexualisés : certaines sont clairement rabaissées, mais en même temps d'autres jouissent d'une très forte indépendance sexuelle et psychologique, sans compter la principale "héroïne" qui est flamboyante dans tous les sens du terme, fait preuve d'une résilience à toute épreuve et d'une remarquable force de caractère.

Bref, il me semblait inévitable d'évoquer ces choses-là, mais ce qui importe vraiment, c'est sans doute le talent avec lequel l'auteur développe clairement et progressivement sa trame et son contexte géopolitique. Le fait est qu'on s'y croit, à Berlin : l'horreur du mur, le désir de fuite de ceux de l'Est, le fanatisme des convaincus, la colère de ceux de l'Ouest, la violence répressive et l'inefficacité de la dictature communiste... Sous le vernis à paillettes du pulp, il y a une véritable conscience des horreurs de cette réalité géopolitique et une honnête tentative de les dépeindre sérieusement.

En somme, j'ai été impressionné. Certes, relativement impressionné : ça reste assez léger, bourré de clichés et de poncifs, et je ne doute pas qu'en lisant quelques autres tomes la recette deviendra bourrative. Néanmoins, dire que ce gars a écrit quatre de ces romans par an pendant des décennies et parvenait à un niveau aussi respectable... Je suis impressionné par son talent d'écrivain.

samedi 15 avril 2023

Logorallye : Effet de serre (en bambou)


Même principe que la première fois et un résultat d'un autre style : dix mots générés aléatoirement, et il faut écrire rapidement une nouvelle en les plaçant naturellement dans l'ordre. Stimulant ! Les fleurs ci-dessus ne sont pas les fleurs évoquées dans le texte, mais des fleurs de cerisier.

Effet de serre → Particulier → Fichier → Fluor →  Marqueur → Sirop → Macaroni → Grenier → Duel → Vin


Je me réveille soudainement à quatre heures du matin et je n’ai qu’une chose à l’esprit : l’effet de serre. Diable.

Une lumière diffuse infuse les murs blancs. À travers les trous dans les volets, rongés par des générations de pics-je-ne-sais-quel-adjectif et de xylophages increvables, je distingue la lueur de la lune. Je me lève, en faisant de mon mieux pour ne pas déranger Mel. Pourquoi l’effet de serre en particulier ? Parmi tous les sujets contemporains à propos desquels je fais continuellement des cauchemars éveillés, celui-là fait presque prosaïque, dépassé. Je ne sais pas. C’est peut-être mon subconscient qui me rappelle que j’aurais dû finir de construire la serre il y a déjà un mois, avec une dose d’éco-anxiété en prime. Je ne peux pas blairer Jung, mais il ne dit pas que des conneries sur ce sujet-là: le rêve comme mécanisme d’équilibrage mental entre choses connues et choses refoulées, conscient et inconscient, etc. OK, Jung, t’as gagné : aujourd’hui, je finis la serre.

J’enfile mes loques crottées et j’allume mon PC fatigué. Je navigue dans mes fichiers à la recherche de ce PDF pas trop mal sur, je cite, l’« éco-construction ». Ah, voilà. Serre en bambou, fabrication maison. J’étudie rapidement les plans et je prends quelques notes. Ensuite, je fais une bêtise : j’ouvre Messenger. Lucas m’a envoyé un pavé. Il me parle du… fluor ? Apparemment il y en aurait dans l’eau du robinet et dans le dentifrice, parce que le fluor aurait la propriété de rendre les gens passifs et soumis, et donc « ils » utiliseraient ça pour nous contrôler, et les élites satanistes, les aliens cannibales, etc. Il est quatre heures trente. J’envoie à Lucas un émoji ambigu et je vais me faire une infusion de thym. C’est de l’eau du puits, pas de fluor au moins, youpi. Je lis quelques nouvelles écrites par un pote en lapant tranquillement l’eau chaude. C’est pas trop mal, il a une plume et quelques idées, mais ça parle que de fin du monde, de désespoir, de suicide, ce genre de trucs. Il faudra que je lui dise de plaquer son psy et de sortir plus.

Cinq heures. Je descends à l’atelier et je prépare le matériel : scie circulaire pour couper le bambou, marqueur pour noter clairement où couper, vis et viseuse, etc. Je sors avec tout ça et, alors que je m’approche du petit chantier délaissé de la serre, j’aperçois dans les vagues premières lueurs de l’aube les fleurs du sureau qui commencent à peine à s’entrouvrir. Non, non, focus, construis cette foutue serre… allez…

Je cède. Mel voulait faire du vin de sureau et elle sera contente si je fais une partie du travail. Ma mère faisait du sirop de sureau — j’ai toujours trouvé que ça sonnait bizarre, comme une assonance ratée. Je pose mon matos et je retourne chercher un sac en papier avant de m’approcher du sureau. Je récolte les fleurs, c’est un peu collant, et je n’ai guère de remords : les fruits sont sans doute très sains — c’est ce qu’on lit dans les bouquins de permaculture — mais pour être honnête, je n’ai pas encore trouvé comment les préparer. En compote, en tarte, c’est bof bof. J’ai même essayé de les faire fermenter pour obtenir une sorte de boisson alcoolisée — pas comme le vin que veut faire Mel, où on ajoute du « vrai » vin —  mais le résultat final faisait peur à voir. Je rentre poser le sac de fleurs sur la table — le soleil est presque levé à présent — et je tombe sur les restes de macaronis d’hier soir. Paf, j’ai faim. Mon estomac — ou mon esprit, qui sait ? — fonctionne comme ça. S’il y a un truc à manger, je vais le manger. Ça peut être problématique — je suis incapable de garder des bonnes choses dans les placards — mais là, ce sera juste un petit-déjeuner. Rien de déraisonnable. Je sors — encore — chercher des blettes au jardin, je rentre — encore — les faire revenir à la poêle, j’ajoute les macaronis, je les saupoudre de fromage, et voilà, un repas de roi. Je mange en observant le lever de soleil et j’aperçois le couple de chouettes qui vit dans notre grenier. Puis j’entends au-dessus de ma tête : tap, tap, tap. Elles reviennent d’une nuit de chasse, et pour elles, il est temps de se coucher. Je leur souhaite une meilleure nuit qu’à moi.

