lundi 28 janvier 2013

Bifrost 69 : Culture rock et science-fiction

Bifrost 69 : Culture rock et science-fiction

Tiens, voilà un numéro de Bifrost au thème très attirant. Culture rock et science-fiction ? Voyons ce que ça donne, dans l'ordre.

La première nouvelle, Cabinessence ou la vie de Brian de Jacques Barbéri nous parle de Brian Wilson, compositeur et membre des Beach Boys. Bon, j'avoue n’être pas du tout familier de ce groupe, mais heureusement cela n’empêche pas de profiter du récit, qui prend la forme d'un trip sous acide faisant voyager Brian dans le temps. L'écriture retranscrit parfaitement ce voyage halluciné, et c'est bien ce qui rend cette courte nouvelle plaisante à lire.
Winnie l'ourson ne se pique pas de Stéphanie Benson a aussi pour personnage principal une autre star du rock : Brian Jones, des Rolling Stones. Celui-ci, rejeté par son groupe, erre dans sa grande maison, qui appartenait auparavant au créateur de Winnie l'ourson. Sur fond d'alcool et de drogues, Winnie et ses amis vont venir parler un peu avec lui. J'ai eu un peu de mal à accrocher au trip Winnie l'ourson, et le rythme est bien moins soutenu que dans la nouvelle précédente.
Le manteau noir de Daniel Walther continue sur la même ligne, puisque cette fois, c'est Bob Dylan que l'on va suivre pendant un petit moment. Changement d'ambiance, puisqu’on se retrouve dans "un bled pourri de 23000 âmes" en plein dans les sables de l'Arizona. Dylan, incognito, rend visite à une amante et va vivre quelques étranges moments en compagnie de Navarros, le tout en étant pisté par un homme en manteau noir. Bref, l'ambiance est agréable et ça se lit avec plaisir, même si l'intrigue m'a laissé sur ma faim.
Ces nouvelles sont donc globalement plaisantes, mais il me semble que leur point commun, le fait de mettre en scène de véritables stars, leur est nuisible. Ainsi, le fan absolu appréciera certainement, mais pour les autres, cet aspect fan-fiction limite véritablement leur portée.
Arrive ensuite Live at Budokan d'Alastair Reynolds. Et là, l'auteur de L'espace de la révélation et de Diamonds Dogs, Turquoise Days nous offre un très bon texte. Dans un futur proche, l'industrie de la musique rock doit trouver de nouveaux moyen de se renouveler. Déterrer les cadavres de stars décédées pour faire un groupe de zombies ? Faire des robots ressemblant aux membres de Metallica encore jeunes, à leur apogée ? Décidément, ça ne suffit pas. Il faut un truc encore plus énorme ... C'est complétement décalé, assez surprenant, et met en scène un monde de la musique où le pognon domine tout. Quoi que, il y a peut être encore un espoir ... En gros, un très bon texte, parfaitement adapté au thème de ce Bifrost.

Après les habituelles critiques des dernières sorties, et une nouvelle interview d'un libraire (décidément, j'aime bien cette rubrique) on passe au dossier. Eric Holstein ouvre le bal avec un article assez généraliste présentant avec une perspective historique un certain nombres de bouquins de SF entretenant une relation étroite avec le rock, et l'évolution de cette relation. Une bonne intro. On enchaine sur un guide de lecture de la littérature mêlant SF et rock. Cela recoupe peut être un peu trop l'article précédent, mais rien de grave, et une telle sélection semblait aller de soi dans ce numéro. L'article suivant n'est pas inédit, mais il est de Norman Spinrad, duquel je ne peux que recommander les très bons Jack Barron et l'éternité, Les années fléaux, Oussama et le très spécial Rêve de fer. Spinrad donne son avis sur le sujet et en profite pour raconter un peu sa vie, et on ne va s'en plaindre. Intitulé "La SF est-elle soluble dans le rock ?", l'article de Jean-Marc Ligny est peut-être celui que j'ai le plus apprécié. Cette fois, on parle clairement de musique, des dizaines d'albums à l’appui. L'auteur utilise un ton très personnel qui m'a plu, d'autant plus que j'y ai retrouvé une partie de mes propres gouts. Philippe Thieyre poursuit en s'intéressant au rock psychédélique, et c'est toujours intéressant, même si on sent à l'écriture, en comparaison de ce qui précède, que l'auteur est plus un expert du genre qu'un écrivain. Enfin, c'est loin d’être un défaut. Suit un article de Richard Comballot s'intéressant aux ouvrages spécialisés, pour ceux qui voudraient aller plus loin. Et le dossier s'achève sur une sélection de 100 albums rock et SF, pour ceux qui n'en aurait pas eu assez dans les pages précédentes. Et je tiens à signaler la rubrique ScientiFiction, qui se penche cette fois sur Prometheus de Ridley Scott, et s'applique à en démonter l'aspect scientifique. De quoi rendre encore plus vains les efforts que j'ai pu faire pour apprécier le film.

Ce numéro de Bifrost se tire fort bien d'un sujet plutôt ambitieux, malgré une sélection de nouvelles en demi-teinte. Il ne s'adresse probablement qu'à un public très ciblé, mais ce même public a de fortes chances d'en ressortir désespéré face à tout ces bons groupes qui lui faut encore découvrir, et/ou tout ces bouquins qu'il lui faut lire. J'aurai aimé plus d'élargissements vers le metal et la musique électronique, genres qui entretiennent également des liens étroits avec la SF, mais bon, c'est totalement subjectif (et il n'y a déjà suffisamment de quoi dire uniquement sur le rock). Peut être dans de prochains numéros de Bifrost !

191 pages, Le Belial'

2 commentaires:

  1. Quand tu dis "attirant", j'espère que tu ne parles pas de l'illustration ?!

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  2. Non, bel et bien du thème. Quand à l'illustration ... au moins elle est dans le thème.

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