lundi 22 juillet 2013
Trames - Iain M. Banks
Trames fait parti du cycle de la Culture. La Culture est une vaste société galactique extrêmement développée, libérée des contraintes matérielles, dirigée par des IA, hédoniste. La Culture tente de convertir les civilisations qu'elle rencontre à son point de vue, de façon pacifique si possible, en intervenant discrètement. Chaque tome est une histoire indépendante prenant place dans l'univers de la Culture.
Trames, tout comme Inversions, ne commence pas vraiment dans la Culture, mais dans une société à structure féodale située à des années lumières sur le plan technologique. Le prince Ferben assiste à la mort de son père, le roi, lâchement assassiné par son plus fidèle conseiller. Ferben, lui même passé pour mort, va partir bien loin en quête de soutien. Une vile trahison, un méchant bien identifié, une quête classique pour un jeune prince ... jusque là, on pourrait bien, à juste titre, ne rien voir de bien passionnant. Mais le truc, c'est que Sursamen, la planète qui abrite cette civilisation, n'est pas une planète comme les autres. C'est un monde artificiel, crée il y a des éons par une race disparue. Un monde artificiel creux, composé d'une quinzaine de niveaux différents, chacun abritant des espèces différentes. Notre prince Ferben et les siens occupent le huitième.
Outre l'aspect fascinant d'un tel artefact (sa description progressive est d'ailleurs captivante), cet état de fait implique que cette civilisation médiévale interagit avec un environnement artificiel, mais aussi avec les différentes races qui l'occupent. Ce sera l'occasion de se poser, entre autres, les questions suivante : comment faire cohabiter des civilisations si différentes ? Les moins avancées peuvent elles être autre chose que des divertissements pour celles qui auraient le pouvoir de les anéantir en un claquement de doigt ? Comment peuvent elles ne pas sombrer dans l’apathie si elles savent n’être rien à l'échelle de l'univers ? Pour revenir à Ferbin, il va aller chercher de l'aide auprès d'une sœur qui a quitté le huitième 15 ans auparavant, et qui travaille désormais pour Circonstances Spéciales, pendant que Oramen, son frère, essaie de ne pas se faire assassiner par le méchant traitre. Et petit à petit se dévoile une trame à l'enjeu plus important : pourquoi les octes (une race prétendant descendre des créateurs des mondes-creux) se mêlent aux guerres des niveaux 8 et 9 ? Qu'est ce qui se cache dans cette étrange cité peu à peu mise à jour par des chutes d'eau géantes sur le niveau 9 ? Et bien sur, la Culture et Circonstances Spéciales ne sont jamais loin.
Plus que jamais chez Banks, la galaxie foisonne de vie. On ne compte pas les différentes espèces et civilisations qui interagissent ensemble dans ce vaste chaos. Et à travers Ferben, son exploration intègre le point de vue d'une civilisation "jeune", ce qui apporte de nouvelles perspectives. La Culture est toujours aussi fascinante, Banks écrit toujours aussi bien et manie l'humour avec son doigté habituel ... Il n'est pas vraiment facile de rendre comte de l'alchimie particulière de Trames, car le roman est peut-être orienté un peu plus "aventure" que d'autres épisodes de la Culture, notamment Le sens du vent, mais le tout est si bien fait et intègre tant de considérations sociétales et philosophiques qu'il n'en est pas pour autant plus léger.
Bref, j'ai pris un énorme plaisir à la lecture de Trames. Je ne peut que lui reprocher quelques-une des parties concernant la société médiévale (les querelles de pouvoir entre princes et méchants traitres, merci bien), mais le roman a tellement d'autres atouts que cet aspect est aisément pardonnable. On a presque l'impression de voir une histoire de fantasy assez clichée intégrée dans un ensemble bien plus complexe (un divertissement pour races évoluées se retrouvant mêlé à une véritable menace ?). Et, soit dit en passant, l’épilogue est un régal. Banks est (ou plutôt, hélas, était) bel et bien un maitre de la SF. Et en bonus, on a à la fin du livre un petit essai de 30 pages sur la Culture, dans lequel Banks n'oublie pas son humour. La Culture, de tous les univers fictifs croisés jusqu'à présent dans les livres/films/jeux vidéos, je crois que c'est vraiment celui dans lequel j'aimerai vivre ...
820 pages, 2008, Le livre de poche
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