mercredi 19 février 2020

La montagne morte de la vie - Michel Bernanos

La montagne morte de la vie - Michel Bernanos

La montagne morte de la vie (1963, publication posthume en 1967), c'est de la littérature fantastique de grande classe. À la fois très littéraire, très écrit, tout en étant dense, presque brusque : un mélange plaisant. Tout commence sans préambule : le narrateur, 18 ans, se retrouve mousse sur un navire en route pour, eh bien, peu importe. Le vent tombe, les choses tournent mal, et on se retrouve en plein dans un récit d'horreur maritime particulièrement morbide : soif, famine, cannibalisme... C'est violent, brutal et accrocheur. Le narrateur ne doit la vie sauve qu'à Toine, le cuistot, l'un des rares bons gars du navire, qui le prend sous son aile et devient une figure de mentor.

Les choses s'enchainent, l'océan avale le bateau et on plonge finalement dans le fantastique : nos deux compagnons échouent sur sur une île qui ressemble à un autre monde. L'enfer peut-être, ou un équivalent ? Ici tout est rouge, les plantes sont vivantes, coriaces, carnivores, et il n'y a pas d'autres signes de vie humaine que d'étrange statues. Dommage qu'au cours de cette seconde partie, le roman se ramollisse un peu : les enjeux sont flous, puisque nos deux protagonistes se lancent dans une pérégrination sans but, dont la conclusion est prévisible. Il manque là-dedans une touche de sel, et la vision finale, qui se veut être l’apothéose, est un peu trop brutale et hors-sol pour être véritablement efficace.

Suit ensuite un autre texte, plus court, une nouvelle : Ils ont déchiré Son image (1963, publication posthume en 1982). Cette fois, le contexte est moyenâgeux. Au cours des premières pages, assez confuses, on comprend que le protagoniste entretient un lien étroit avec l'île, ou le monde, ou l'entité, de La montagne morte de la vie. Plus il se retrouve projeté dans une ville pouilleuse où un tyran s'évertue à répandre le sang et exacerber les bas instincts de la populace. C'est sombre, extrêmement sombre. Tout semble pourri, corrompu, et le protagoniste, bien que possédant des pouvoirs presque divins, ne tente même pas de sauver la ville, au contraire, il la sacrifie. Il se contente de quelques actes de pitié ou d'humour noir. Comme si même des capacités de surhomme n'étaient pas suffisantes pour décaper la crasse qui s'attache à l'humain. Michel Bernanos développe là un texte qui pèche peut-être par un début et une fin trop flous, mais il parvient néanmoins à instaurer une atmosphère oppressante et un rythme qui agrippe par son inéluctabilité.

Les avis de Nébal, TmbM.

2 commentaires:

  1. J'en ai aimé les deux moitiés : la première pour sa variation classique mais peu académique sur le thème du roman maritime, la seconde pour son aspect merveilleux et onirique.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et d'ailleurs La montagne morte de la vie serait une sorte de cycle, je me pencherai peut-être sur les autres textes.

      Supprimer