Le titre est mensonger : ce n'est pas une année, nous avons emménagé dans les derniers jours de mai. Nous sommes quatre, deux couples, dans une maison avec 2 hectares de terrain, à 30 minutes à vélo d'une ville. Il y aurait beaucoup de thèmes à aborder, mais je vais me concentrer sur la gestion du terrain et du potager. Quand nous sommes arrivés, le propriétaire précédent passait chaque semaine le tracteur sur le terrain pour le tondre. Il a voulu nous revendre le tracteur, mais ce n'était pas notre optique. (Ceci dit, nous aurions dû racheter son tracteur à prix avantageux pour ensuite le revendre à prix réel !)
Je précise que je n'ai aucune véritable expérience pour ce qui est de la gestion d'un potager et d'un terrain. J'ai pas mal lu sur ces sujets, mais ce que je fais reste du bricolage, d'autant que j'accorde une part importante à l'expérimentation.
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Le 23 octobre
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FIN MAI ET JUIN
Mon premier réflexe est de faire le tour de tous les arbres du terrain pour les identifier, particulièrement les fruitiers. Puis, dès les premiers jours, je me procure une pelle-bêche et je commence à creuser le potager là où il n'y a rien d'autre que de l'herbe. J'ai choisi l'emplacement selon les critères suivants.
- Aussi proche de la maison que possible, pour limiter les frictions liées aux déplacements quotidiens, pour pouvoir garder un œil dessus et pour décourager les chevreuils et sangliers de venir y farfouiller.
- Une zone plate : le terrain est globalement assez pendu, et si le plat absolu n'est pas indispensable, il faut une inclinaison aussi faible que possible pour limiter l'érosion et faciliter le travail au quotidien.
- L'exposition au soleil : qu'il y ait des arbres au nord, peu importe, mais il est important que l'est, l'ouest et surtout le sud soient relativement dégagés.
- La qualité de la terre : ici, elle semblait assez riche et profonde, alors qu'ailleurs, elle était clairement plus pauvre et sèche.
- Les spécificités locales : ici, la proximité d'un abri (au nord), des possibilités d’extensions futures, et l'étang un peu plus bas.
Je commence à creuser des rangées de 5 mètres sur 80 cm espacées d'allées de 40 cm. On verra que par la suite, les allées vont globalement disparaitre, car celles-ci se révéleront être une énorme porte d'entrée pour les adventices. Certes, idéalement, il faudrait y mettre plein de paille ou de BRF (bois raméal fragmenté), mais nous n'avons pas sous la main ces matériaux, et aucune envie de les acheter. Fin mai, le sol est assez sec et extrêmement compacté, sans doute par le passage hebdomadaire d'un tracteur pendant 30 ans. Il s'agit donc de décompacter tout ça : l'effort fourni pour le décompactage se dégradera progressivement au fil des rangées.
Les premières plantations sont des patates douces. Un plant que j'avais fait croitre depuis plusieurs mois sur le rebord de la fenêtre de ma cage à lapin citadine : celui-là aura eu, au final, une saison à peu près complète de croissance. Je plante aussi directement en terre trois bouts de patate douce, pour voir. Et en effet, les résultats se révéleront très différents.
Découverte : nous avons un pin parasol dont les pignons sont comestibles. C'est exactement les pignons de pin qu'on trouve hors de prix en supermarché. Problème : les coques sont extrêmement coriaces, et le fruit à l'intérieur est parfois périmé. Il faudrait trouver un moment idéal où se faire une session récolte pour que ce soit rentable, à voir si on apprendra à domestiquer cet arbre et ses fruits modestes mais délicieux et caloriques.
Les vignes, elles, étaient laissées à l'abandon depuis au moins les 4 années que la maison était inhabitée. Il s'agit de leur donner un support, nous construisons donc un palissage maison réalisé à partir de poteaux trouvés au fond du terrain et de fil électrique qui servait (sans doute vainement) à maintenir chevreuils et sangliers hors du terrain.
On peut voir sur la photo-dessous mes tentatives de paillage avec des restes de tonte qui trainaient un peu partout sur le terrain, la couche inférieure étant constituée de feuilles de chêne rouge issues de notre petit bois. Le paillage se fera plus anarchique par la suite. On voit aussi notre petit coin aromatique : il y en aura aussi plus près de la maison, mais il me semblait pertinent d'en avoir du côté du potager pour les bénéfices partagés, notamment les fleurs mellifères. La sauge sclarée ne survivra pas l'été, ni l'hysope. Le romarin, la sauge officinale (issus de notre propres boutures), le thym classique, le thym citronné et l'origan se porteront très bien.
