jeudi 22 février 2018
La forêt sombre - Liu Cixin
Suite du Problème à trois corps et second tome de la trilogie du chinois Liu Cixin. Le récit reprend là où le premier tome s'était arrêté : la flotte des trisolariens se dirige vers la Terre. Elle arrivera dans 400 ans et, selon toute probabilité, elle exterminera tous les humains. Les humains, quand à eux, ne peuvent faire pendant ce temps là aucun progrès dans les sciences fondamentales à cause des intellectrons, des sortes de superordinateurs évoluant dans une dimension bien supérieure à la notre qui, en plus de perturber toute recherche scientifique, servent d'espions.
L'humanité n'est pas naïve, elle n'a que peu de chance de s'en sortir. Mais il faut bien essayer quand même, alors elle se lance dans deux programmes d'une ampleur sans précédent. Déjà, elle développe à très long terme une vaste flotte spatiale. Ensuite, elle lance le programme colmateur. Quatre êtres humains d'exception sont sélectionnées et disposent de fonds monstrueux pour mener à bien une stratégie qu'ils doivent garder secrète. En effet, seul l'esprit humain est imperméable à la curiosité des intellectrons. L'un des colmateurs, Luo Ji, est un inconnu sans grande envergure qui se demande ce qu'il fait là. Bien entendu, c'est lui qui détient la clé du problème.
La principale menace qui pèse sur l'humanité à court terme, c'est le défaitisme. Ça se comprend. Et c'est d'autant plus étonnant quand, dans la seconde partie du roman, qui se déroule deux-cent ans plus tard, l'humanité est persuadée d'avoir gagné d'avance. Certes, ils ont une société plutôt chouette (qui d'ailleurs n'est guère explorée), ils ont de gros vaisseaux, mais comment peuvent-ils croire avoir la moindre chance contre une civilisation capable de produire des machins comme les intellectrons ? Cette humanité du futur est tellement persuadé d'avoir gagné d'avance que c'en devient peu crédible. La portée du roman est également légèrement décevante. Liu Cixin fait encore une fois de la rétention d'information. Le personnage principal, Luo Ji, met en place un plan bizarre. Et l'auteur, au lieu de l'expliquer à son lecteur, en reporte l'explication à la fin du roman. Non seulement cela fait artificiel, mas cette tactique d'écrivain s'écroule un peu quand le lecteur devine la solution avant de la lire. Or, cette révélation, qui ne manque pas d'intérêt, loin de là, est une tentative de solution apportée par Liu Cixin au paradoxe de Fermi, dont on peut aisément deviner les grandes lignes des centaines de pages avant de la lire.
Mais, dans l'ensemble, La forêt sombre reste clairement de la SF de haute volée. Liu Cixin parvient à jongler aisément entre les situations et les idées, créant un ensemble extremement stimulant qui éveille en permanence la curiosité. Les projets absolument dingues que poursuivent les divers personnages dans le but de sauver l'humanité (ou d'emporter Trisolaris dans la tombe avec l'humanité...) sont fascinants à découvrir et explorent des situations morales grises et complexes. Un vrai plaisir.
649 pages, 2008, actes sud
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Nous avons publié nos billets sur ce titre presque en même temps ! J'ai personnellement beaucoup aimé, les arguments avancés dans le récit pour expliquer l'optimisme des populations du futur m'ont convaincue. A part quelques longueurs dans la première partie, je l'ai trouvé passionnant.
RépondreSupprimerOui, j'ai lu ton avis ;) Trouvé passionnant aussi, et ce n'est pas souvent que je me laisse emporter dans les séries à plusieurs tomes, mais là, je suis certain de lire la suite... quand elle sera dispo en bibliothèque.
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