Allez. Allez ! Cette fois, pas d’excuse, je la bâtis, cette serre, je l’érige, je la fais sortir de terre — mon portable vibre. Je pose avec appréhension ma main sur la machine qui habite dans ma poche. Un combat naît dans mon esprit, un duel entre l’addiction à la stimulation et ce qu’il me reste de fierté. Ma fierté l’emporte. J’empoigne un bambou avec rage, je fais des mesures discutables et je coupe — non, je ne coupe pas, la scie circulaire n’a plus de batterie. Mon portable vibre. Je ne réfléchis pas — mon stock de fierté est déjà épuisé — et je regarde l’écran. Mel. « Merci pour les fleurs ! Tu viens faire le vin avec moi ? » Elle ne pouvait pas juste crier depuis la fenêtre ? Ou, je ne sais pas, sortir ? Bon, soit, d’accord, OK. Je vais fabriquer cette mixture avec toi. J’arrive. Au moins la scie circulaire aura le temps de charger. Et j’entends Jung ricaner avec dédain.

mercredi 12 avril 2023

Logorallye : Attendez-moi, chauffeur, je n'en ai que pour un instant

Juste dix mots générés aléatoirement, et une petite histoire écrite très rapidement en devant les placer dans l'ordre d'une façon naturelle. Idée piquée par ici. Sans doute marrant à plusieurs, un bon jeu de société pour introvertis !


Conducteur → Crochet → Disque → Jeu → Crocs → Peau → Pyramides → Clin → Circuit → Taxi


C’est la bizarre capitale d’un pays d’Europe de l’Est dont tout le monde ou presque a oublié l’existence. Il n’y a aucune raison d’avoir peur d’arpenter les rues — les locaux sont plus que las de la violence — mais depuis six mois, je marche moins, je l’avoue. Depuis que je suis riche, donc.

Le conducteur baragouine quelques mots en anglais et fait un signe de tête vers l’extérieur. De l’autre côté de la fenêtre, devant l’entrée flamboyante de l’hôtel le plus cher de cet ex-bastion soviétique, la femme qui vit à mes crochets. Ma plus grosse erreur de nouveau-riche : avoir cru naïvement que, pour une raison ou une autre, j’étais tout d’un coup devenu séduisant. Je lâche involontairement un soupir — je crois qu’elle m’a vu. Je dis au chauffeur de m’attendre en lui tendant quelques feuillets de papier — il ouvre grand les yeux — et je sors du taxi. Mon regard est immédiatement attiré par le disque parfait de la lune qui s’élève encore au-dessus d’immeubles en toc dont la construction ne sera jamais terminée. C’est le moment parfait. Je distingue les cratères qui ponctuent l’astre ami. Une voix doucereuse me sort de ma contemplation ; alors, avec un sourire de façade, je replonge dans le jeu hypocrite.

À l’accueil, impatient, je récupère le colis. Ça gigote, là-dedans. Une fois dans la chambre, je repousse poliment les avances de ma fiancée et je vais m’enfermer dans la salle de bain. J’ouvre la boîte. Le serpent est figé dans ce qui ressemble à une position d’intimidation et ses crocs blancs contrastent avec le noir obsidien de sa peau écaillée. J’avance ma main, prudemment, lentement — et il me mord. À cet instant, j’entraperçois les pyramides de béton gris, construites, m’a-t-on juré, par le vieux tyran dans l’espoir fou d’esquiver la mort. Et là, soudain, en l’espace d’un clin d’œil, je sais : je sais où les pyramides sont cachées, je sais comment m’y rendre, je sais quelles offrandes emmener avec moi. Le venin du serpent, c’est la connaissance.

J’encaisse la douleur foudroyante et je fixe la créature, fasciné. Elle garde ses crocs fermement plantés en moi — quelques gouttes de sang vermillon émergent — et je l’observe s’enrouler sensuellement autour de mon bras et se glisser sous la manche de ma veste. Je me relève et je sors en trombe. Je dois avoir l’air possédé — je le suis sans doute — vu le regard qu’elle me jette. Eh bien soit ! Ce sera le dernier regard qu’elle posera sur moi, car enfin je m’apprête à quitter sans retour le circuit balisé, trop balisé. Tant pis pour l’ascenseur, je dévale les escaliers à toute allure avant de m’engouffrer dans le taxi, toujours garé là où je l’ai laissé. Je ne donne pas d’adresse au chauffeur, juste le nom de la montagne. Il me regarde un instant d’un air étonné, puis hausse les épaules et s’engage dans la circulation. Je ferme les yeux et concentre mon attention aiguisée sur la présence réconfortante lovée autour de mon bras.