mardi 23 juillet 2013
Forteresse - George Panchard
J'ai stoppé ma lecture de Forteresse à la page 135. Pourtant, la plupart du temps, je termine les livres que je commence, et les rares fois où ce n'est pas le cas, je n'en parle pas ici. Mais Forteresse est un cas intéressant.
Le roman de George Panchard peut sans doute être qualifié de techno-thriller. Dans un futur proche (2039), Clayborne est le chef de la sécurité de Mannering, personnage à la tête de l'une des plus puissantes corporations de la planète. Un complot de grande envergure visant à assassiner Mannering se prépare. Chaque chapitre se déroule à une date particulière, et de façon non linéaire, cela est parfois un peu perturbant quand on doit revenir en arrière pour vérifier les dates. A part ça, Forteresse me semble clairement un bon thriller, bien construit et assez complexe pour captiver le lecteur.
Bon, personnellement, les thrillers, ce n'est pas vraiment mon truc, mais ce qui m'a vraiment fait décrocher de Forteresse, c'est ... disons l'univers et le ton idéologique général. Commençons par l’univers. Le futur des USA ? Prenez les deux plus gros clichés sur les américains, ils sont gros et chrétiens, et voilà, en 2039, l'Amérique du nord est devenue une théocratie dans la quelle l'obésité est la norme. Même genre pour le japon, rempli de ninjas, samouraïs, cerisiers en fleurs et codes de l’honneur très stricts. Et l’Europe alors ? Et bien elle sort d'une guerre civile contre les musulmans. Tout ça par la faute de la gauche laxiste qui n'a pas su empêcher l'invasion des barbus et qui propose des lois du genre "tout immigré commettant un crime sur le territoire national devait bénéficier d'une peine réduite du seul fait de son déracinement culturel". Heureusement que les gentils policiers et militaires ont sauvé l'Europe en formant des milices. Si le cas des USA est juste un gros cliché (la bière "Holy Cross light", sérieusement ...), celui de l'Europe est plus intéressant, car vraiment politiquement incorrect (Gromovar en parle mieux que je ne pourrai le faire). Intéressant, mais le tout est tellement appuyé que c'en est franchement lourd ("Trente ans et plus de capitulation, de lâcheté, de candeur suicidaire avaient fait le lit des barbus et conduit à la guerre" ou encore "Bien plus qu'un dirigeant d'entreprise, c'était un scientifique extrêmement brillant (...) même s'il était confit dans sa vertu sociale démocrate. Génial et un peu con."). De plus, le personnage principal est un agent de sécurité qui ne vit que pour protéger son chef (au début du roman, par la suite je n'en sais rien), et franchement, pas moyen de le trouver un poil intéressant.
Alors, la question se pose : suis-je un lecteur à l'esprit fermé qui ne recherche dans les livres que des idées consensuelles proches des siennes ? Je préfère garder l'espoir que ce ne n'est pas le cas. Mais de la même façon que je ne pourrai pas être ami avec une personne intelligente aux opinions très éloignées des miennes, les pages de Forteresse m'ont rapidement semblé bien lourdes à tourner, d'autant plus que ses idées (ou les idées des personnages), le roman les jette au visage du lecteur, de façon permanente et souvent tout sauf subtile (voir les clichés sur l'Amérique et les citations plus haut). Peut-être que je n'ai pas su prendre le recul nécessaire.
Ou alors c'était juste une mauvaise idée de me lancer dans Forteresse en sortant de l'utopie anarchiste de Iain M. Banks. Le choc aura été trop dur.
506 pages, 2005, Le livre de poche
Les avis probablement plus pertinents de ceux qui ont lu le livre en entier : Anudar, Gromovar, Xapur, Lorhkan, Bifrost ...
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