samedi 7 octobre 2017
Water Knife - Paolo Bacigalupi
De La fille automate, du même auteur, je me souviens bien de l'univers, intelligent et inventif, mais pas du tout de la trame. Je sens que ça risque de faire pareil avec Water Knife.
Futur proche. Le sud des USA manque d'eau. Gravement. Phoenix sombre lentement sous la poussière, assaillit par la sécheresse. Vegas arrive à s'en sortir en usant de toutes sortes de coups fourrés pour garder le contrôle des lacs et des fleuves. La plupart de ses habitants vivent dans des arcologies, de grandes tours en vase quasi-clos, dont le but est de recycler la moindre goutte d'eau. Mais dehors, l'air est sec, et le sol aspire avidement le sang des réfugiés climatiques. Paolo Bacigalupi fait preuve une fois de plus d'un grand talent de worldbuilding. Cette vision du futur est proche, frappante, et surtout terriblement crédible. Plus un documentaire anticipatif que de la SF (mais n'est-ce pas la même chose ?). De ce coté, Water Knife est une grande réussite. Une foule de détails pertinents viennent renforcer la vision d’ensemble, comme ces sacs qu'on trouve partout et qui servent à filtrer la pisse de façon à pouvoir en récupérer l'eau et la boire. D'autres détails, comme cette obsession à appeler toutes les voitures des Tesla, sont plus discutables : c'est le genre de chose qui vieillira terriblement quand cette marque disparaitra.
Pour explorer son univers, Bacigalupi utilise trois personnages. Angel, un tueur au fond pas trop mauvais, homme de main au service de Vegas, chargé de d'intervenir avec plus ou moins de violence dans tout ce qui a un rapport avec la gestion de l'eau. Le water knife du titre. Une journaliste, dont j'ai oublié le nom alors que je viens de finir le bouquin il y a quinze minutes, qui s'acharne à rester à Phoenix couvrir l'effondrement de la ville, alors que contrairement aux locaux elle a les papiers pour se barrer. Et Maria, jeune texane paumée dans un monde de merde, prête à tout pour se barrer de Phoenix.
Ces personnages fonctionnent. Quand à l'intrigue, bon, il s'agit d'abord d'une visite guidée de l'univers, puis d'un thriller classique. Une longue course après un MacGuffin qui se retrouve là où ça arrange l'auteur, avec du sang, du sexe, du suspense. Là aussi, ça fonctionne. Mais sans plus. C'est trop long, trop bavard. L'auteur utilise beaucoup les dialogues pour meubler. Par exemple, la rencontre entre Angel et la journaliste : "Bouge pas, je vais te tuer !" "Non, tu n'oseras pas !" "Si, je vais le faire, sans déc !" "Trop pas !" "Trop qu'si!" La scène de sexe qui s'étire sur des pages entières, les personnages qui, même quand ils sont seuls, trouvent encore le moyen de faire des dialogues avec eux-mêmes... La trame est loin d’être assez riche pour justifier autant de texte.
Paolo Bacigalupi sait créer des univers importants, qui méritent le détour, mais on aimerait qu'il nous y conte des histoires de la même qualité.
488 pages, 2015, au diable vauvert
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