Mes divers semis évoluent avec un succès que je qualifierais d'acceptable. Évidemment, ce sont les courgettes qui sont les plus réjouissantes : elles sont vivaces et empressées. A défaut de serre, mes semis alternent entre la salle à manger et la terrasse, selon la température. Généralement, je les sors le matin, je les rentre pendant les chaleurs du milieu de journée, et je les ressors ensuite. C'est beaucoup de micro-management et il va falloir trouver mieux pour plus tard.
J'expérimente avec le maïs, qui a été semé peu après la plantation des patates douces. Nous sommes le 3 juin, et la germination est bien avancée. Je repositionne quelques plans, et c'est l'occasion de constater de visu la façon impressionnante dont se déploient les racines dès le plus âge (et c'est sans compter les radicelles brisées lors de l’arrachage).
Au fond du petit bois, une vague cabane de chasseur : le propriétaire précédent aimait dézinguer les palombes. Cet assemblage chaotique de bois ne nous est pas utile ici, alors on le démonte. Clément réutilise les grosses poutres, avec du bois de palettes, pour fabriquer avec ses petites mains habiles un établi. C'est un schéma qui s'installe : Clément au bricolage (et en hauteur), moi au jardin (et au niveau du sol).
Un oncle d'Audrey nous a donné plusieurs plants de diverses courges. Or, le jardin naissant est plein, et l’agrandir demande temps et travail. Aussi nous décidons de faire une expérience : planter les courges dans l'herbe, comme ça, avec un peu de terreau. Très mauvaise idée : elles ne donneront strictement rien et dépériront tristement. Au printemps prochain je compte bien planter des courges un peu partout, mais 1) des courges issues de mes propres semis, 2) dans un trou mieux désherbé et décompacté, 3) avec une bonne dose de compost moyennement décomposé et 4) pas mal de paillage.
Aperçu du potager au 19 juin 2022, soit moins d'un mois après sa naissance. On peut voir, dans la rangée de gauche, du maïs, des blettes, des courgettes et des plants inégaux de patate douce. Dans la rangée centrale, du maïs, des plants de courgette et encore des plants de blette (les seuls à ne pas venir de mes semis mais de plants qu'on nous a donné). Et dans la rangée de droite, on distingue au fond un basilic (ah, lui non plus ne vient pas de mes semis) entouré de tomates cerises invisibles (et semées trop tard sans doute), puis encore des courgettes, et enfin, invisibles, des semis d’amarante.
Les blettes sont déjà bonnes à récolter. Peut-être plus encore que les courgettes, c'est la plante indispensable au potager, qui dure, dure et produit, produit. Et c'est très bon. Elles souffriront un peu pendant l'été mais repartiront de bon train dès les prémices de l'automne.
JUILLET
Toutes ces plantes, très abondantes entre l'étang et le bois, sont comestibles : il s'agit de Vergerette du Canada. Elle peut se consommer crue, mais elle est alors très forte, elle pourrait faire ainsi office de succédané du poivre. Cuite, elle peut se manger en bonne quantité comme un légume vert pas mauvais mais assez quelconque, il faut l'avouer.
Ici, un aperçu du potager au 5 juillet. Les choses se passent bien, même si les salades ne donneront jamais rien. En bas à droite, c'est l’amarante, et à gauche, la patate douce, dont les feuilles sont comestibles et délicieuses. La vigueur des blettes et des courgettes ne cesse d'émerveiller.
L'idée, c'est d'entretenir le terrain à l'ancienne, c'est-à-dire à la faux. Pas de tondeuse, pas de moteurs, pas de combustible fossile. Ça étonne, et pourtant, les faux étaient là bien avant l'essence, et elles seront là après. Je m'entraine, donc ; il faut choper le mouvement, mais ça se passe fort bien. Ici, une lame à herbe polyvalente. J'ai aussi un fauchon, utilisé pour les tiges plus ligneuses, et une plus grande lame, qui servira pour les fauches printanières. Attention, toutes les faux ne se valent pas : il faut commander des faux forgées à la main avec un acier qui peut s'entretenir à la pierre à aiguiser et/ou au marteau accompagné d'une petite enclume. Il reste peut-être deux fabriques en Europe.
