lundi 16 octobre 2017

Surface de la planète - Daniel Drode


Surface de la planète - Daniel Drode

De la SF qu'on peut rattacher au mouvement du Nouveau Roman, mais, pour plus de clarté, je préfère le terme roman expérimental. En gros, l'auteur se permet pas mal de néologismes, de libertés avec la mise en page et, plus globalement, une trame plus floue que nécessaire. Est-ce que ça fonctionne ? Pour l'écriture, oui. Pour un moment du moins. Le temps d'accepter qu'il faut, en tant que lecteur, fournir quelques efforts supplémentaires, on se laisse prendre au jeu de Daniel Drode. Jusqu'à un certain point. Si on sourit parfois devant de bonnes trouvailles, la plupart des étrangetés de mise en page sont parfaitement inutiles (si ce n'est la totalité) et donnent à l'ensemble un désagréable côté prétentieux. Et les quelques moments de brillance ne changent rien au fait que plus on avance dans le récit, plus on se sent embourbé dans une vaine confusion.

Surface de la planète a beaucoup de liens avec d'autres œuvres. Au début, l'humanité vit dans un monde souterrain, le Système, où chaque individu reste dans sa cellule, son attention absorbée par une sorte de flux d'information, la Vision. Voilà qui rappelle vivement La machine s’arrête de E.M. Foster (1909). Puis, quand le Système s’effondre inévitablement, les humains retournent errer à la surface la planète, d'où le titre. Ce n'est jamais plus qu'une errance, en effet. Il ne se passe pas grand chose. Les quelques réflexions pessimistes sur la civilisation humaine sont dans la lignée de Jacques Spitz ou Régis Messac, que Drode connaissait peut-être. On discerne une inquiétude environnementale, un cataclysme d'origine humaine ayant causé la migration en sous-sol. Puis, plus loin dans l'errance, on se rapproche du encore inexistant Stalker. La nature est parcourue d'un frisson mystérieux, d'anomalies venues d'on ne sait où. L'une de ces anomalies est un monde en deux dimensions tout droit sorti de Flatland (1884). Malheureusement on se saura jamais rien de ce monde, il se contente d’être là, pendant que le narrateur erre, erre encore, erre toujours.

J'aimerais aimer Surface de la planète. Mais, malgré beaucoup d'ambition, c'est tellement bancal. Un fond qui plonge doucement mais sûrement dans l'ennui se noie dans une forme souvent inutilement alambiquée, et on termine avec l'impression de sortir d'un charabia insensé.

1959, robert laffont

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