lundi 2 mars 2020

La parcelle Z - Jacques Spitz

 La parcelle Z - Jacques Spitz

La parcelle Z
(1942) est un autre roman court et bizarre que l’on doit à Jacques Spitz. Encore une fois, c’est une idée scientifique qui est au cœur du récit. Sa crédibilité est plus que douteuse, mais c’est le concept qui compte, et on se retrouve donc, sous prétexte que les cellules d’un humain lui resteraient électriquement attachées après sa mort, avec un équivalent du GPS. La similarité est frappante : les cellules sont placées sur le plan d’un continent, ou de Paris, et elles se déplacent sur le plan comme le petit point bleu qui se cache à présent dans toutes nos poches.

Le protagoniste, Desmaisons, est un des scientifiques en charge du projet. C’est un vieux garçon quarantenaire qui trouve soudainement l’amour et qui, on s’en doute, utilisera le GPS pour espionner sa femme. Le côté humain du roman est un peu bancal : on sent bien que Spitz se moque de son personnage et de ses insécurités (il est rapidement envahi par une jalousie maladive envers sa jeune femme), mais au final, il est essentiellement défini par cette jalousie. C’est d’autant plus dommage qu’il est parfaitement évident pour le lecteur que l’infidélité dont se convainc Desmaisons est évidemment un quiproquo. De plus, le caractère de sa femme est à peine esquissé, ce n’est au final qu’une potiche soumise, ce qui devient problématique quand, dans la deuxième moitié du roman, elle meurt : elle continue d’activer le GPS et son fantôme obsède Desmaisons, mais il est difficile de s’intéresser à son fantôme, vu qu’elle n’avait pas de personnalité de son vivant.

Malgré ces écueils, le charme de l’écriture de Jacques Spitz est toujours là : c’est vif, étonnant et drôle. Certains personnages sont des caricatures bien dépeintes, le concept de départ éveille la curiosité et il y a un vrai sentiment de plongée dans l’inconnu. Bref, il y aurait tout pour faire de La parcelle Z un autre roman mineur mais tout à fait estimable dans la bibliographie de Spitz, à l'image de L'Expérience du docteur Mops et des Signaux du Soleil. Hélas, il y a un point qui me chiffonne : ici, Spitz fait du mystique. Il n’y a pas d’explication rationnelle pour le fantôme, et il est même question de réincarnation. À la fin, Desmaisons (et à travers lui Spitz) semble se complaire dans ce flou, en allant jusqu’à évoquer la Providence, oui, celle avec un P majuscule. Je ne suis pas très convaincu par cette conclusion.

2 commentaires:

  1. J'avais également été assez surpris par la tournure mystique de ce roman…

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est franchement inattendu par rapport au reste de son œuvre, du moins la partie que je connais.

      Supprimer