- On ouvre le bal avec L'empire des nécromants de Clark Ashon Smith. Deux nécromanciens se font rejeter de la ville dans laquelle ils avaient élu domicile, leur magie n'étant guère appréciée. Ils se réfugient dans un désert voisin, et, sur les restes d'une ancienne civilisation, ils vont bâtir un empire de morts dans l'unique but de se complaire dans la luxure. Mais, ma foi, ce n'est pas parce que leurs esclaves sont des cadavres putréfiés qu'ils sont incapables de se révolter ... Un premier texte plutôt original et bien foutu.
- La chose dans la cave fait moins de dix pages et revient à un fantastique plus classique. Fantastique, vraiment ? Parce que le petit garçon à beau avoir une peur viscérale de la cave de sa maison, personne n'y a jamais rien vu de suspect. Un texte sympathique mais assez anecdotique.
- J'avais déjà lu Les chiens de Tindalos de Frank Belknap Long dans le recueil Légendes du mythe de Cthulhu. Ce texte, même s'il n'appartient pas au mythe en question, est très lovecraftien dans les thèmes abordés et dans le style, et s'en tire fort bien.
- Les miroirs de Tuzun Thune est de la plume de Robert E. Howard, le créateur de Conan. N'ayant jamais rien lu de Howard, et cette nouvelle mettant en scène le (musclé) roi Kull, je m'attendais à de la baston, du sang et des tripes. Et bien j'avais tort : le roi Kull, qui est dans une petite phase de déprime, va se laisser fasciner par les miroirs du mage Tuzun Thune. Un remake du mythe de Narcisse tout à fait plaisant à lire.
- Seabury Quinn était l'auteur star de Weird Tales. Il a été, nous apprend la préface, au sommaire de plus de 200 numéros de la revue, qui en compte en tout 279. Sa nouvelle était souvent celle illustrée en couverture, alors que par exemple cela n'a jamais été le cas pour Lovecraft. On comprend avec La malédiction des Phipps pourquoi Seabury Quinn a été oublié : c'est pendant 30 pages un ramassis de clichés. On a droit à tout : le vaillant héros (le même dans la plupart des nouvelles de l'auteur), son fidèle assistant, des fusillades, des méchants, une jeune femme en détresse, un happy end où, grâce à Dieu, l'amour triomphe ...
- Dépêche de nuit de H.F. Arnold m'a vraiment fait penser à Fog de John Carpenter. Un journaliste, de veille en pleine nuit, va suivre à distance via des dépêches la chute de l'étrange ville de Xebico, assaillie par un brouillard un peu trop vivant. Un texte court et réussit.
- Le présent du rajah de E. Hoffman est un récit oriental dans le style des mille et une nuits. Le rajah est très satisfait de son plus fidèle serviteur, et lui propose pour le remercier de satisfaire son plus grand souhait. Mais le serviteur ne veut ni de la richesse ni des plus belles femmes, non, il veut défiler en ville dans le faste et la richesse, comme un prince ... Un conte très sympathique.
- Le huitième homme vert de G.G. Pendarves nous est présenté comme des récits les plus populaires de Weird Tales, publié en tout trois fois tellement il était aimé des lecteurs. Deux hommes, un aventurier chevronné et un ami à lui à l'esprit peu tourné vers le surnaturel tombent en pleine foret sur une étrange auberge nommée "Les sept hommes verts". Il y a devant la porte sept arbres étranges, qui ressemblent diablement à des hommes ... Ce qui me semble un peu raté dans cette nouvelle, c'est l'opposition entre les deux personnages : l'un est convaincu dès les premières lignes qu'ils vont affronter un mal terrible, tandis que l'autre est totalement aveugle au danger. Cela me semble un peu gros. Mais a part ça, il faut bien avouer que l'ensemble, malgré son classicisme, est très plaisant.
- Dans l'Ile Inconnue de Clark Ashon Smith, un naufragé va se retrouver sur ... une ile inconnue. Sur cette ile, ni monstres ni indigènes hostiles, seulement une civilisation étrange, faite de gens ayant l'air perdu et n'accordant aucune attention à notre naufragé. Encore un bon texte.
- On continue avec Le dieu monstrueux de Mamurth d'Edmond Hamilton. Un explorateur agonisant raconte ses déboires lors de l'exploration d'une cité perdue parmi les sables. Une cité pas tout à fait vide. Un bon récit dans le genre explorateur contre gros méchant monstre.
- Sous la tente d'Amundsen de John Martin Leahy est du même genre, mais cette fois en antarctique. Cette nouvelle, qui évoque plus Terreur de Dan Simmons que Les montagnes hallucinées de Lovecraft, confronte trois explorateurs à une créature qui restera mystérieuse. Un très bon texte, car même s'il se termine un peu abruptement, il parvient vraiment à faire naitre une tension et à être flippant.
- Ensuite, on a droit à La piste très ancienne, un court (deux pages) poème de Lovecraft. Bon, sachant que la plupart de ses œuvres étaient déjà disponibles en français, il s'agissait surtout de pourvoir dire "il y a du Lovecraft dans ce recueil". Je ne prétend pas pouvoir émettre un avis sur un tel texte.
- La dernière nouvelle, La femme du bois de Abraham Merritt, est aussi la plus longue, et peut être la plus intéressante. Elle se déroule dans un cadre bucolique, dans des montagnes paisibles, autour d'un charmant lac. Le narrateur, qui cherche à oublier les blessures de la guerre, est depuis plusieurs semaines dans une auberge, sur la rive du lac. Il s'imagine que la foret est vivante, que les arbres sont des entités conscientes. En rapidement, l'expérience lui donnera raison, et il apprendra que dans cet environnement en apparence si tranquille se cache une guerre opposant les arbres et une famille habitant non loin. Guerre à laquelle il devra prendre parti. Et c'est vraiment sympa tout ça. L'ambiance est originale, entre féerie et conflit, et non manichéenne. Une très bonne conclusion pour le recueil.
Finalement, je dois avouer que je suis moi même surpris par la qualité des textes réunis ici. Je craignais de me retrouver face à des pulps bas de gamme et vieillots, et bien c'est plutôt le contraire. Si toutes les nouvelles ne sont pas follement originales, elles sont pour la plupart très efficaces, et certaines sont même excellentes. Et comme de nombreux auteurs sont au sommaire, l'ensemble n'est pas du tout répétitif, et offre un intéressant panorama de la littérature fantastique des Etats-Unis de la fin des années 20. Si j'y avais vécu à cette époque, j'aurai probablement été un lecteur régulier de Weird Tales ! Bref, ce premier tome des Meilleurs récits de Weird Tales a largement de quoi convaincre les amateurs du genre.
250 pages, J'ai lu
Je suis en train de finir ce recueil, vraiment très bon.
RépondreSupprimerTotalement. Il y a juste la nouvelle de Seabury Quinn qui est un peu en trop.
RépondreSupprimerJ'ai lu ce livre il y'a quelques années et le simple fait de repenser à certaines nouvelles telles que "la chose dans la cave" ou "sous la tente d'Amundsen" me fait encore frissonner aujourd'hui. Je suis d'accord c'est un bon bouquin.
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