Joie et bonheur, une courgette ! Nous sommes le 10 juillet, et les courgettes se feront plus que généreuses tout l'été. C'est une variété de courgette blanches, délicieuses aussi bien crues que cuites. L'inconvénient de cette variété, c'est qu'elle est coureuse : au fil de la saison, la tige principale pousse comme une liane et se balade à son aise dans le potager. En ce sens, les variétés plus statiques sont plus pratiques ; mais je suppose que rien n'empêche de palisser une coureuse.
J'arrose avec l'eau de l'étang, que je vais chercher avec notre unique arrosoir et quelques bidons. Je suppose que l'eau de l'étang est naturellement bien plus riche que l'eau courante, avec toute la matière en décomposition et les déjections des poissons. L'étang et le potager sont séparés de 80 mètres, ce n'est pas rien quand il faut faire plusieurs aller-retours pendant les soirs de canicule. C'est aussi l'occasion de croiser les grenouilles, qui finissent parfois dans l'arrosoir. Quant aux carpes, nous n'arrivons toujours pas à les pécher. On croise aussi serpents, hérons, canards, et un autre visiteur moins timide...
Ci-dessous une partie du potager le 19 juillet. Un oncle nous a apporté plein de petits poireaux issus de son potager ; ils ont eu pour venir ici de rudes expériences, ils sont restés longtemps hors de terre, mais ils reprendront bien. Quelques-un, en bas, se feront bouffer par je ne sais quelle bestiole, qui elle-même s'est peut-être ensuite fait bouffer par nos chevêches de compagnie (un couple vit bruyamment sous nos tuiles avec leur progéniture), car le dévorage s'est soudainement arrêté. A gauche, l’amarante ; à droite, des haricots verts nains.
Une autre plante sauvage, délicieuse, qui pousse abondamment : le pourpier. Il aime particulièrement, avec la morelle, la grande dalle en béton fissuré, non loin du potager. C'est un vrai légume potager qu'on peut trouver au marché, et on en mange pas mal. Il fait des tonnes de graines ; j'en récupère pour le favoriser au printemps prochain.
Quelle est cette bizarrerie sur une fleur mâle de maïs ? Réponse : c'est le charbon du maïs, un champignon très réputé au Mexique qui transforme les épis de maïs en mets répugnants pour certains mais délicats pour d'autres. J'ai donc eu l'occasion d'en goûter : c'est pas mauvais du tout. Évidemment, sa culture est très aléatoire.
Niveau outils, à part les faux, on récupère ce qu'on peut à droite et à gauche. Cependant, j'en achète quelques-uns neufs, notamment haches et houes, et je privilégie des outils à l'ancienne, c'est-à-dire forgés à la main avec des aciers tendres qui peuvent se réparer et s’aiguiser à la lime. Beaucoup d'aciers modernes sont trop durs pour la lime et nécessitent des outils de type meuleuse électrique.
Une petite vue plongeante du potager le 28 juillet. On peut constater la différence colossale de croissance entre le pied de patate douce qui était déjà bien développé et le pied issu d'un bout de patate mis en terre comme ça. Les salades ne parviennent pas à se développer, cette variété n'est sans doute pas adaptée à l'été. Le bâton me sert à mettre des voiles d'ombrages ou juste des bouts de plastique pour faire un peu d'ombre pendant les journées les plus caniculaires.
Nous avons eu de la chance de parvenir à trouver un terrain avec déjà un certain nombre de fruitiers. Ceci dit, cette année, ils ne donnent quasiment pas, notamment à cause du réchauffement climatique : il fait tellement beau dès février que les fleurs naissent et se font massacrer par le retour du gel un peu plus tard. Ainsi, rien sur les deux abricotiers, rien sur les pruniers, et des 5 pommiers, seuls deux ont donné. Quelques pommes sur un basse-tige, et une vraie abondance sur un autre : il est entouré de pavé et je suppose que la chaleur résiduelle des pavés a limité le gel. Je fais des tartes tous les jours.
