samedi 5 mars 2016

Jouvence - Aldous Huxley


Jouvence - Aldous Huxley

J'aime penser que les personnages de ce roman sont des personnifications de divers aspects de l’esprit de Huxley. Le riche et puissant Stoyte, émotionnel et colérique, terrifié par la mort, vivant avec ses employés et domestiques dans sa grande maison. Pordage, l’intellectuel littéraire venu chez Stoye examiner un tas de vieux livres, ne parlant presque que par citations, aussi cultivé que soumis à sa mère et attaché à ses habitudes. Propter, le sage un peu mystique, menant une vie simple, qui cherche à comprendre le monde et à le changer. Obispo, le scientifique cynique recherchant pour Stoyte une cure à la mort, ne croyant en rien si ce n'est en ses désirs. Pete, son assistant, encore jeune et idéaliste, naïf mais plein de potentiel. Et Virginia, la jeune concubine de Stoyte, qui lutte entre ses quelques idéaux et la réalité de la vie sensuelle.

J'ai l'impression de dire toujours la même chose en parlant de ces romans de Huxley qui mettent en scène une troupe de personnages dont on suit les bavardages ou rêveries. On nage entre les genres, il y a une trame romanesque, avec amour, jalousie et mort. Il y a quelque chose qui ressemble à de la science fiction à travers cette thématique de l'immortalité. On est plein roman psychologique quand on suit les longs processus de pensée des protagonistes. Les monologues de Pordage nous font croire qu'on lit un recueil d'essais. Les caractères des personnages sont tracés à si gros traits et l'auteur est si impitoyable avec eux que c'en est satirique. Avec tant de variété, l'ensemble est un peu hétérogène. Mais après un passage légèrement ennuyeux on plonge ensuite dans un autre absolument passionnant. On a une impression d’œuvre complète, qui fait tout et le fait bien. Et qui finit sur un éclat de rire devant la peur de la mort.

433 pages, 1939, le livre de poche, titre original : After Many a Summer

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