vendredi 11 août 2017
Anthem - Ayn Rand
Anthem, c'est, comme prévu, de la pure idéologie. Dans un futur lointain, la société humaine est une sorte de communisme totalitaire et obscurantiste. Il est interdit d'utiliser le mot je, et le narrateur se réfère à lui-même en utilisant nous. Le narrateur est plus fort, plus musclé, plus courageux, plus beau et plus intelligent que tous les autres. Il se surprend à sortir un peu du système et a réinventer l'électricité dans son coin. Quand il veut présenter son invention à la société, il se fait réprimander et s'enfuit dans la forêt avec sa copine. Là, il tombe sur une maison de l'ancien monde où il découvrira à travers les livres les vertus du l'individualisme.
J'aime les dystopies, et j'ai pris plaisir à lire celle-ci. Pourtant elle est assez limitée. Déjà, ça fait assez vieillot. On se sent plus proche de La machine à explorer le temps (1895) que du Meilleur des mondes (1932). En effet le monde décrit est assez simpliste, voire terriblement caricatural. Rand veut tellement montrer que le collectivisme, c'est mal, qu'elle indique que la dernière invention notable des chercheurs de sa fiction est la chandelle... cent ans plus tôt. Comment une société aussi figée et allant contre les instincts naturels, comme le désir sexuel pour ne citer que le plus primaire, peut-elle subsister sur une échelle qui se compte en milliers d'années ? Sans changer de langage ? Et sans que les livres de l'ancien monde ne se décomposent ? L'ébauche de relation amoureuse est aussi plutôt pitoyable. La blonde de service est soumise à son maitre porteur de testicules, et pendant qu'il lit des livres, elle se regarde dans le miroir.
Quant à l'idéologie développée, un individualisme extrême, elle est contradictoire. Le narrateur monologue longuement sur la puissance du je, son désir de ne dépendre de personne, de vivre par lui-même et pour lui-même... Et pourtant il vit avec sa copine. Et pourtant il projette d'aller chercher d'autres personnes pour fonder une nouvelle société, et ensuite de conquérir le monde. Il veut tracer dans la pierre de sa forteresse la devise EGO. C'est oublier que la société qu'il a fuit avait elle aussi le désir de recouvrir la planète, et elle aussi avait gravée dans la pierre une devise qu'il méprise. C'est comme si Ayn Rand, traumatisée par la révolution communiste, ce qui se comprend, fantasmait sur l'exact inverse du communisme sans se rendre compte que non seulement son résonnement ne tient pas, mais surtout que ça ne vaudrait pas forcément mieux. Je suis quand même curieux de lire les romans suivants de Rand, que j'espère plus matures.
1938, Wikisource
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