Il est indéniable que le contact avec la faune, aussi limité soit-il, est plus que plaisant, c'est un besoin trop souvent ignoré. Ici une grenouille qui bronze près de l'étang ; la nuit, on croise des crapauds pas peureux pour un sou, rassurés par leur peau venimeuse.
Avec la sécheresse, le niveau de l’étang baisse de presque un mètre. On en profite pour l'explorer et le nettoyer un peu, les précédents propriétaires ayant apparemment eu tendance à s'en servir comme d'un dépotoir. Je crois que l’étang, situé à flanc de pente, est connecté une résurgence de nappe phréatique. Les carpes continuent à nous échapper, mais elles n’échappent pas aux hérons.
Ici, sur la même rangée que les haricots, on peut voir quelques plants de potimarron, semés bien trop tard, de la bourrache et de la mauve. Cette dernière est un légume ancien que je voulais tester comme tel, et en effet elle peut faire de belles grandes feuilles comestibles, mais l'année prochaine je l’implanterai en dehors du potager, où je préfère garder l'espace précieux pour des plantes plus productives. On voit aussi que les courgettes se déplacent. Les pieds de physalis commencent à prendre forme.
Une fleur femelle de potimarron, impossible à confondre avec une mâle : l'ovule est déjà là, n'attendant que d'être fécondé, comme pour les courgettes. Certaines fleurs avortent, mais les butineurs sont là en nombre, abeilles, guêpes et autres.
Les récoltes sont régulières, ici haricots verts, tomates cerises et physalis. On voit les hampes florales des amarantes, où ne tarderont pas à se développer les graines. La barrière improvisée est là pour repousser les chevreuils, qui viennent grignoter de jeunes arbres encore plus près de la maison.
Avec la sécheresse, les arbres souffrent. Ici, Clément ramasse les poires, car vu l'état de l'arbre, elles ne vont sans doute plus croitre. Elles mûriront un peu par la suite, assez aléatoirement. Les choses n'allant faire qu'empirer niveau climat, nous n'arrosons pas les arbres déjà établis : s'ils doivent mourir, qu'ils meurent maintenant, et on les remplacera par des variétés plus résistantes à la chaleur et à la sécheresse. En dessous, la récolte fruitière du jour, à laquelle il faut ajouter les figues de la voisine qui débordent sur notre terrain, nos deux figuiers ne donnant quasiment rien cette année. Ce qui ne m'empêchera pas d'en planter un paquet cet hiver.
Une photo où on voit mieux la façon dont le champignon déjà évoqué plus haut s'attaque à l'épi de maïs, le transformant ainsi en met délicat.
Cultiver des céréales à très petite échelle n'est pas évident sur le plan rentabilité, d'autant plus quand on ne sait pas exactement ce qu'on cultive ! Les graines de maïs m'avaient été données sans plus d'information. Il s'agissait, je crois, de maïs doux, qui se récolte assez jeune. J'ai laissé passer le coche pour certains épis, qui feront des graines pour l'année prochaine et de la déco dans le salon en attendant. En revanche, les épis récoltés à point et légèrement bouillis sont, eux, absolument délicieux, croquants, avec un petit goût de châtaigne. Un vrai met délicat, pas moins que le champignon qui, comme nous, les apprécie.
SEPTEMBRE
Les potimarrons semés trop tard se développent néanmoins. On peut voir plus haut un espace paillé mais vide : c'est un double échec. J'ai semé de l'arroche, dont le taux de germination a été proche du néant, même en conditions idéales en intérieur. J'ai réussi à faire germer une seule graine sur du papier humide, il y aura donc une seule arroche au jardin. J'ai aussi semé du persil, réputé difficile : il n'a pas du tout aimé les grosses chaleurs et a refusé de germer. Par contre, avec la fin de l'été, la baisse des températures et le retour des averses, deux plants se développeront tranquillement.
Comme je l'ai déjà dit, les céréales (ou pseudo-céréales) à petite échelle, c'est compliqué. J'essaie de récolter l'amarante, qui n'a pas poussé aussi bien qu'elle aurait pu, sans doute pour un tas de raisons qui continueront à m'échapper. Secouer les hampes au-dessus d'un saladier, c'est trop galère, alors je coupe les hampes et les accroche directement au-dessus du saladier pendant des jours : ainsi les graines tombent au fur et à mesure de leur séchage. Ensuite, pour séparer les graines de leur enveloppe, je le fais à l'ancienne : avec le vent. Deux saladiers, les graines passant de l'un à l'autre et les enveloppes partant dans le vent. Bon, j’utilise aussi une fine passoire pour finir. Et tout ça pour 100 grammes d'amarante, soit beaucoup de travail pour grand-chose. Je ferai peut-être de nouvelles tentatives avec l'amarante l'année prochaine.
