mercredi 27 mars 2013
L'éternel mari - Dostoïevski
L'éternel mari, roman assez court restant souvent dans l'ombre des pavés les plus connus de Dostoïevski, pourrait passer pour une œuvre de jeunesse. Et bien pas du tout : il a été rédigé entre L'idiot et Les démons. Et cela se ressent, car contrairement au Double, qui est vraiment une œuvre de jeunesse, L'éternel mari est parfaitement maitrisé.
Assez étonnamment, ce roman semble plus pencher du coté du vaudeville que du drame. On y retrouve un classique triangle : le mari, la femme et l'amant. Sauf que l'action se déroule longtemps après que l'amant ait cessé d'en être un, et même après la mort de la femme. L'ex-amant, Veltchaninov, en pleine crise psychologique, va recroiser par hasard (ou pas) le mari endeuillé, Troussotzky. Est-il au courant de l'infidélité de sa femme ? Que veut-il vraiment ? Il se trouve qu'il est également venu avec sa fille, qui n'est peut être pas la sienne. Dans L'éternel mari, le ton est certainement un peu plus léger que dans la plupart des œuvres de l'auteur. Mais même du Dostoïevski léger reste très riche et complexe, toujours intéressant et captivant. Et comme toujours, il y a quelques scènes particulièrement géniales. Ici, la plus marquante à mon gout, c'est celle où Veltchaninov, l'éternel mari en question, se fait totalement humilier par des gamins. Il veut se remarier avec une fille de 15 ans, mais celle-ci ne se laisse pas faire : avec l'aide de ses amis, à l'occasion d'une séance de jeux en plein air, elle montre tout son mépris à Veltchaninov, homme faible qui ne peut qu'enrager dans son coin. Comme toujours chez Dostoïevski, on rit, mais d'un rire grinçant, au détriment des personnages.
L'éternel mari à beau être un roman mineur en comparaison des monstres littéraires que nous a offert Dostoïevski, il n'en reste pas moins de très grande qualité. Un fort bon choix quand on a envie de lire du Dostoïevski sans avoir le temps de s'enfiler mille pages écrites en petit caractères. Et en bonus, le commentaire de l’œuvre est pertinent tout en étant bref. L'occasion d'apprendre que Dostoïevski a écrit ce roman en trois mois, principalement de nuit, alors qu'il vivait presque dans la misère en Europe.
240 pages, 1870, le livre de poche
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