mercredi 16 août 2017
The day of the triffids - John Wyndham
Avec un tel titre et une telle couverture, on imagine se trouver face une histoire d'invasion, des hordes de monstrueuses plantes submergeant l'humanité. Si les triffides sont bien ce genre de créature, elles ne sont pas réellement au cœur du récit. En fait, The day of the triffids est surtout proche de la vision moderne du genre zombie : l'humanité sombre dans le chaos et les zombies/triffides sont certes une menace sérieuse, mais l'intérêt se trouve surtout dans la façon dont les humains, individus comme groupes, font face à la situation et interagissent entre eux. De la même façon que les zombies sont stupides mais têtus et nombreux, les triffides inquiètent par leur entêtement et leur nombre.
Comme pour bien souligner dès le début que les triffides ne sont qu'une menace de fond, tout le premier chapitre est consacré à la véritable cause du chaos : une étrange comète lumineuse rend du jour au lendemain l'immense majorité de l'humanité aveugle. A moins que ce ne soit pas une comète, mais un dysfonctionnement des multiples armes de destruction massive qui trainent en orbite... Quoi qu'il en soit, le narrateur est épargné et, avec quelques autres, tente de survivre et de sauver ce qui peut l’être de la civilisation. Quant aux triffides, on apprend dans le premier chapitre qu'elles sont en fait sur Terre depuis un moment et, bien que dangereuses, elles font partie du paysage. Le problème, c'est que la société humaine qui les cultivait abondamment pour leur huile n'est plus là pour les tenir en laisse.
Les scènes du début se déroulant à Londres rappellent 28 jours plus tard. Des hordes d'aveugles errent dans les rues, pleurant de désespoir, se cognant maladroitement aux murs, pendant que le narrateur se fraie un passage parmi eux, bien conscient de son incapacité à les sauver. Puis viennent la faim et la maladie. L'homme redevient un loup pour l'homme, et les aveugles chassent les voyants pendant que ceux-ci tentent de s'organiser de façons diverses. Si le roman commence avec beaucoup d'humour, il s'enfonce rapidement dans la noirceur voire le morbide. Les ébauches de société s'effondrent pour la plupart, victimes des dures circonstances ou de leurs propres aveuglements idéologiques, aveuglements qui n'ont rien à voir avec le fait d'avoir des yeux fonctionnels. Certains s'accrochent désespérément aux anciennes traditions, d'autres choisissent de s'isoler en micro-communautés repliées sur elles-mêmes. Ceux qui voient à plus grande échelle tentent de fonder un système féodal et se tournent à nouveau vers la terrible notion d'honneur national, et les plus pragmatiques font table rase des systèmes de valeur du passé pour s'adapter rationnellement au nouvel ordre des choses. Le narrateur, quant à lui, se trouve sans surprise une copine. Mais cette relation est étonnamment bien menée : les personnages ne se lamentent guère, ils sont plein de ressources et font leur possible pour survivre en prenant des décisions logiques, et les quelques passages plus calmes et introspectifs sont habilement menés.
The day of the triffids parvient à s'imposer comme un récit apocalyptique d'une rare efficacité, mature, sombre et captivant. La modération dont fait preuve l'auteur dans l'usage de ses monstres, les triffides, est remarquable : Wyndham fait le choix clair de ne pas faire un simple roman d'aventure, mais d'explorer la désintégration de l'édifice sociétal humain. Un classique précurseur.
Petit détail : dans mon édition, qui est celle visible ci-dessus mais marquée par le temps, les pages entre la 176 et la 193 sont... inexistantes. Pas arrachées ou détachées, non, juste absentes. Du coup, j'ai en partie lu le livre en version pdf, aisément disponible sur la toile.
272 pages (théoriquement), 1951, penguin books
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire