vendredi 22 septembre 2017
Syzygy (Le crépuscule des mondes 2) - Michael G. Coney
Il est frappant de constater à quel point Syzygy (1973) est quasiment le même roman que Rax (1975). Voyons les points communs. Dans une petite ville côtière, sur une distante planète colonisée par les humains, la vie suit tranquillement son cours. Mais cette banalité est rapidement perturbée par un événement mystérieux spécifique à cette planète, un événement d'échelle considérable qui fait comprendre aux humains qu'ils ne connaissent pas grand chose de leur environnement. Et qu'ils sont bien fragiles. Puis le ton devient progressivement plus sombre, la société se disloque et les hommes se retournent les uns contre les autres.
Dans Syzygy, l’événement est question, c'est la grande marée liée à la conjonction des 6 lunes de la planète, marée arrivant tout les 50 ans environ. La dernière fois, les villages côtiers ont été le théâtre de violences inexplicables. Cette fois, les villages sont devenues des villes, et des psychologues sont sur place pour enquêter. Les océans de la planète recèlent bien des secrets, et le plancton, pendant les grandes marrées, se retrouve doté de quelques propriétés intéressantes. Petit à petit, les humains se retrouvent à percevoir les pensées d’autrui, à ressentir leurs émotions, à mêler leurs esprits l'un à l'autre. Et, bien entendu, la plupart des gens ne sont pas assez futés pour gérer la situation. Un petit groupe de personnalités plus tranchées se retrouve à essayer de s'en sortir dans un village qui perd la tête, chacun se laissant emporter par les torrents de haine et de pulsions diverses. L'action télépathique du plancton n'est qu'un prétexte : ce qui est le sujet, c'est l'instinct grégaire de l'humanité, la tendance à suivre aveuglément les mouvements de groupe, à chercher des bouc-émissaires plutôt que d'agir rationnellement. Ceci aussi bien à l'échelle d'un village, qui se livre à une chasse aux sorcière, que d'un gouvernement, qui choisit à des fins électorales de régler de problème par la force brute, en intoxiquant les océans plutôt qu'en évacuant. Le thème est classique, mais habilement mis en scène. Et, comme dans Rax, la solution vient d'une nature qui est naturellement équilibrée. Le problème vient de l'homme, qui croit pouvoir s'exclure de cet équilibre.
Ce n'est pas parfait pour autant. L'intrigue intimiste, du narrateur ayant perdu sa fiancé et flirtant avec la sœur de celle-ci, n'est guère transcendante. Et heureusement que les femmes sont là pour faire le ménage, car « Tu sais ce que devient une maison quand un homme vit seul. » Mouais. Si je me permet de mentionner ce détail, c'est qu'il revient revient quand même plusieurs fois, ce qui est en soi un exploit. Et si Rax m'avaient gentiment ennuyé au début et se rattrapait avec une fin excellente, là, c'est beaucoup plus stable : plutôt pas mal du début à la fin. La SF est une littérature qui voit loin et large, et il est plaisant de tomber sur ce genre de variante à petite échelle : on se sort jamais d'un village d'environ 500 habitants. De la SF qui voit loin en restant d'une sobriété peu fréquente.
1973, Bragelonne
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