samedi 9 juillet 2016

Le monde d'hier - Stefan Zweig


Le monde d'hier - Stefan Zweig

Le monde d'hier est une autobiographie. Mais Zweig ne parle guère de sa vie personnelle. On se saura rien de sa vie de famille, ni de son éducation amoureuse. Zweig se concentre sur le monde qui l'entoure. Même quand il évoque son enfance, ce n'est pas tant pour détailler sa vie que pour analyser l'assurance de l'Europe avant la guerre, un système éducatif aussi rigide qu'hypocrite ou encore le puissant tabou entourant tout ce qui touche à la sexualité. Puis Zweig grandit, voyage, devient un écrivain reconnu, s'engage pour l'unité de l'Europe. Quand il parle de ses amitiés, il est très marquant de constater à quel point le monde de l'art semblait petit à cette époque, du moins pour qui peut se permettre de naviguer entre les capitales. Rilke, Hofmannsthal, Rodin, Valery, Freud, Romain Rolland, Wells, Joyce... Certains étaient juste des rencontres, d'autre des amis de longue date. Et Zweig enchaine ainsi les portraits. Que dire, sinon que c'est passionnant ? Et au-delà du climat intellectuel, c'est l'état de toute l'Europe qui est décrit. La Grande Guerre, le chaos économique de l'inflation, la montée du national-socialisme... Et Zweig, pacifiste convaincu, chassé de son Autriche natale, désespère. On sent venir son suicide. Pour dire les choses simplement, Le monde d'hier est une merveille. D'un point de vue littéraire, c'est brillant. J'avais presque envie de pleurer vers la fin tant Zweig parvient avec tact à transmettre sa peine d'exilé, sa souffrance à voir le monde sombrer dans la violence. Et d'un point de vue documentaire, c'est tout aussi brillant. J'ai l'impression d'avoir doublé ma compréhension du vingtième siècle à la lecture de ce livre. Impression certainement illusoire, mais qui en dit beaucoup sur l’efficacité d'un tel mélange de talent littéraire et d'analyse historique.

506 pages, le livre de poche

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