mardi 14 juin 2016
Clarissa - Stephan Zweig
Je n'ai appris qu'après l'avoir terminé que Clarissa est un roman inachevé, retrouvé en 1981. Ce n'est pas très honnête de la part des éditeurs d'oublier d'indiquer ce détail sur la quatrième de couverture, ou même quelque part à l'intérieur du livre. Surtout que cela se ressent fortement. L'histoire de Clarissa et de son siècle commence de façon intéressante, et Zweig m'a particulièrement impressionné par la petite galerie de personnages qu'il fait interagir avec Clarissa. C'est presque comme si Clarissa n'était qu'un support pour nous permettre de les découvrir. Son père, notamment, est assez fascinant. Militaire obsédé par les chiffres et les statistiques, il devient timide et maladroit quand il s'agit des rapports humains. On sent toute sa bonne volonté se heurter à sa nature sobre et rigide. La toile de fond est celle des misères de l'Europe avant et pendant la première guerre mondiale, et là aussi Zweig assure. La guerre du point de vue d'une jeune femme, puis d'une jeune mère, avec différentes opinions sur la situation de la part des personnages secondaires. Le thème de maternité solitaire, de l'enfant sans père, est au cœur du roman, mais comme pour le reste, on se heurte à un mur inévitable : c'est un livre inachevé. Ainsi, à la fin, on a vraiment l'impression de lire un résumé. Les années défilent à une vitesse folle, et comme la vie de Clarissa, il faut bien le dire, n'est pas des plus passionnantes, cela crée un effet étrange. C'est comme si l'auteur avait perdu espoir en son personnage, se disant « pfff, quelle vie chiante a cette Clarissa, allez, on va en finir rapidement. » Et du coup, c'est un peu déprimant. Pas vraiment un livre à livre quand on n'est pas déjà un amateur affirmé de Zweig. Et s'il vous plait, chers éditeurs, quand un roman est incomplet, précisez-le.
188 pages, le livre de poche
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