mercredi 15 juin 2016
Vingt-quatre heures de la vie d'une femme - Stefan Zweig
Une nouvelle sur les passions amoureuses, subites et inattendues, qui peuvent d'un coup bouleverser des vies bien rangées. Une femme aisée de la bonne société, un sens de l'honneur très développé, un incontestable goût pour la vertu... Et soudainement arrive le jeune homme le plus charmant qui soit, venant réveiller en ces femmes la puissance vitale depuis longtemps, non, depuis toujours muselée et endormie. Le narrateur, qui rapporte ces histoires, se garde bien de tout jugement, contrairement aux couples mariés dont la réaction à de tels événements est assez délicieusement décrite : « Les deux couples d'époux (...) refusèrent avec un mépris véritablement offensant d'admettre l'existence du coup de foudre, où ils ne voyaient qu’une folie et une fade imagination romanesque. » Et encore : « Malgré eux, les deux maris prétendirent que leurs propres femmes échappaient à la possibilité de tels risques et de telles chutes. » Stefan Zweig est vraiment une mine pour les éditeurs : plein de nouvelles dans le domaine public, assez populaires pour se vendre à des centaines de milliers d'exemplaires, à publier dans une multitude de petits volumes indépendants. Mais il faut reconnaitre que cette mine, malgré sa surexploitation, m'a l'air très authentique. Ce n'est pas du toc.
Seuls peut-être des gens absolument étrangers à la passion connaissent, en des moments tout à fait exceptionnels, ces explosions soudaines d'une passion semblable à une avalanche ou à un ouragan : alors, des années entières de forces non utilisées se précipitent et roulent dans les profondeurs d'une poitrine humaine. Jamais auparavant (et jamais par la suite) je n'éprouvai une telle surprise et une telle fureur d'impuissance qu'en cette seconde où, prête à toutes les extravagances (prête à jeter d'un seul coup dans l'abîme toutes les réserves d'une vie bien administrée, toutes les énergies contenues et accumulées jusqu'alors), je rencontrai soudain devant moi un mur d'absurdité, contre lequel ma passion venait inutilement buter.
125 pages, 1927, le livre de poche
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