mardi 5 mars 2013
Un rêve d'Armageddon - H.G. Wells
J'ai découvert H.G. Wells avec le chef d’œuvre qu'est La machine à explorer le temps. Une véritable pépite. J'ai ensuite lu La guerre des mondes et L'ile du docteur Moreau, qui ont un peu plus subis le passage du temps mais restent très bons. Le petit livre ici présent contient quand à lui deux nouvelles partageant une même ambiance onirique.
Dans La porte dans le mur, un ministre évoque un problème qui le tourmente depuis son enfance. Il se souvient avoir par hasard découvert une porte menant à un monde fantastique et merveilleux. Malheureusement, après y avoir gouté bien des plaisirs, la réalité l'a rattrapée. Puis, pendant le restant de sa vie, il lui est arrivé à plusieurs reprises de croiser à nouveau cette fameuse porte, qui semble n'apparaitre qu'aléatoirement (si elle existe vraiment). Cependant, poussé à chaque fois par les mornes nécessités de sa vie d'homme fort occupé, il est à chaque fois passé à coté sans l'ouvrir. Cette vision d'un homme hanté par un monde idyllique découvert pendant son enfance n'est pas sans me rappeler le cas de Randolph Carter dans La clé d'argent de Lovecraft. Quoi qu'il en soit, on a ici un récit onirique assez sombre, remettant en question l'importance des honneurs et des satisfactions qui font le le charme de la vie réelle.
Un rêve d'Armageddon, c'est le récit que fait un homme à un autre de ses rêves. Ces rêves, à vrai dire, n'en sont pas vraiment : ils ont une telle force, un tel impact, qu'ils prennent souvent plus de place que la vie éveillée du rêveur. Dans ces rêves, situés quelques centaines années dans le futur, le rêveur est un homme de pouvoir, l'un des leaders d'une vaste nation totalitaire. Cependant, il a renoncé à sa position pour une vie de plaisir en compagnie de la femme qu'il aime. Bien sur, cela ne peut être aussi simple. Il était le seul à pouvoir réfréner les ardeurs du dirigeant de son pays, et maintenant qu'il n'est plus là, ce dictateur se sent venir des envies de guerre. Il pourrait encore faire marche arrière, renoncer à son amour pour aller régler la situation : il est le seul homme à pouvoir empêcher la guerre. Mais il choisit de rester avec la femme qu'il aime. Et la guerre éclate. Si le précédent récit ne se distinguait pas par son optimiste, celui-ci est terriblement pessimiste. Il dépeint un monde où l'homme doit choisir entre le bonheur véritable et ses énormes responsabilités. Mais ici, aucun choix n'est le bon. La guerre semble être un mal inévitable, inhérent à la civilisation, qui d’ailleurs est toujours dirigée par quelques hommes ivres de puissance tenant entre leurs mains la vie de centaines de millions d'autres.
Ces deux nouvelles partagent plusieurs points communs : à chaque fois, un homme puissant est confronté à un rêve inaccessible, qui finalement sera sa perte. Deux bons textes oniriques et pessimistes, servis par le style simple et fluide de Wells.
109 pages, Folio
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