jeudi 18 avril 2013
Le Maitre et Marguerite - Mikhaïl Boulgakov
Écrit sur une période de plus de dix ans par Mikhaïl Boulgakov sous la dictature Stalinienne, Le Maitre et Marguerite n'a pu paraitre que bien après la mort de son auteur. On en apprend plus sur sa vie dans la longue introduction, écrite par l'un de ses amis, qui pourrait presque passer pour une nouvelle, et qui se révèle donc très agréable à lire en plus d’être instructive.
Le Maitre et Marguerite est un roman peu banal. Il est franchement compliqué d'essayer d'en extraire une trame claire, ou même un personnage principal. Tout commence lorsque deux hommes de lettres, se baladant tranquillement, rencontrent un mystérieux étranger, qui sera au cœur de tout le roman. Les deux hommes soutiennent que Jésus n'a jamais existé, et l'étranger affirme le contraire. Ce dernier, qui comme on l'apprend plus tard se nomme Woland, semble particulièrement bien informé sur le sujet, puisqu'il se met à raconter la vie de Ponce Pilate, gouverneur de Jérusalem responsable de la condamnation de Jésus. On retrouvera Ponce Pilate dans plusieurs chapitres, tout au long du roman. Et ce Woland, on comprend ensuite qu'il s'agit de Satan. Rien que ça. Satan est donc l'un des principaux protagonistes du roman de Boulgakov. Et on ne va pas s'en plaindre, car c'est lui et ses quelques compagnons qui seront à origine de l'avalanche d’événements étranges et surnaturels qui vont semer le chaos à Moscou. La première partie du roman nous fait suivre une vaste troupe de personnages confrontés à ces événements, ce qui amène son lot de situations aberrantes et souvent hilarantes, tandis que la seconde se concentre sur la quête de Marguerite à la recherche de son amant, le Maitre. Marguerite qui, en passant, sera notamment amenée à jouer les hôtesses lors d'un bal organisé par Woland, alias Satan.
Satan n'est en aucun cas associé à la classique image du mal absolu, bien au contraire. Burlesque, voir attachant, il est surtout l'image du chaos, semant parfois la mort, parfois la renaissance, et toujours l'incertitude et la folie. L'homme moderne et cultivé, assuré de la structure logique du monde, ne peut que tenter vainement de rester sain d'esprit en trouvant des explications abracadabrantes aux événements. On comprend que ce roman soit à l'origine de la chanson Sympathy for the Devil des Rolling Stones.
Le Maitre et Marguerite est une symphonie chaotique et burlesque qui n'oublie pas de dénoncer les maux de son temps, pleine d'humour et d'amour comme de mort et de tragédie. Enfin, surtout d'humour. Un régal.
640 pages, écrit entre 1928 et 1940, Pavillon Poche Robert Laffont
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J'ai succombé moi aussi au charme satanique de ce roman peu ordinaire et tellement foisonnant, tellement drôle..
RépondreSupprimer"charme satanique" ... Expression adaptée pour définir ce roman !
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