samedi 26 mars 2016

Silo - Hugh Howey


Silo - Hugh Howey

Futur indéterminé. La surface de la Terre est inhabitable, corrosive et empoisonnée. Le silo est une sorte de bunker tout en hauteur accueillant les derniers représentants de l'humanité. Quelques milliers d'hommes et de femmes à la vie très structurée, ceux du haut ayant le pouvoir et ceux du fond s'occupant des machines. Cette organisation sociale fait un peu penser au Transperceneige, même si l'on est loin d'atteindre le niveau d'inégalité qui règne dans ce train. Le roman commence par une nouvelle autonome, qui pourrait se suffire à elle-même, mais grâce à son succès Hugh Howey a pu la poursuivre et en faire un roman (et deux autres d'ailleurs). Cette structure ne pose aucun problème, c'est un peu comme une grosse introduction.

Le silo en lui-même est une réussite. Même si une partie du roman fait un peu trop visite guidée, on se laisse prendre avec plaisir à la découverte de cet environnement et de son son organisation sociale. On n'est pas dans une dystopie, mais presque. L'écriture est simple et prenante, du genre sans style mais qui peut accrocher facilement pour des sessions de lecture d'une centaine de pages à la fois. Toute l'aventure contient son lot de surprises, de personnages variés et de diverses aventures.

Mais beaucoup de choses m'ont posé problème. Déjà, le coup du dernier bastion de l'humanité qui se révèle en fait ne pas être le seul, bon, ce n'est pas la première fois qu'on me fait le coup depuis Fondation. C'est même un cliché du genre (tiens, autre occasion de citer le Transperceneige). Pas mal de choses sont prévisibles. Oh, l’héroïne se prépare pour une longue session de plongée sous des tonnes d'eau, laissez moi deviner, elle va manquer d'air et remonter en catastrophe. Et oui, c'est bien ce qui se passe. Et le méchant tue des gentils pour prendre le pouvoir, mais ne vous en faites pas, il va payer à la fin. Et plus grave, c'est à mon sens toute la base du roman qui ne tient de pas debout. Disons que tous les problèmes du silo viennent d'un tas de mensonges qui, quand ils sont découverts, poussent les gens à tout casser parce qu'ils n'aiment pas qu'on leur mente, logique. Mais le problème, c'est qu'on nous affirme à plusieurs reprises que les créateurs des silos ont tout bien pensé et organisé pour qu'un minimum de problèmes se posent. Et ils ont apparemment décidé qu'il valait mieux mentir à tout le monde et se préparer à des conflits violents réguliers plutôt que de leur dire tout simplement « ok tout le monde, nous sommes les derniers survivants de l'humanité, à nous de préserver la vie humaine et son héritage culturel ». Mais pourquoi ? Est-ce que éduquer les gens autour de cette idée ne créerait pas au contraire une motivation, un but d'une importance capitale qui encouragerait une résolution pacifique des problèmes éventuels ? Dans le même ordre d'idée, pourquoi créer des dizaines de silos et les priver de tout contact entre eux ? Si l'un échoue, les autres seront toujours là, certes. Mais des sociétés de milliers d'individus isolées les unes des autres pendant des siècles ne peuvent pas manquer de diverger sur le plan du langage, de la culture, du système politique, de la religion... Et ainsi elles ne manqueraient pas d'entrer en conflit les unes avec les autres une fois de retour à la surface après 500 ou 600 ans de séparation. Allez, un dernier exemple. Un élément central de la vie au silo consiste à envoyer à l'air libre des rebelles potentiels nettoyer les caméras qui permettent de garder un œil sur l'extérieur, puis de les laisser crever, le tout avec un complexe système de manipulation que je ne vais pas décrire. Mais ces rebelles potentiels ne le sont que parce qu'ils vivent dans un environnement plein de mensonges ! Si la très simple vérité était expliquée et répendue, il suffirait d'envoyer quelqu'un nettoyer les caméras en sécurité dans une combinaison... et de le faire revenir. Sans tuer personne. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi qui que ce soit choisirait tous ces systèmes compliqués et voués à créer de de la violence plutôt que la simple vérité, qui serait une puissante motivation. Mais bon, je ne suis pas anthropologue.

Bref, je ne peux pas dire que Silo soit mauvais, loin de là. Je l'ai dévoré sans déplaisir en quelques jours. Mais il y a suffisamment de problèmes en tous genres pour que ce soit une lecture un peu frustrante. A vrai dire, ce roman m'a donné l'impression d’être un lecteur désenchanté. Je vois les grosses ficelles et les failles logiques. Je me demande quelle aurait été mon opinion sur ce roman si je l'avais lu adolescent, il y a 7 ou 8 ans.

558 pages, 2011, Actes Sud

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