D'autres expériences sont couronnées de plus de succès, notamment mon vin maison. J'écrase des grappes de raisin dans un bocal, sans les laver : les levures naturelles se chargeront de la fermentation. Il y a plusieurs façons de faire, mais là, j'utilise un bocal avec un joint un caoutchouc, qui permettra aux gaz de s’échapper sans faire exploser le verre et sans faire rentrer d'air chargé de bactéries indésirables. Trois semaines plus tard, après filtrage, c'est prêt : un vin rustique, très alcoolisé, un peu acide. Moyennement au goût des filles, mais Clément et moi apprécions beaucoup.
Avec un terrain de 2 hectares à gérer, je vais beaucoup moins vadrouiller dans les prés, mais il y a tout de même des occasions de faire des récoltes sauvages : ici de la mélisse, magnifique. Bien sûr, nous en avons aussi planté au jardin.
Je commence à planter des choux et, dans le même temps, à me débarrasser des allées du potager. Je développe un attachement émotionnel très fort envers ces adorables petits choux. Il s'agit de choux d'hiver dont on récolte des feuilles une par une au fur et à mesure. Comme ils vont mettre un peu de temps à grandir, je sème des rangés de radis entre les rangés de choux. On peut également voir que je commence à installer du carton en bordure du potager afin de limiter la pression des adventices, surtout la potentille, le liseron et chiendent. Je ne sais pas si c'est la meilleure façon de faire, mais au moins, c'est quelque-chose.
Au 25 septembre, les récoltes sont toujours généreuses pendant que les poireaux se prélassent.
De l'autre côté du potager, je poursuis la même stratégie : me débarrasser des allées et couvrir les bordures, ici avec du plastique de sacs de terreau. Je sème de la roquette : une culture fantastique, qui pousse bien mieux que la salade. Sur la droite, de la mâche, qui prendra son temps mais finira par assez bien donner. Je sème aussi d'autres radis : je pense que l’arrosage agressif les a parfois déchaussés, ce qui réduit la récolte.
OCTOBRE
Les blettes reprennent, les choux poussent bien et les radis de même. Cependant, on voit quelques trous dans les feuilles de chou : c'est un papillon blanc, la piéride du chou, qui vient pondre ses larves sur les Brassicacées. La solution est de mettre un filet anti-insecte, mais à notre échelle, on se contente de faire des inspections régulières et d'écraser œufs et chenilles.
J'avais déjà vu de la vesse de loup géante pousser à un endroit spécifique du terrain, mais je n'avais pas encore réussi à la choper assez jeune. Cette fois, c'est bon : pas trop vieille, l'intérieur est encore d'un blanc immaculé. On pèle facilement la peau, on les coupe en tranche et on les fait revenir à la poêle ou au four. Ce champignon a l'avantage certain d’offrir beaucoup de matière pour peu de travail.
On voit sur cette photo la magnifique roquette, la mâche qui se développe enfin et la progression générale du jardin. J'ai arraché les tomates cerises, ce qui révèle le basilic. Derrière celui-ci, j'ai semé des épinards, mais ils ne se développeront pas vraiment ; il me semblait pourtant que c'est une variété d'hiver. C'est peut-être dû à l'ombre de la haute haie qui, avec l'automne, commence à recouvrir le potager. On reviendra à ce problème.
Ici un fourre-tout avec courgette, mauve, physalis, un potimarron qui a rampé jusque-là, blette, bourrache...
La plupart de nos oliviers n'ont rien donné : il faut dire qu'ils n'ont pas été plantés de façon optimale, loin de là. Ils subissent la concurrence plus que sévère de plusieurs pins et de la très haute haie, concurrence racinaire aussi bien que pour la lumière. Mais nous allons dégager tout ça. Un seul des 7 oliviers a gardé ses olives jusqu'à ce qu'elles deviennent noires. Elles commencent à tomber, alors je suppose que c'est le moment de les ramasser. Cependant, après trempage pendant 10 jours et 3 semaines de saumure, il faut bien avouer que ce n'est pas un succès. Peut-être ont-elles commencé à tomber avant d'être bien mûres ? Elles sont reparties en saumure, et alors que j'écris ces lignes, il n'y a pas eu de seconde dégustation.
