A l'image de Weird Tales, Unknown était un magazine publiant des textes oscillants entre fantastique et science fiction. Et à l'image de Weird Tales, la qualité était au rendez-vous ! Du moins, c'est ce qui nous est affirmé dans l'introduction. Hop, je m'empresse de vérifier ça à travers ces quelques textes publiés entre 1939 et 1942.
- On commence tout de suite dans le bizarre avec Hier, c'était lundi de Theodore Sturgeon. Un beau matin, un mécanicien se réveille un mercredi tout en sachant pertinemment que la veille, on était lundi. Et en allant au travail, il se rend compte que des centaines de petits hommes sont occupés a vieillir à la main tout les objets de la ville : cabosser les pare chocs, déposer de la poussière, faire des accrocs dans les murs ... C'est bizarre, et tant mieux : c'est très bon, et plutôt marrant.
- Armageddon de Frederic Brown (que je connaissais déjà avec le sympathique Martiens, go home) ne fait que 10 pages, mais cela suffit pour raconter cette histoire d'enfant sauveur de l'humanité avec un ton très humoristique.
- Régime sec, de H.L. Gold, est une nouvelle que j'ai vraiment adorée. Un homme parti à la pèche pour fuir son insupportable famille s'embrouille avec un gnome marin et se retrouve affligé d'une terrible malédiction : désormais, l'eau le rejettera. Cela signifie que s'il essaie de se laver les mains, l'eau du robinet fera des détours pour l'éviter, ou encore que s'il essaie de prendre un bain, l'eau de sa baignoire inondera la salle de bain pour le fuir. Sans parler du simple fait de boire ... Le concept est très sympa, mais surtout, c'est très drôle. Le pauvre héros pas très malin se retrouve dans des situations impossibles, et j'ai bien rigolé. Un très bon texte.
- La nouvelle suivante, Ces gens là, est de Robert Heinlein, que j'avais découvert avec Étoiles, garde à vous (alias Starship Troopers), roman qui m'avait dégouté de son auteur à cause de son idéologie militariste nauséabonde (contrairement l'adaptation cinématographique par Paul Verhoeven que ne peut m’empêcher de vivement recomander dès que j'en ai l'occasion). Cependant, cette nouvelle m'a fait nuancer mon jugement. On y suit un paranoïaque enfermé dans un asile, et au fil de ses réflexions, on en vient presque à être d'accord avec lui ...
- Pleine Lune, de Manly Wade Wellman, a pour personnage principal ... Edgar Allan Poe ! Alors qu'il est en quête d'inspiration, Poe va enquêter sur une étrange rumeur d'enterrement prématuré. Cette nouvelle est agréable grâce à celui qu'elle met en scène, sinon il s'agit d'une histoire de vampire un peu trop classique par rapport à ce qui précède pour vraiment convaincre.
- Un mec préhisto, de L. Spargue de Camp, nous propose comme son titre l'indique une rencontre avec un homme préhistorique. Ce dernier vivait il y a 50000 ans quand un éclair l'a frappé ... le rendant immortel. Et voilà qu'une anthropologue tombe sur lui par hasard. Cette nouvelle a vite triomphé de mon scepticisme, elle tout à fait maitrisée et très marrante. Cet homme de Neandertal est vraiment sympathique, et s'il a réussit à survivre jusqu'ici, peut être qu'attirer sur lui l'attention de scientifiques n'est pas un bon moyen de continuer dans cette voie ... Un très bon texte, décalé et drôle.
- Le psychomorphe de E.A. Grosser est le moins bon texte de l'anthologie jusqu'à maintenant. Cette histoire de créature adaptant sa forme en fonction de chaque personne n'est pas crédible, l'ensemble n'est pas vraiment convainquant. Pas nul, donc, mais largement inférieur à tout ce qui précède.
- Heureusement, avec La cape de Robert Bloch, on retourne bien vite dans la qualité. Un homme invité à une réception costumée se retrouve dans une obscure boutique pour se procurer un déguisement. Et voilà que l'étrange propriétaire lui propose une cape de vampire, soit disant authentique ... Cette cape ne va pas le transformer en vampire, mais lui en donner le comportement et l'apparence. C'est vraiment très bien écrit, les situations sont souvent savoureuses, tout comme les dialogues. Et, encore une fois, l'humour fait mouche.
- Dans La colline et le trou, de Fritz Lieber, une colline semble en fait être un trou ... ou est-ce l'inverse ? Quoi qu'il en soit, il y a quelque chose de louche là dessous. Un bon texte, qui ne fait pas partie des meilleurs de l'anthologie, mais un bon texte tout de même.
- Dans Profession: demi-dieu de Nelson S. Bond, un homme raconte comment il est passé du statut de musicien à celui de dieu olympien. Encore un texte sympatique qui se laisse lire tout seul.
- Et pour finir, La troisième porte de Henry Kuttner met en scène un homme qui compte invoquer un démon et triompher de lui par la logique et la force de son esprit. D'après les termes du pacte, ses deux vœux se réaliseront quand il passera sous deux portes de certaines couleurs. Et quand il passera la troisième porte, dont il ne connait pas la couleur ... il se fera dévorer par le démon. Il va donc essayer de triompher du démon par l'art de la manipulation pour connaitre la couleur de cette porte. Un fort bon texte pour conclure le recueil.
Cette petite anthologie qui n'a l'air de rien contient donc presque exclusivement des bons textes, et mêmes plusieurs qui sont plus que bons. C'est toujours orienté vers le bizarre et le décalé, non sans une bonne dose d'humour. Une très bonne lecture pour l'amateur du genre que je suis, donc.
285 pages, J'ai lu