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mardi 24 mars 2020
The haunting of Hill House - Shirley Jackson
Je croyais que The haunting of Hill House (1959) de Shirley Jackson était censé être un classique de la littérature d'horreur, mais non : c'est en fait une mauvaise romance lesbienne.
Le docteur Montague, qui doit clairement son nom à Montague Rhodes James, organise un petit voyage d'étude à Hill House, qui a la réputation d'être hantée, avec quelques inconnus invités pour l'occasion. Eleanor, protagoniste principal, est parfaitement insupportable : elle est mal dans sa peau et passe son temps à s’apitoyer sur elle même. Ah, elle s'occupe aussi à flirter avec l'autre jeune femme qui est du voyage. Les invités tournent en rond dans la maison, ils papotent longuement, vainement, et de temps en temps un fantôme vient montrer le bout de son nez. Finalement, on ne saura absolument rien sur la "hantise", il n'y a pas la moindre conclusion satisfaisante, si ce n'est qu'Eleanor est mal dans sa peau et s'apitoie sur elle même, et elle est mal dans sa peau, et elle veut être aimée, et elle est chiante, etc.
J'ai dû me forcer pour terminer ce classique, qui n'est pourtant pas très long. Il est clair que M.R. James parvient à faire mieux en vingt fois plus court dans la plupart de ses nouvelles de fantômes. D'ailleurs, quelques années après The haunting of Hill House, Shirley Jackson explorera les mêmes thèmes, c'est-à-dire le mal-être social de jeunes femmes pas très sociables, avec bien plus de succès dans We have always lived in the castle.
samedi 21 mars 2020
We have always lived in the castle - Shirley Jackson
Il existe en littérature, et dans toute forme de narration certainement, ce que j'appelle le syndrome Jane Eyre, ou, pour être plus moderne, le syndrome Harry Potter. C'est très simple : façonner un protagoniste central jeune et relativement aimable qui fait face à un monde hostile où la plupart des gens sont gratuitement méchants envers lui. Le protagoniste subit ces injustices tout en étant, finalement, le héros, l'élu. Pour le lecteur, il est en conséquence très facile de s'identifier : qui n'est pas, au fond, persuadé d'être quelqu'un d'unique dans un monde injuste et méchant ?
We have always lived in the castle (1962) de Shirley Jackson est un peu l'incarnation de cette méthode narrative poussée à l’extrême. La narratrice, jeune fille à la personnalité de bête sauvage, vit seule avec sa grande sœur et son oncle handicapé vaguement sénile dans une grande maison à la campagne. Six ans plus tôt, un drame est arrivé : tout le reste de la famille a été empoisonné au cours d'un repas. Qui les a empoisonnés, et pourquoi ? On aura la réponse à cette première question, mais pas à la seconde : cette retenue est un excellent choix, le lecteur est invité à s'interroger.
Bref, depuis le drame, tous les gens du village voisin détestent ce qu'il reste de la famille de la narratrice, notamment sa grande sœur, qui est la tueuse supposée. Alors, pour faire face à ce monde social plus qu'hostile, les deux jeunes femmes se barricadent pendant des années dans la maison. Elles se façonnent une vie à moitié rêvée, réglée par des habitudes et des rituels. Elles se complaisent dans la solitude et ont peur, terriblement peur du monde. Le drame et l'isolement qui a suivi n'ont pas été sans conséquence sur leurs personnalités : la narratrice est plus sauvage et farouche que son chat, elle exprime sa haine en rêvant sans cesse la mort d'autrui et elle vit presque dans un conte de fées personnel ; la grande sœur est plus tranquille, posée, elle n'ose pas sortir et se façonne une carapace de figure maternelle ; quant à l'oncle, sa folie est douce, il incarne le diseur de vérité, le bouffon cynique qui n'a plus à porter de masque social. Ces personnages sont la grande force du roman de Shirley Jackson : ils sont exubérants et inhabituels, drôles et dramatiques.
Ainsi il n'y aura pas de fin joyeuse dans laquelle les jeunes femmes trouveraient finalement leur juste place dans la société. Au contraire, face à un monde social toujours plus violent, violent jusqu'à l'absurde, elles se barricadent encore et encore, presque jusqu'à devenir elles-mêmes des personnages de conte de fées.
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