lundi 20 juin 2016

Michael K, sa vie, son temps - J. M. Coetzee


Michael K, sa vie, son temps - J. M. Coetzee

Il y a un certain temps que ce roman traine dans le tas de choses variées qui me sert d'étagère. La première phrase du synopsis, « Michael K est un doux innocent, un peu attardé, différent » a tendance à éveiller en moi le souvenir de Des fleurs pour Algernon et des insupportables débordements de pathos bien gluant qui caractérisent ce roman. Mais, finalement, chez Coetzee, aucun apitoiement sur le personnage de Michael. Ouf, soulagement. Michael est en effet assez simple d'esprit. Travaillant pour la ville du Cap dans les jardins publics, la guerre rend petit à petit sa vie plus difficile. La santé de sa mère se dégrade. Michael, suivant les désirs de sa mère mourante, va donc partir vers la campagne. Ce roman m'a fait penser à Paul Auster. Comme les personnages d'Auster, Michael a tendance à glisser hors du monde. Faire abstraction de ce qui l'entoure, se réfugier dans sa vie intérieure. Une vie intérieure, vraiment ? C'est discutable. Michael se laisse emporter par le vent, sans désirs ni envies. On retrouve en lui une lueur de volonté quand il s'agit de retrouver sa liberté. Enfermé dans des camps de réfugiés, il trouvera toujours un peu de force pour s'enfuir. Alors qu'il n'a même pas assez de force pour manger. Il se laisse crever. Il ne fait rien. Il ne désire rien. Il y a une certaine beauté dans le parcours de Michael, mi enfant attardé mi rocher inaltérable. Comme si Coetzee déblayait tout ce qui est facultatif pour ne plus laisser que l'existence. Le simple fait d'exister. Rien d'autre. Ça ne fait pas rêver, mais le temps d'un roman, en compagnie d'un personnage aussi fantomatique que Michael, c'est un voyage à l'esthétique intéressante. Il m'a semblé que le dernier tiers du livre était un peu plus faible que le reste, avec notamment un changement de point de vue qui laisse la parole à quelqu'un qui essaie trop d'expliquer les choses, alors que le charme de cette histoire comme de l'écriture de Coetzee me semble être dans la contemplation.

230 pages, 1983, Points

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire