Comme la plupart des gens, j'ai découvert Franck Herbert avec le cycle de Dune. C'était à l'époque où je me jetais franchement dans la SF, avec pour ambition de prendre un bon départ en lisant les cycles Fondation, Hyperion et Dune. Et contrairement aux deux premiers, Dune ne m'a vraiment pas enthousiasmé. Déjà, on a plus l'impression de lire de la fantasy que de la SF, à cause de l'organisation sociale de la planète et des magouilles familiales omniprésentes, mais surtout, l'histoire sombre progressivement dans un blabla mystico-philosophique franchement insupportable. J'ai abandonné au milieu de l’avant dernier tome. Mais comme je suis sympa, je donne une seconde chance à Franck Herbert avec ce petit recueil qu'est Champ Mental.
- Il est indiqué en quatrième de couv' que la première nouvelle, Essayez de vous souvenir (1961), donne le ton au recueil. Et bien franchement, j'espère que non, parce qu'elle est vraiment nulle. Il s'agit de celle illustrée sur la couverture : un immense vaisseau spatial se pointe dans le désert, et menace de détruire l'humanité si celle-ci de parvient pas à communiquer avec ces nouveaux venus. Déjà, il est à noter que l’héroïne a parfaitement intégré les normes sexistes de son époque. Entres autres, elle passe son temps à chouiner, se réfère à son défunt mari comme à son maitre à penser et se dit ce genre de truc : "Mais que peut faire une femme seule face à d'aussi impitoyables comploteurs ?". Ensuite, le pitch est sympa, mais pas vraiment bien traité. Les scientifiques sont censés être sur place depuis sept mois, pendant lesquels on a l'impression que rien ne s'est passé, et surtout, tout le monde se comporte de façon totalement stupide. Même les aliens. Et le pire, c'est la conclusion, qui prend la forme d'une envolée mystique aussi ridicule qu’indigeste.
- Heureusement, la seconde nouvelle, Meurtre vital (1970), relève le niveau (ce qui, en même temps, n'était pas vraiment compliqué). Tout son intérêt vient de l'entité qu'elle nous fait suivre : un parasite qui vole les corps de diverses espèces vivantes. Il a même vécu sur d'autres planètes, en utilisant comme hôte d'autres formes de vie intelligente. Mais cette fois, il semble bien que quelques humains soient à sa poursuite. L'ensemble est parfois assez confus, mais se laisse lire sans souci.
- Je ferai ce même reproche de manque de clarté à Champ Mental (1962). L'histoire se déroule dans un futur lointain dans lequel l'humanité est totalement inhibée contre la violence (je ne suis pas sur d'avoir tout saisi). Bref, voilà qu'un beau jour un "ancien" est ramené à la vie, pour aider à mieux comprendre de vielles armes entreposées dans des souterrains. C'est pas franchement passionnant, ça ressemble au synopsis confus d'un roman.
- Martingale (1973) fait moins de dix pages, et malheureusement, n'a pas le temps de se développer suffisamment. Dommage, ce concept d’hôtel étrange retenant ses occupants prisonniers pour les soigner de leur addiction aux jeux de hasard pouvait être intéressant, mais la fin arrive juste quand on commence à comprendre de quoi il s'agit.
- Dans Chiens Perdus (1954), un virus décime tout les canidés de la terre. Un scientifique se fait aider par des extraterrestres pour trouver un remède. Bof bof. Encore un texte passable.
- Le comité du tout (1964) est un peu plus intéressant. Lors d'un procès, un éleveur révèle au monde qu'il a crée une arme extrêmement simple à fabriquer capable d'anéantir une armée, et il a fait en sorte que chacun puisse en posséder une. En fait c'est ce qu'il souhaite. Ben oui, si chaque personne sur Terre possède une puissance de feu capable d'anéantir des nations, la paix va régner, puisqu'il va falloir apprendre à respecter les autres. Logique, n'est-ce pas ? Une idée quelque peu nauséabonde qui semble toujours d'actualité pour certains.
- On termine avec Selon les règles (1966), un texte franchement opaque qui essaie vainement de nous impliquer dans la réparation d'un espèce de système de transport interstellaire. Pour le fun, j'en extrait une petite description de l'épouse parfaite : "Ç'avait été une bonne épouse, Jennie. Elle avait élevé Lisa sous les dômes de plastique de Mars et était restée aux cotés de son homme jusqu'à ce que l'air en conserve et la vie rude finissent par avoir raison d'elle."
Bon, ce n'est pas ce recueil qui m'aura réconcilié avec Franck Herbert. Même s'il s'y cache quelques trucs intéressants, l'ensemble est plus que passable. Il n'est pas difficile de trouver des nouvelles de SF bien plus intéressantes. Ici ou là par exemple (certes, ce n'est pas la même époque, mais c'est à des années lumières niveau intérêt).
253 pages, Pocket
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