Solaris est une planète qui abrite la vie. Enfin, une vie. Un organisme d'une taille démesurée qui prend la forme d'un gigantesque océan de matière vivante. Ce truc est-il ... intelligent ? Conscient ? Une discipline scientifique formée pour l'occasion, la solaristique, tente de répondre à ces questions. Mais le temps a passé, la recherche n'a guère avancé, et les hommes se désintéressent de Solaris. Quand Kris arrive sur la station de recherche de la planète, elle ne contient que deux ou trois scientifiques. Et quelques autres ... choses. Pas des aliens ou des monstres, non. Des humains, qui n'ont rien à faire là. Des êtres crées par l'océan à partir des souvenir les plus profond des occupants de la station. Voilà qui va créer des situations délicates. Ainsi, Kris se réveille un matin pour trouver dans sa chambre Harey, son amour de jeunesse, amour qui a très mal tourné. Elle est persuadé d’être elle même, mais sa mémoire est troublée, sa force surhumaine, son corps immortel ... Et les autres chercheurs de la station ont leur propres démons venus les hanter, dont on ne saura malheureusement pas grand chose.
Solaris a un rythme très lent, à l'image du film de Tarkovski (enfin, pas autant, heureusement). La quasi totalité du roman se déroule dans la station, où les personnages agissent bizarrement. Le manque de communication entre eux est assez incroyable. Kris erre dans les couloirs, nous raconte l'histoire de la recherche solaristique ou s'embrouille avec les autres occupants de la station. A ce propos, Harey est un personnage assez insupportable, le cliché de la fille ultra émotive et suicidaire qui passe son temps à pleurer. A part ce petit détail très subjectif, et si l'on accepte sa relative lenteur, Solaris est un récit assez brillant. L'homme est donc face au premier contact, un contact rendu impossible par les infranchissables différences entre lui et l'entité de Solaris. Que faire donc, si ce n'est brasser du vide et imaginer des interprétations anthropomorphiques du comportement de l'entité ? Mais cet être aussi veut communiquer, et n'y arrive guère mieux. Au lieu de donner aux hommes de la station des informations sur sa nature, il leur tend un miroir qui les oblige à se contempler eux même sous un jour douloureusement nouveau. L'exploration n'est plus tournée vers l'extérieur, mais vers l'intérieur, contre la volonté des hommes, qui veulent se débarrasser de ces miroirs. Kris essaie une autre solution : aimer cette version d'Harvey. Illusion, bien sur. Communication impossible avec l'entité, communication impossible avec les autres hommes, communication impossible avec l'objet aimé (ou que l'on désire aimer). Et le plus terrible, impossibilité se comprendre soi-même. Solaris m'est apparu comme un roman sur l'échec de la communication, l'échec de la compréhension, avec en prime une vision très intéressante du premier contact.
320 pages, 1961, Folio SF
Des années que je me dis que je vais le lire celui-là mais, justement, j'ai l'impossibilité à terminer le film de Tarkovski (j'ai juste essayé deux fois) qui me bloque. Je note du coup si ce n'est pas pareil.
RépondreSupprimerL'adaptation de Tarkovski est en effet assez ... particulière (Stalker m'avait plus convaincu, très lent aussi, mais sa beauté visuelle m'avait maintenu en éveil). Le roman est quand même un peu plus limpide. Moi aussi ça faisait des années que je voulais le lire, j'attendais juste d'avoir sous la main une édition sans George Clooney en couverture ;-)
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