lundi 4 septembre 2017
Frontière barbare - Serge Brussolo
Un roman d'un auteur prolifique, et j'ai l’impression que cette habitude d'une production littéraire très quantitative se ressent dans son écriture. C'est à dire que tout s'enchaine à grande vitesse, les idées se succèdent les unes après les autres à un rythme effréné sans que l'auteur ne prenne le temps de s'attarder sur la structure générale. David Sarella est exovétérinaire : il s'occupe de pacifier les diverses races aliens qui aiment passer leur temps à s'entretuer. La scène d'introduction se charge de contextualiser cette étrange activité en prenant pour cadre un champ de bataille où les belligérants emploient des créatures vivantes comme armes (voir la couverture). David est ensuite expédié sur une lointaine planète où le même type de problème se répète : des civilisations entières s'y entretuent par tradition. On a rapidement l'impression que l'histoire et sa toile de fond manquent de fondations solides, mais le plaisir de lecture est bien réel, tant Brussolo jongle habillement avec tout un tas d'idées amusantes, intrigantes et souvent intelligentes.
La femme de David, suite à des expériences effectuées sur ses parents, possède des gênes d'origine alien, d'où ses pulsions morbides et son goût du sang. Et encore une fois, très bonne idée de l'auteur : à cause des phéromones exotiques qu'elle émet, cette femme est une drogue, au sens propre du terme. Du coup, quand elle meurt, David est en manque. Il se lance donc dans une aventure abracadabrante à l'autre bout de la galaxie (ou presque) pour la cloner grâce à une étrange divinité. A moins que cette prétendue déesse ne soit qu'un artéfact abandonné par une antique civilisation. Ou encore tout autre chose... Ce clonage n'est pas anodin, car David ne peut recréer sa femme que telle qu'elle subsiste dans son esprit : idéalisée, partiellement transformée et à moitié oubliée.
Je suis un peu gêné en écrivant à propos de Frontière barbare tant le roman de Brussolo me laisse une impression mitigée. D'un coté, c'est clairement de la SF intelligente, qui déborde d'idées fines comme extravagantes et qui se lit avec une aisance remarquable. Mais en même temps on ressent un clair manque de cadre, de principe directeur. L'auteur semble suivre le fil de son imagination débordante en se souvenant occasionnellement qu'il convient de lier un minimum le tout. Je me demande ce que Frontière barbare aurait pu donner avec une armature plus solide, plus carrée.
430 pages, 2013, Folio SF
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