Les radis sont bons à récolter. Ils sont particulièrement mignons. La piéride les attaque un peu, mais pas trop : plus tard, les limaces viendront grignoter les racines. J'utilise les fanes en tartes salées.
La morelle noire est une baie sauvage très rustique qui pousse toute seule autour de la dalle en béton fissurée. Les baies sont petites et pénibles à récolter, mais abondantes. Je les utilise surtout pour mes tartes, qu'elles agrémentent aussi bien visuellement qu'avec un petit goût particulier. L'année prochaine, je compte les favoriser en identifiant les jeunes plants et en éliminant les plantes concurrentes.
Les plantes aromatiques de type menthe et mélisse résistent mal à la chaleur de l'été, d'où l'idée de leur créer un coin dédié côté nord de la maison. Bon, pour l'instant, ça ne ressemble à rien, et elles n'ont quasiment pas de soleil, mais il faudra voir au printemps prochain, et pendant l'été, si l'idée fonctionne.
Les plants de haricots commencent à être vraiment moches, mais ils continuent à relativement bien donner : les nouvelles pousses se font à la base des plantes. On voit au centre, en violet, l'unique pied d'arroche, dont les feuilles se mangent crues, en salade. Au fond à gauche, la patate douce se développe sous forme de liane et rend difficile le désherbage.
La récolte de potimarrons, plus que modeste. Je suis curieux de voir ce que je parviendrai à obtenir des courges en 2023, avec une année complète de croissance cette fois !
Ah, une autre expérimentation : la farine de glands. J''ai déjà en l'occasion d'en faire un peu, mais cette fois, nous voyons plus grand. Les chênes ne font pas de vraie production tous les ans : ainsi les vieux du fond du terrain ne donnent quasiment rien cette année, mais un autre est très généreux. Une fois la coque enlevée, on les découpe et on va les faire tremper une grosse semaine... dans la Dordogne ! Il s'agit de filtrer les tanins afin de rendre les glands comestibles. Évidement, quand il s'agit d'aller les chercher, le niveau de la rivière a augmenté et je dois bien me mouiller. Les glands sont mis à sécher sur une palette, et ce n'est pas optimal : idéalement, il faudrait un vrai séchoir. Puis il s'agit de transformer le tout en farine. Hélas, nous n'avons pas d'outils à l'ancienne pour moudre du grain, et il nous faut nous rabattre sur un petit robot de cuisine qui galère : on obtient bien de la farine, mais la majorité du matériau est trop coriace pour le robot. Au final, si la farine conserve sans doute trop de goût tannique pour la considérer comme un véritable succès, une fois cuite et idéalement mélangée, elle est parfaitement comestible.
NOVEMBRE
Voici l'état du potager le 4 novembre, photos prise depuis le côté nord et faisant face au côté sud. On devine le problème : plus le soleil se fait bas dans le ciel, plus la haute haie et les pins indésirables font de l'ombre pendant une partie importante, puis quasi-totale, de la journée. Il va falloir agir. Ah, et on distingue aussi les jeunes pieds de fèves. J'ai semé plein de petits pois au fond, mais les graines étaient périmées et rien n'a poussé.
Clément et moi prenons la hache, et c'est parti. Le gros pin est abattu. Bon, pour être honnête, il n'est pas tombé du côté où nous voulions le faire tomber. Le tronc de ce pin se divisait en 3 et de toute évidence son poids était réparti de façon inégale ; ce n'était pas une proie facile pour débuter. Ceci dit, il n'avait que deux directions possibles où tomber, et nous avions pris soin de nous assurer qu'elles étaient toutes les deux valables. Et il est tombé sur l'herbe de la pampa : d'une pierre deux coups !
Maintenant, il s'agit de débiter tout ça, à la hache et à la (petite) scie. Ce n'est pas idéal : le pin, c'est coriace. Mais c'est l'occasion d'apprendre. J'y passe pas mal de temps le long du mois alors que les autres réparent et aménagent le futur poulailler, pour lequel je me contente de préparer la clôture.
