mardi 31 décembre 2019

The Edge of Running Water - William Sloane (The Rim of Morning)

The Edge of Running Water - William Sloane (The Rim of the Morning)

The Edge of Running Water partage en gros les mêmes thèmes et la même forme que l'autre roman de William Sloane, To Walk the Night. C'est plus ou moins un huit-clos qui prend le temps de développer les tensions entre les personnage et qui cache derrière son murder mystery un fond d'horreur cosmique, comme l'annonce fièrement la couverture de cette édition.

La narrateur va rejoindre un vieil ami à lui, un scientifique brisé par le décès de sa femme qui s'entête à percer le voile de la mort, dans un coin paumé du Maine. Il se retrouve à devoir gérer une jolie jeune fille (au cours d'une amourette vaguement gênante), son ami perturbé (syndrome classique du savant qui ne sait pas où s'arrêter), une femme médium étrange et coriace (élément perturbateur et malaise face à la féminité non conventionnelle) et une bourgade pleine de gens xénophobes et potentiellement amateurs de lynchages. La trame fonctionne très bien grâce au talent littéraire de Sloane : on navigue entre les genres, mais la prose reste élégante, efficace. J'ai craint un moment qu'il allait retomber sur une banale histoire de fantômes, mais heureusement ce n'est pas le cas. S'il y a bien, d'une certaine façon, un aperçu d'un autre monde, ce n'est pas un au-delà classique, loin de là. Ce sont les personnages qui projettent leurs désirs là où, finalement, il n'y a littéralement rien. Cependant j'aurais aimé que Sloane soit un poil plus clair sur ce sujet : qu'est-ce que la médium pouvait distinguer là-dedans ? Mais le fait est que quand le voile est levé, quand le monde les "âmes" est révélé, il n'y a rien d'autre qu'un chaos aveugle et dévastateur. C'est là le point fort du récit : les humains n'acceptent pas le néant et s’efforcent de le remplir par leurs fantasmes d'importance et leur besoin de causalité.

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