mardi 30 juillet 2019
The Wide, Carnivorous Sky and Other Monstrous Geographies - John Langan
Ayant été enthousiasmé par The Fisherman (2016), je m’intéresse à la fiction de John Langan en format court. Il a vraiment tendance à prendre des concepts usés jusqu'à la corde et tente d'y insuffler une vie nouvelle avec une forme originale. Pendant la première moitié du recueil il y parvient parfaitement, le niveau reste haut de façon permanente, avant, hélas, de chuter dans la seconde moitié sans parvenir à se relever. The Wide, Carnivorous Sky and Other Monstrous Geographies (2013) vaut le coup d’œil, mais je vais économiser ma curiosité pour la prochaine incursion de John Langan dans le format long avec, je crois, une trilogie.
Le premier texte, Kids, n'est qu'un amuse-bouche. Aucune histoire n'y est vraiment développée, c'est surtout l'occasion pour Langan de démontrer rapidement qu'il sait écrire. Ensuite, How the Days Runs Down parvient à s'emparer de façon constructive d'un thème on ne peut plus banal : les zombis. Dans la forme, c'est un peu comme une pièce de théâtre, avec un narrateur qui se tient sur scène. (D'ailleurs, il y a eu une adaptation sous ce format.) C'est le récit-cadre. Ce narrateur invite d'autres personnages pour des scènes plus ou moins longues, des fragments de vie dans le nouveau monde zombifié. Déjà, le thème zombi, à propos duquel je suis plus que sceptique, est exploré avec suffisamment de verve pour le faire passer sans déplaisir. La forme inhabituelle parvient quant à elle à être plus qu'une simple mascarade : petit à petit le récit évolue vers quelque chose de plus original.
On passe avec Technicolor à une exploration d'un autre classique : le conte macabre façon Poe. La forme, encore une fois, étonne : toute la nouvelle est le monologue d'un prof de lettres, ou d'anglais, face à une classe plus ou moins somnolente. Il commence par leur parler de Poe de façon réaliste, et Langan fait quelques clins d’œil à ses lecteurs qui, probablement, connaissent bien Poe. Mais rapidement on repart dans la fiction, à travers les inspirations supposées de Poe et ses tentatives pour retrouver sa jeune femme morte trop tôt. Et enfin, on revient dans le récit-cadre, où le narrateur révèle avoir quelques ambitions machiavélique. En plus de l'hommage à Poe, on sent que Langan, qui est lui-même enseignant, s'amuse à parodier sa profession. Dommage que les quelques phrases en français contiennent plusieurs fautes.
La nouvelle éponyme : The Wide, Carnivorous Sky. Encore une fois, un thème à priori classique, celui du vampire, remanié avec habilité. Celui-là est un vampire... de l'espace. Un groupe de soldats américains le rencontrent en Irak, et les survivants, après avoir pansé leurs blessures, se mettent en tête de régler définitivement son compte à la créature, en utilisant une sorte de lien télépathique qui les unissent à elle. Ici, la narration non linéaire est peut-être un peu too much, et je ne suis pas certain d'avoir bien saisit la fin, mais le thème du traumatisme post-guerre apporte une densité bienvenue. A part cette touche de modernité, on est clairement à la façon de Lovecraft dans la SF qui joue au fantastique (ou inversement), où une explication rationnelle semble à portée de main tout en restant insaisissable.
Pour le récit suivant, City of the Dog, on délaisse Poe pour toujours plus de Lovecraft. Une narration plus linéaire, un narrateur inadapté, un molosse agressif, des souterrains sous la ville, une forme de vie parallèle qui a ses racines loin dans le passé... Mais, contrairement à Lovecraft, Langan prend le temps de développer son jeune narrateur et ses déboires amoureux. Il y a aussi, comme dans The Fisherman d'ailleurs, une relation morbide à la féminité, hautement symbolique. D'ailleurs, j'ai moi-même écrit une petite nouvelle qui révèle ce genre de tensions sous-jacentes...
Rupture de la moitié du recueil : dans The Shallows, pastiche lovecraftien (encore). Pastiche original, néanmoins. Que se passe-t-il une fois que Cthulhu et compagnie redeviennent les espèces dominantes sur Terre ? Un beau chaos. Mais ici, le narrateur s'efforce de rester en contact avec le banal, avec sa vie passée. Alors que tout s'effondre autour de lui, que des grands (et petits) Anciens rôdent dans tous les coins, il raconte à son crabe de compagnie une longue anecdote de vie familiale qui date de l'époque où tout était normal. J’apprécie le concept de cette nouvelle, mais l'exécution ne convainc qu'à moitié, tant les deux narrations ne se répondent pas, d'autant plus que j'ai absolument pas compris le dernier paragraphe.
Avec The Revel, encore du classique rénové par une forme originale. Cette fois, il est question de loup-garou avec une tendance méta-narrative. La formule de Langan commence à apparaitre au grand jour et à lasser. June, 1987. Hitchhiking. Mr. Norris. vient secouer un peu les choses : c'est beaucoup plus court, et l'idée est bonne : un type capture des auto-stoppeurs pour, avec sa voiture, dessiner un symbole avec du sang sur une échelle extrêmement vaste. On en voudrait plus. La dernière nouvelle, Mother of Stone, est la moins bonne. Une histoire assez classique de possession et de « hantise », avec clin d'œil appuyé à Lovecraft. A cause de la forme choisie, celle d'une enquête longtemps après les faits, c'est beaucoup trop long pour le contenu, et il n'y pas de final satisfaisant.
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