Ci-dessous, je prédécoupe autant que possible le tronc avant de continuer à le débiter, car il est actuellement stabilisé par une branche. Si je continue tout de suite à débiter le tronc, je vais devoir couper cette branche, et le tronc ne sera plus surélevé, ce qui le rendra bien plus difficile à couper.
Entre-temps, peut-être ma meilleure surprise de l'année au jardin : le 14 novembre, je me décide à enfin récolter les patates douces, dont les feuilles commencent à bien jaunir. Et quel succès ! Pas moins de 5,7 kilos de patates douces sur un seul pied ! Il s'agit, bien sûr, du pied qui a eu une année de croissance complète en commençant sa vie sur le rebord de la fenêtre de mon ex-appartement citadin. Les autres pieds se partagent quelques misérables centaines de grammes de récolte. Néanmoins, c'est peut-être le plus gros rendement du potager : presque 5000 calories hautement nutritives sur, quoi, un peu plus d'un mètre carré ? Il va de soi que je continuerai à expérimenter avec les patates douces.
Je travaille aussi à recouvrir les emplacements désormais vides du potager avec diverses feuilles mortes. Idéalement, juste des feuilles mortes d'arbres ornementaux : l’érable et les peupliers noirs sont parfaits. Je préfère laisser les feuilles des fruitiers retourner au sol au pied de leur arbre. Les feuilles au potager font du compost en place et contribuent à protéger le sol tout en le nourrissant. Attention cependant : elles sont riches en carbone et pauvres en azote, déséquilibre qu'il faudra penser à compenser au printemps... en pissant au potager !
Et je fais honneur à Clément et Lauriane pour la réparation du toit du futur poulailler.
Petit moment découpage de bois mort qui traine :
DÉCEMBRE
Enfin, l'organisation tant attendue d'une partie des outils ! Avec des palettes, qui semblent à la base de tous nos bricolages.
Le pin n'est plus là, mais on voit sur ce magnifique contre-jour que c'est la haie qui noie le potager dans l'ombre. Encore une fois, il faut agir.
Après quelques tentatives avec l'échelle, Clément décide de s'en passer, et il semble à son aise là-haut. Moi, je reste au sol à ébrancher et débiter les troncs. C'est un gros travail, qu'il faudrait sans doute recommencer dans 5 ans si j'en crois les anneaux des troncs que Clément fait tomber : je suis donc très tenté de simplement couper définitivement cette haie (du moins côté sud) et de la remplacer à terme par une petite haie fruitière.
Entre-temps, j'ai quelques expériences malheureuses avec les haches. La grosse hache qu'utilisait mon père il y a bien longtemps était fragilisée et ce n'était qu'une question de temps avant que le manche cède, mais elle m'était bien utile pour la base du tronc du pin. Quand on l'a récupérée, la lame était complètement abimée et l'acier est trop coriace pour les limes : Clément l'a aiguisée à la meuleuse électrique. L'autre hache, à la tête de 1,2 kg, s'est pris un pavé qui trainait bêtement là. C'est frappant : après des jours à taper dans du pin, aucun souci, mais un coup sur de la pierre, et une encoche direct. Je répare la lame à la lime et à la pierre à aiguiser. La plus petite hache forestière de 700 grammes que j'utilise pour ébrancher les troncs se porte bien, pour l'instant.
Après ces efforts (qui ne sont qu'un début) le soleil peut venir dissiper le givre matinal qui recouvre le potager. Les physalis sont tués par le gel, de même que la chia, qui n'a pas eu le temps de sonner autre chose que de jolies et tardives fleurs bleues. Il faut aussi que je songe plus souvent à, le soir, aller tuer les limaces qui viennent un peu trop grignoter choux et blettes.
Clément et Laurianne fabriquent une cabane pour essayer d'attirer le couple de chevêches dont nous avons condamné l'abri habituel sous notre toit :
Je suppose qu'il y aurait beaucoup à dire, mais je vais m'arrêter là. L'année prochaine, je ferai peut-être des petits compte-rendus mensuels de mes aventures au jardin. Par exemple, nous devrions sous peu planter plusieurs dizaines de fruitiers et, après noël, récupérer quelques poules. Et je ne cesse de m'étonner, en me regardant dans des miroirs : je deviens musclé !