jeudi 14 mars 2013
Spin - Robert Charles Wilson
Spin, c'est quand même un gros morceau. J'en entend parler depuis quelques temps comme étant le meilleur roman de SF de ces dernières années, un incontournable. Je ne connaissais pas encore Robert Charles Wilson, alors face à une telle réputation, il fallait bien que ça change.
Spin, comme souvent dans les romans de SF, c'est avant tout un concept. Ici, le spin en question, c'est une membrane qui tout d'un coup apparait autour de la Terre, coupant notre chère planète du reste de l'univers. Le spin, en plus de cacher les étoiles, a l'effet d'un gigantesque congélateur : à l'intérieur, le temps s'y écoule des millions de fois moins vite que dans le reste de l'univers. Ce n'est pas sans causer quelques problèmes, le principal étant que le soleil risque en prenant de l'age de rendre la Terre invivable d'ici seulement quelques décennies (selon l'échelle de temps ralenti par le spin). Et surtout, d'où sort ce truc ? Cela doit bien venir d'une forme d’intelligence ... Et quel est son but ? Bref, quelques interrogations métaphysiques sont à prévoir. Surtout que l'état nouveau de la Terre permet de rendre possible les idées les plus folles. Terraformer Mars prendrait un temps fou, mais à l'échelle de temps de la Terre sous spin, ce ne serait le travail que de quelques années ...
Tout cela, c'est, disons, le "contexte SF" du roman. Cependant, Spin a la particularité d’avoir une narration particulièrement humaine. Pas de voyage renversant dans l'espace ou le temps comme par exemple chez Stephen Baxter. Ici, tout est vu depuis la Terre et nous est raconté par le narrateur : Tyler Dupree. Tyler a grandit avec deux faux jumeaux. Jason, élevé pour être l'héritier de son père, un homme aussi puissant que déterminé, sera une fois adulte responsable, en gros, de la gestion mondiale du Spin. Quand à Diane, elle suivra le chemin de la religion, tout en entretenant des relations assez troubles avec Tyler. La narration est globalement linéaire, mais est environ tout les trois chapitres interrompue par une trame se déroulant chronologiquement plus loin dans le récit. Comme on s'en doute, les deux trames se rejoindront à la fin. Cette construction est parfaitement maitrisée, et il en va de même avec les personnages, qui sont profondément humains et crédibles, avec leurs tourments et leurs faiblesses. De même, l'humanité en général est faible : face à la perspective de leur fin, nombreux sont ceux qui cèdent à la peur et au désespoir, créant ainsi un certain chaos (chaos fort plaisant pour le lecteur). Je reprocherait tout de même au livre une morale écologique un peu facile, qui nous dit que l'humanité ne prend pas soin de sa planète et que du coup on va tous mourir. Enfin, c'est vraiment histoire de trouver un truc à critiquer. Et de toutes façons, malgré tout, quand l’humanité se voit offert la chance de tout reprendre à zéro, elle ne semble pas vraiment se souvenir des erreurs de passé ...
Bref, je n'irai pas jusqu'à qualifier Spin de chef-d’œuvre. Il manque peut être un petit quelque chose à mon gout, notamment une fin plus marquante ... Mais c'est chipoter : Spin reste un excellent roman, intelligent et parfaitement maitrisé, bien difficile à lâcher une fois en main. Les amateurs du genre devraient se régaler. Et les autres aussi, puisque Spin doit, il me semble, son énorme succès à sa sobriété et à son traitement très humain, éléments qui le rendent relativement accessible à un lectorat non habitué à la SF.
608 pages, 2005, Folio
Bien qu'il soit le premier tome d'une trilogie prolongée par Axis et Vortex, Spin peut se lire seul.
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