dimanche 4 novembre 2018
Depuis l'au-delà - Bernard Werber
J'ai trouvé ce bouquin dans la petite bibliothèque de quelqu'un aimant apparemment tout ce qui a un rapport avec le mysticisme. Je n'avais pas lu Werber depuis les Fourmis, quand j'étais enfant, et connaissant sa réputation douteuse, j’étais curieux. J'ai fini par lire celui-là en une journée.
Au début, je me disais que ce n'était pas si mal. Il n'y a pas d’écriture, mais ça se lit avec une facilité déconcertante. Il y a un bon rythme, et de l'imagination. Mais plus j'avance, plus les failles commencent à apparaitre. On a l’impression qu'au cours du roman il ne se passe que quelques jours pour les personnages principaux, mais des semaines voire des mois pour le reste du monde. Exemple : le développement d'une IA avatar du personnage principal (qui meurt au début), ou une actrice qui est sur un tournage puis, après ce qu'on perçoit comme quelques jours, tourne un autre film. A un moment, le personnage principal se retrouve dans la peau d'une femme. On a l'impression que Werber veut bien montrer qu'il comprend ce que c'est que d'être une femme, alors il en fait des tonnes, le perso a ses règles, de fortes migraines, et se fait perpétuellement harceler par juste tout le monde. Le mystère est basé sur le meurtre du perso principal, et vers la fin l'auteur a cette horrible manie de faire de la rétention d'information, c'est à dire que les personnages se disent entre eux la solution du problème, mais l'auteur ne l'écrit pas pour créer artificiellement du suspense. Il y a une sorte de malhonnêteté intellectuelle. Werber inclut des morceaux « encyclopédique », mais quand il mentionne des mythes comme les morts bizarres d’Eschyle ou de Chrysippe comme étant réels, on ne peut que se sentir un peu pris pour des imbéciles. Le combat final oppose des esprits d'écrivains « d'imaginaire » aux esprits d’écrivains « réalistes ». C'est complètement grotesque et Werber conclut avec une morale d'une remarquable banalité, mais surtout, encore une fois, malhonnête. Parmi les auteurs présents dans le camp des « imaginaires », par exemple, il y a Wells et Huxley, qui ont écrit plein de romans tout a fait réalistes.
Tout le roman est imprégné de cette insatisfaction autobiographique de l'écrivain d'imaginaire non reconnu par les critiques. Le perso principal est un avatar de Werber, et l'auteur ne manque pas de cracher avec un manque de subtilité confondant sur ces écrivains institutionnels et critiques littéraires qui ne l'aiment pas. Par exemple, l'antagoniste écrivain/critique s'appelle Jean Moisi (pique digne d'un collégien), son roman est un pavé qui s'appelle Nombril (bon, OK, ça c'est plutôt drôle), il est tellement méchant qu'il dit à répétition que le perso principal devrait mourir parce qu’il n'écrit pas bien, il sniffe de la coke dans des soirées parisiennes, avec des filles à l'âge plus ou moins légal, dans l'appartement luxueux d'un politicien de gauche qui a aux murs des portrait de Mao, Staline et Pol Pot. Wow. On comprend bien que Werber est amer.
En somme, c'est une bouillie mystique plutôt indigeste. La fin n'a guère de sens, et l'espèce d'entité qui gouverne le monde des esprits dit pour justifier ses actions : « Nous seuls ici semblons avoir pris conscience que la surpopulation est le pire danger qui guette l'humanité et la planète. » Heu, non, qu'elle se rassure, il y a pas mal de gens qui sont au courant.
2017, 450 pages, albin michel
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