Dans des USA
soumis à une dictature militaire est organisée la longue marche.
Cent jeunes hommes de moins de 18 ans, tous volontaires, partent un
matin pour une randonnée dont un seul sortira vivant. Ceux qui
s'écroulent ou passent trop souvent en dessous de 6,5 km/h sont
immédiatement exécutés. Et avec ce point de départ ultra
simpliste, Stephen King fait des centaines de pages qui se dévorent
avec une facilité déconcertante.
Ce n'est pas
forcément un bouquin génial. Du contexte politique, on se saura
vraiment pas grand chose. Comme l'auteur lui-même, probablement. Les
discussions entre les ados partis faire ce suicide collectif ne
volent pas souvent très haut, entre blagues salaces et élucubrations
pseudo-philosophiques. Les thèmes qui parcourent le roman sont
surtout en rapport avec les préoccupations adolescentes attendues : l'apprentissage de la sexualité et le désir
d'intégration sociale. Le fil du récit est parfaitement prévisible,
c'est exactement ce a quoi le lecteur s'attend : tout le monde
crève petit à petit autour du personnage principal qui s'en sort,
et paf, fin.
Et pourtant,
il faut bien reconnaître que c'est diablement habile. Captivant. Ça
fonctionne. On se laisse prendre dans l'engrenage morbide de ce
battle royale où personne n'a obligé les participants à venir
crever sur le bitume. Eux-mêmes ne savent pas trop pourquoi ils sont
là. Comme dans un film d'horreur de type slasher, il n'y a pas
particulièrement de sens à tout ça (à part des pulsions suicidaires subconscientes) : juste de la sélection
darwinienne en accéléré. Et le lecteur y trouve un plaisir
semblable à celui des milliers de gens qui viennent sur le bord des
routes acclamer les marcheurs qui s'écroulent devant eux. Et en
bonus, on apprend quelques horreurs sur les habitudes culinaires
américaines. Rien que sur une double page : « bocal de
pâte de bacon », « tube de concentré de bœuf »
et « hamburger cru ». Ces détails sont sans doute les
plus terrifiants de tout le roman.
379 pages, 1979, le livre de poche
Sans doute l'un des romans du King où il démontre le mieux sa capacité à nous tenir en haleine avec une intrigue minimaliste...
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