mercredi 4 décembre 2019

L'Horreur tropicale - William Hope Hodgson


L'Horreur tropicale - William Hope Hodgson

L'auteur de La Maison au bord du monde m'avait plus que convaincu avec deux nouvelles lues récemment. Et je ne peux que difficilement résister à de telles couvertures (quoique ce n'est pas encore la meilleure). Il y a du bon et du moins bon là-dedans, la première et surtout la troisième nouvelle méritent le détour.

La nouvelle éponyme, L'Horreur tropicale (A Tropical Horror, 1905) est amusante par son manque absolu de retenue. Le narrateur est sur un bateau, et paf, tout d'un coup, dès la première page, un gros monstre surgit des flots et sème la terreur sur le pont. Tout le monde se planque et le narrateur est bloqué avec un mousse dans un abri précaire. Il reste coincé là pendant plusieurs jours alors que la chose (dont on ne distingue jamais vraiment la forme sans savoir si c'est voulu par Hodgson ou simplement dû à une écriture maladroite) massacre absolument tout le monde. Ce n'est pas un récit particulièrement fin, mais cette accumulation de tentacules et de morts horribles parvient néanmoins à être réjouissante.

Une Voix dans la tempête (Out of the Storm) est un peu un piège : un marin qui subit les assauts d'une chose envoie un message de détresse grandiloquent. Mais on comprends rapidement que la chose en question n'est pas un énième monstre, mais l'océan lui-même. Ce qui est monstrueux, c'est la petitesse de l'humain face aux éléments et les horreurs commises sous l'impulsion des instincts de survie qui ressurgissent. Une pirouette appréciable

A la recherche du Graiken (The Finding of the Graiken, 1913) est une nouvelle clairement plus ambitieuse. Une structure classique mais efficace : la narrateur, ayant récemment hérité d'un oncle (comme toujours) se retrouve en possession d'un navire et décide d'aller faire une croisière en compagnie d'un ami dont l'amoureuse a récemment disparu en mer. L'ami a un comportement bizarre, fomente une mutinerie, dirige le navire vers la mer des Sargasses où, en plus de tonnes d'algues et de pieuvres vicieuses, ils retrouvent le navire de la bien-aimée. Le récit est percutant et dynamique, mais il est surtout mémorable pour un autre aspect. L'ami mutin est presque comme possédé : à la fin de l'aventure il ne se souvient de rien et à un moment il a une prémonition, il s'exclame "Il arrive !" alors qu'un courant mystérieux déblaie les algues et leur permet d'atteindre l'autre navire. C'est tout, pas de détails. Mais voilà ce que je comprends : en plus des vils poulpes, la mer des Sargasses est habitée par au moins une mystérieuse entité de taille massive. Elle a pris possession à distance de l'ami mutin pour le mener jusqu'à sa copine et c'est elle qui déblaie les algues avec son corps massif, sans jamais se montrer. Vraiment, c'est très habile de la part de Hodgson : la,partie la plus importante de son récit n'est pas explicite, ce qui est gratifiant pour le lecteur. Et je ne serais pas étonné que Lovecraft ait trouvé là de l'inspiration : souvent, dans ses nouvelles, une menace plus profonde et insaisissable que celle qui occupe le cœur de l'intrigue rôde loin des regards

On change de genre avec Eloi Eloi Lama Sabachthani (1919). Un savant prétend expliquer l'épisode des ténèbres de la croix, dont je ne me souvenais pas, par une théorie de la lumière. Il fabrique une substance qui permet de la répliquer et il se l'injecte avant de s'infliger un supplice parodiant celui du Christ. À la fin il crève avec ce qui ressemble à un moment de possession démoniaque. Un nouvelle peu intéressante et pénible à lire à cause des scènes d'automutilation. Le Réservoir de la peur (Terror of the Water-Tank, 1907) est une sorte d'intrigue policière, mais disons que quand on a un peu lu Hodgson, on a besoin que du titre deviner que le coupable est une bestiole quelconque qui se planque dans le réservoir.

Retour à l'océan avec L’Albatros. Un récit d'aventure parfaitement classique : un albatros apporte un message d'une damoiselle en détresse, le valeureux narrateur défie les ordres de son capitaine pour partir à sa recherche, il fait preuve de courage et de virilité, dégomme un millier de rats (vraiment) et chope la jolie jeune fille en détresse. Bon, pas franchement mauvais, mais d'un intérêt limité. On achève ce recueil avec Le Fantôme de lady Shannon (The Haunting of the Lady Shannon). Encore une fois, bof : un vil capitaine et ses seconds martyrisent un équipage, on devine qu'un vrai/faux fantôme va venir les embêter.

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