Dans une ville
de province, un jeune officier se met soudain à fréquenter le château d'une
famille riche. Là, il fait connaissance d’Edith, une jeune femme
de 17 ans. Mais Edith a les jambes paralysées, et le narrateur l'ignore :
il commet une gaffe en l'invitant à danser et la plonge en larmes.
Suite à cette gaffe, il se prend de pitié pour Edith, et elle se
prendra d'amour pour lui, amour sans espoir.
Ce qui
impressionne, c'est à quel point Zweig parvient à imprégner tout
son roman du thème qui lui donne son titre. La pitié du narrateur
et ses conséquences désastreuses est la plus évidente, certes.
Mais la majorité des personnages se comportent de la même façon, à
des échelles variées. Il laissent leur pitié influer de façon
considérable leur existence, le plus souvent en encourageant les
illusions d'autrui. Et plus dure sera la chute. La fluidité et
l'intelligence de l'écriture de Zweig ne sont plus une surprise,
mais l'évocation de l'ennuyeuse vie de caserne du narrateur est
particulièrement marquante, d'autant plus que c'est cette vie qui explique sa
fascination pour le cadre raffiné, aisé et féminin qu'il trouve
chez Edith et son père. Pourtant, Zweig est plus habitué des
histoires coutres, et on a parfois l'impression que dans La pitié
dangereuse les choses s'étirent un peu trop. On se surprend à
se lasser des faiblesses du narrateur, du chantage au suicide
de cette peste d'Edith, et de voir venir de très, très loin,
l’inévitable fin dramatique. Rien cependant qui puisse empêcher
de s'embarquer avec Zweig dans cette brillante analyse du sentiment qu'est la pitié. Et les dernières pages offrent un changement
de ton rafraîchissant, quand le narrateur, après avoir connu la Grande Guerre et ses
horreurs, se retrouve porteur d'une nouvelle et triste maturité.
348 pages, 1939, Grasset
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