James Bond, quatrième volume. Après un Casino Royale excellent, un Live and Let Die nettement plus médiocre et un Moonraker étonnamment plaisant, Diamonds Are Forever (1956) installe un certain rythme de croisière dans la série. Cette fois, Bond va en Amérique, de New York à Vegas, et se frotte à une mafia dans le but de mettre fin à un colossal trafic de diamants. L’introduction, très efficace, qui prend place en Afrique, présente avec clarté quelques tenants et aboutissants de ce trafic. La conclusion viendra y faire directement écho, ce qui donne à l’ensemble une certaine rigueur narrative, rigueur légère, certes, mais qui est bien là.
Encore une fois, la trame de cette littérature pulp n’hésite pas à enchaîner les ficelles : Felix, l’ami Américain de Bond, est toujours là quand il faut, Bond se fait comme d’habitude torturer avant de s’échapper, sa mission se déroule franchement trop facilement, la jolie fille tombe sous son charme… Classique. Il faut le réel talent narratif de Fleming pour rendre tout ça intéressant. Les personnages sont des clichés, mais des clichés habilement mis en scène. Par exemple, Felix est essentiellement un facilitateur pour faire avancer de façon fluide la mission de Bond, mais il partage aussi une véritable amitié avec Bond, et les deux hommes n’hésitent pas à mettre de côté leurs propres priorités pour s’entraider. Simple, mais bien foutu. De même pour l’antagoniste : cette fois, pas vraiment de « grand méchant », la présence de la mafia est plus diffuse. Bien sûr, le premier rôle de cette mafia est d’être l’objectif et obstacle de Bond, mais sous la plume de Fleming, c’est aussi une véritable peinture des vices de la société américaine et des dessous du monde du jeu d’argent.
Même chose pour Tiffany Case, l’inévitable premier rôle féminin, jeune et aux formes avantageuses. Son job narratif, c’est d’être la princesse en détresse et l’intérêt amoureux de Bond, évidemment. Mais elle est aussi un véritable personnage, plutôt bien taillé. Elle a un triste passé et, pour l’amener dans son lit, Bond va devoir faire preuve d’un peu de subtilité. D’ailleurs, encore une fois, Bond ne songe pas qu’à mettre la fille dans son lit : sous sa surface viriliste, il est sincèrement sensible et émotionnel, il a envie d’une relation stable, il a envie d’avoir des enfants, mais il sait que ton travail est un obstacle… Alors, dans cette longue scène à bord du Queen Mary, quand il flirte avec Tiffany, certes, je m’en rends bien compte, c’est de la romance pour homme… Mais de la romance plutôt bien foutue. Si Bond dit à Tiffany que les qualités qu’il recherche chez une femme sont le talent en amour et en cuisine, libre au lecteur de choisir à quel point il est sérieux ou ironique, après tout, dans le jeu de séduction, les deux futurs amants se jettent autant de piques que de caresses verbales (mais je suis probablement trop optimiste...). Tiffany n’est pas en reste sur le plan des piques, Bond fait preuve envers elle d’une réelle bienveillance, et leur relation, sous l’épaisse couche de caviar et de champagne, parvient à être touchante.
Bref, Diamonds Are Forever n’est peut-être pas le meilleur roman James Bond, mais je suis impressionné par la capacité de Fleming à maintenir une vraie solidité. Jusque-là, seul Live and Let Die s’est avéré vraiment dispensable. Il y a dans l’écriture de Fleming une remarquable conjugaison entre efficacité narrative primale et profondeur juste suffisante pour que le lecteur un peu exigeant n’aie pas tout à fait l’impression de perdre son temps.
Encore une fois, la trame de cette littérature pulp n’hésite pas à enchaîner les ficelles : Felix, l’ami Américain de Bond, est toujours là quand il faut, Bond se fait comme d’habitude torturer avant de s’échapper, sa mission se déroule franchement trop facilement, la jolie fille tombe sous son charme… Classique. Il faut le réel talent narratif de Fleming pour rendre tout ça intéressant. Les personnages sont des clichés, mais des clichés habilement mis en scène. Par exemple, Felix est essentiellement un facilitateur pour faire avancer de façon fluide la mission de Bond, mais il partage aussi une véritable amitié avec Bond, et les deux hommes n’hésitent pas à mettre de côté leurs propres priorités pour s’entraider. Simple, mais bien foutu. De même pour l’antagoniste : cette fois, pas vraiment de « grand méchant », la présence de la mafia est plus diffuse. Bien sûr, le premier rôle de cette mafia est d’être l’objectif et obstacle de Bond, mais sous la plume de Fleming, c’est aussi une véritable peinture des vices de la société américaine et des dessous du monde du jeu d’argent.
Même chose pour Tiffany Case, l’inévitable premier rôle féminin, jeune et aux formes avantageuses. Son job narratif, c’est d’être la princesse en détresse et l’intérêt amoureux de Bond, évidemment. Mais elle est aussi un véritable personnage, plutôt bien taillé. Elle a un triste passé et, pour l’amener dans son lit, Bond va devoir faire preuve d’un peu de subtilité. D’ailleurs, encore une fois, Bond ne songe pas qu’à mettre la fille dans son lit : sous sa surface viriliste, il est sincèrement sensible et émotionnel, il a envie d’une relation stable, il a envie d’avoir des enfants, mais il sait que ton travail est un obstacle… Alors, dans cette longue scène à bord du Queen Mary, quand il flirte avec Tiffany, certes, je m’en rends bien compte, c’est de la romance pour homme… Mais de la romance plutôt bien foutue. Si Bond dit à Tiffany que les qualités qu’il recherche chez une femme sont le talent en amour et en cuisine, libre au lecteur de choisir à quel point il est sérieux ou ironique, après tout, dans le jeu de séduction, les deux futurs amants se jettent autant de piques que de caresses verbales (mais je suis probablement trop optimiste...). Tiffany n’est pas en reste sur le plan des piques, Bond fait preuve envers elle d’une réelle bienveillance, et leur relation, sous l’épaisse couche de caviar et de champagne, parvient à être touchante.
Bref, Diamonds Are Forever n’est peut-être pas le meilleur roman James Bond, mais je suis impressionné par la capacité de Fleming à maintenir une vraie solidité. Jusque-là, seul Live and Let Die s’est avéré vraiment dispensable. Il y a dans l’écriture de Fleming une remarquable conjugaison entre efficacité narrative primale et profondeur juste suffisante pour que le lecteur un peu exigeant n’aie pas tout à fait l’impression de perdre son temps.
Déjà quatre ! Mais tu vas en lire combien comme ça ?
RépondreSupprimerLe cinquième m'a un peu refroidit, je crois que ce sera donc seulement 5, pour l'instant ;)
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