samedi 11 juin 2016
Le joueur d'échecs - Stefan Zweig
C'est la première fois que je lis Stefan Zweig, et je dois dire que je suis plus que convaincu. Le joueur d'échecs a vraiment le potentiel de plaire à tout le monde. C'est une histoire d'échecs, bien sur, et, ça tombe bien, j'aime les échecs. Par contre, pas besoin de maitriser ce jeu pour apprécier le récit. Après tout, c'est l'histoire de deux champions et de leur duel. Le narrateur et ses compagnons, amateurs éclairés, sont eux-même un peu largués par le génie des deux hommes. L'un d'eux, le champion du monde, est un imbécile pour tout sauf pour le jeu. Antipathique, mais plus que brillant une fois face à une plateau de soixante-quatre cases. L'autre est au premier abord plus mystérieux, avant qu'il ne conte son histoire. Pendant la guerre, retenu par les SS en isolement total, il était sur le point de perdre la raison, par privation sensorielle. (Parenthèse : sur le thème de la privation sensorielle, je ne peux oublier une scène du Cardinal du Kremlin de Tom Clancy, lu quand j’étais gamin, où ce procédé est utilisé de façon bien plus extrême pendant la guerre froide. Cette scène semble presque une suite logique du Joueur d'échecs.) Mais, miracle, le prisonnier met la main sur un petit livre recensant 150 parties de maitres d'échecs. Et pendant des mois, c'est tout ce qu'il a pour s'occuper l'esprit. On imagine la suite.
C'est une histoire d'échecs, donc. Mais aussi un récit à suspense, un récit de duel acharné, un récit de guerre, et, peut-être l'aspect le plus important, à mes yeux en tout cas, un sombre récit psychologique à la Edgar Poe, explorant avec une habilité remarquable les frontières de la folie. Les deux hommes, chacun à sa façon particulière, sont obsédés par le jeu. L'un s'y livre entièrement avec une froide détermination, l'autre cherche à l'esquiver comme un addict craignant sa propre faiblesse. Brillant.
95 pages, 1943, le livre de poche
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