Publié en 1960, ce petit roman de SF, comme je m'y attendais, n'échappe pas à son statut de pulp. Le rythme est effréné, il ne faut pas trop s'interroger sur la façon bien pratique avec laquelle les événements s'enchaînent, les personnages sont à peine effleurés, et il y a une mystérieuse minette qui tombe aisément dans le lit du protagoniste qui, lui, dégaine bien sûr le laser plus vite que son ombre... Ceci dit, The Status Civilization (Oméga en français) a suffisamment d'idées pour parvenir à accrocher l'intérêt du lecteur et en faire lecture plaisante, voire recommandable.
Le concept de la planète-prison est un classique de la SF, de Silverberg avec L'homme dans le labyrinthe et l'excellent Les déportés du cambrien jusqu'à Alien 3 en passant par des trames similaires comme Deathworld de Harry Harrisson. Ici, la particularité, c'est que cette société de criminels déportés sur la planète Oméga a érigé le crime comme loi et religion. Notre protagoniste, qui se retrouve là avec sa mémoire effacée (c'est bien pratique narrativement) va donc découvrir les coutumes locales, avec tout un lot de quiproquos à la clé. Si la satire sociale reste légère, c'est souvent cocasse, notamment quand un prêtre frappe à sa porte pour lui faire l'apologie du mal, quand il brise la loi en refusant de se rendre addict à une drogue, ou quand il se désole de ne pas avoir de tendances meurtrières, ce qui complique son intégration sociale. Il me semble que dans une telle société de criminels déportés, où il y a une femme pour six hommes, ce simple fait serait un élément crucial de la société, mais non, l'auteur ne s'aventure absolument pas du côté de ces problématiques.
Après un autre classique de la SF, les divers "jeux de la mort" à la romaine où, cela va de soi, notre héros s'illustre, on retourne sur Terre pour sans doute ma partie préférée du roman. La dystopie n'est esquissée que brièvement, mais la curiosité est attisée. La Terre se complait dans une hyper stabilité stérile, où toute innovation est considéré comme criminelle. Les ingénieurs n'ont rien autre à faire que regarder les machines faire le boulot, et chacun est conditionné pour être son propre délateur en cas de faux pas social. Encore un fois, c'est assez léger, mais amusant et stimulant. L'auteur parvient même à retomber sur ses pattes niveau scénario, notamment en justifiant l’amnésie des déportés sur Oméga. Au final, il faudra mélanger l'agitation destructrice d'Oméga et la mortelle placidité de la Terre pour retrouver une société équilibrée et féconde. Ce qui, étonnamment, n'est pas sans évoquer Le mariage du paradis et de l'enfer de Milton.
Today, since everyone is equal, there is only one class. The middle class. The only question then is—to what portion of the middle class does one belong? High, low, or middle?
Quel dommage que ce livre ne soit qu'un pulp... Je l'aurais lu volontiers, d'autant que la couverture m'a vraiment tapé dans l'œil !
RépondreSupprimerLe concept est sympa, c'est rigolo, mais ça ne va vraiment pas loin dans les idées !
Supprimer