mercredi 26 octobre 2016
Le manuscrit Hopkins - R.C. Sherriff
La fin du monde. Une fin du monde un peu originale : la lune se précipite doucement mais surement vers la Terre. Et en attendant le choc, la vie, en Angleterre, continue tranquillement. En fait, la majorité du roman se déroule avant la catastrophe. Le récit est introduit comme un document historique par un avant-propos rédigé des centaines d'années plus tard. Quelle tristesse, se plaint l'auteur de cette introduction, que le manuscrit Hopkins soit le seul document sur la chute de l'Europe ! Et il ne cesse de dire du mal d'Hopkins, le narrateur/historien. Hopkins, en effet, prend beaucoup de place. Il prend même plus de place que l'apocalypse lui-même, qui passe étonnamment rapidement. Hopkins me fait penser à The Big Lebowski. Comme lui, ce personnage est une blague. Petit bourgeois campagnard, sa grande passion est l’élevage de volaille. Il écume les concours, fier de ses poules et de leurs médailles. Il a un horizon d'esprit assez limité, est prétentieux, mesquin, égocentrique... Et pourtant, ce personnage est très attachant. Ses défauts font rire, mais finalement, c'est un type sympa, bienveillant et courageux, à sa façon. Vraiment, la façon dont Sherriff gère son personnage est remarquable. En le faisant apparaitre si imparfait, si bassement humain, non seulement il parodie une certaine image du gentleman anglais et enchaine les situations hilarantes, mais il nous fait l'aimer, ce Hopkins.
L'apocalypse, donc. Et bien la lune s'écrase dans l’océan atlantique nord, provoquant inondations et tempêtes, et créant un nouveau continent. C'est complétement invraisemblable, mais bon, ça passe. Hopkins et quelques autres survivent, tentant de remettre sur pied la civilisation, d'abord dans leur coin, puis à grande échelle, une fois que la communication est rétablie entre les communautés. Chose intéressante, c'est l'apocalypse qui est à l'origine des moments les plus heureux de la vie de Hopkins. Avant que la lune n'arrive, il s'agissait de travailler dur avec les gens du village pour construire l'abri, activité créant un sens clair à la vie quotidienne, unissant les gens dans un but commun. Se lever le matin avec un objectif précis, travailler dur avec autrui, faire une pause en buvant un verre et en faisant des blagues. Hopkins savoure cette nouvelle façon de vivre. Et après l'apocalypse, c'est encore mieux. Isolé avec deux jeunes gens, c'est le retour à la terre : chasser et cultiver, manger et dormir, le sentiment de groupe et la certitude que chacun est à sa place. Hopkins est heureux, et la civilisation semble bien prête à repartir sur le droit chemin. Jusqu’à ce que les hommes de pouvoir s'en mêlent. Incapables de se partager les richesses du nouveau continent, ils ont recours aux armes. La guerre. L'Europe ne survit à une collision avec la lune que pour se tirer une balle dans la tête. Et Hopkins, ne voulant que vivre dans sa maison avec les gens qu'il aime, en compagnie de ses adorables volailles, erre dans un Londres en ruine, presque dépeuplé. Le manuscrit Hopkins est un récit apocalyptique original, drôle et touchant. Un classique méconnu du genre.
1939, 413 pages, L'arbre vengeur
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