mercredi 12 octobre 2016

Le canal Ophite - John Varley


Le canal Ophite - John Varley

Quand dès la première page on trouve une phrase comme « L'état requiert la peine de mort à perpétuité », les choses s'annoncent bien. John Varley réussit merveilleusement bien à plonger le lecteur dans un univers complexe avec quasiment aucune exposition. On apprend petit à petit à comprendre l'histoire et les règles de ce monde, de façon fluide et naturelle. Pour faire simple, l'humanité n'est plus ce qu'elle était. Les Envahisseurs ont, d'un revers de main, fait dégager tout le monde de la Terre, au profit des baleines et des dauphins, seuls animaux intelligents de la planète, trop longtemps oppressés pas des milliards de bipèdes technophiles. Du coup, ce sont la Lune et les huit autres planètes du système solaire qui sont occupées par ces pathétiques mammifères grégaires. Les choses ne vont pas si mal, on cultive des trous noirs, on se clone, on change de sexe, on remodèle son corps, on profite de la jeunesse éternelle, on fait l'amour, on fusionne avec un symbiote pour orbiter autour de Jupiter (ou est-ce Saturne ?), tout ça tout ça. Voilà qui n'est pas sans rappeler la Culture de Iain Banks, qui, comme je le découvre, a du trouver pas mal d'inspiration chez John Varley.

Tout ces progrès, les humains les doivent en bonne partie au canal Ophite, un mystérieux rayon d'informations qui semble venir de très, très loin. Et voilà qu'un beau jour, un message arrive : les philanthropes anonymes veulent paiement pour leurs services. Sinon, sanction. Se retrouve mêlée à cet embarrassant problème Lilo, scientifique hors la loi, condamnée à mort, puis enlevée, clonée, etc. Je ne m’aventurerais pas à résumer l'épopée de Lilo, Lilo et Lilo (ses clones). En effet, John Varley arrive a entrainer le lecteur dans une aventure abracadabrante qui, pourtant, fait parfaitement sens. Varley va vite, il ne s’arrête pas en route pour prendre le lecteur par la main, et c'est tant mieux. Et ça parle de liberté sexuelle, de clonage, d'évolution, de premier contact, de la nature de l'intelligence, et le tout avec une fougue remarquable. J'ai adoré Le canal Ophite. C'est dense, bourré d'humour, intelligent et stimulant. Je ne suis pas un expert de l'histoire du space opera, mais il me semble que ce roman, qui d'ailleurs n'accuse absolument pas son age, a du avoir une influence majeure sur les auteurs qui vinrent ensuite.

343 pages, 1977, Folio SF

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