Je crois que viens juste de comprendre ce qui m'a posé problème avec ce livre. Dommage que ce soit après l'avoir terminé. Voilà : c'est une série de petits essais, sauf que ce n'est précisé nulle part. Du coup je l'ai lu comme un unique essai divisé en chapitres. Et je ne comprenais absolument pas où l'auteur voulait en venir, je trouvais que l'ensemble manquait terriblement de fil conducteur. Le fait est qu'Eward Wilson se fait plaisir, il évoque des souvenirs de naturaliste, des expéditions dans des coins reculés à la recherche de nouvelles espèces, son enfance où il chassait les serpents, l'évolution de la pensée biologique... C'est très bien écrit, très littéraire. Mais assez pénible à lire, car on dirait surtout une série de pensées éparses.
Je m'attendais à un essais sur la Biophilie, cette tendance innée de l'homme à aimer le vivant, voire à avoir un besoin vital de vivant, mais c'est aspect n'est abordé directement que sur quelques pages, ce qui est terriblement frustrant. Et l'aspect environnementaliste accuse son age.
Reconnaissons à Edward Wilson sa sensibilité artistique :
Le but de l'art n'est pas de montrer pourquoi ou comment un effet est produit (ce serait de la science) mais de le produire, littéralement. Et cela, non pas via n'importe quel cri du cœur - il y faut autant de discipline mentale que la science. (p.84)
Je m'interroge aussi sur l'éthique du naturaliste. Il y a peu, je regardais un mini documentaire sur le site du Monde. La journaliste se balade sur une partie de l'océan extremement polluée de plastique, et ne trouve rien de mieux à faire que de pêcher des poissons pour les manger. C'est quoi le raisonnement ? Tiens, les humains détruisent l'équilibre naturel dans le coin, alors tuons quelques animaux pour notre plaisir ? Même chose pour Edward Wilson. Je comprends parfaitement la nécessité de tuer certains animaux pour les étudier, c'est moralement discutable, mais je pense que ça a le potentiel d'être un petit mal pour un grand bien (horrible formule, je sais). Alors Wilson se ballade, fait l'apologie de la nature et de sa préservation, et soudain se met à "ramasser les salamandres pygmées sur les buissons, en assez grand nombre pour les donner aux musées dans tout le pays" (p.134). J'aimerais que l'auteur passe plus de temps à évoquer l’ambiguïté morale de ce genre de pratique : où est la ligne entre le sacrifice nécessaire de quelques animaux pour mieux protéger les autres (y compris nous, humains) et le déni total de la valeur de la vie animale en elle-même ?
190 pages, 1984, josé corti
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