mardi 8 octobre 2019

Who was changed and who was dead - Barbara Comyns

Who was changed and who was dead - Barbara Comyns

Who was changed and who was dead (1954) est un étrange et enthousiasmant petit roman. L'action commence dans un village d'Angleterre frappé par une crue. Les canards rentrent en nageant par les fenêtres, et c'est l'occasion de présenter une famille où règnent quelques tensions. De la grand-mère tyrannique à la petite dernière métisse à cause d'une infidélité de la mère, en passant par le père paresseux et sa grande fille qui n'a donc guère de parent modèle, le casting est nombreux et fort bien campé. Même si la famille reste le cœur de l'histoire, on découvre aussi le village. On est dans une chouette ambiance de satire sociale à la fois croustillante, presque extravagante, et sensible.

Tout l'ordre social est chamboulé quand une mystérieuse épidémie se répand dans le village, semblant frapper au hasard et rendre les gens fous. Je ne savais presque rien du roman en le lisant, et à quelques moments on semble frôler un ton véritablement horrifique, mais Barbara Comyns ne s'y lance jamais. La véritable horreur est celle de la folie des masses qui cherchent un bouc émissaire. Le sang coule, les cadavres s'entassent, c'est dramatique et cocasse, et les tensions familiales se creusent. Finalement la crise se résout, et la normalité reprend ses droits presque instantanément : illustration de l'insurmontable adaptabilité de l'humain. On peut sans doute y voir une allégorie des deux guerres mondiales.

Ainsi la parenthèse de violence aiguë est entourée par les petits drames de la banalité. L'écriture de Barbara Comyns est plus qu'efficace. Elle développe et fait évoluer un nombre impressionnant de personnages en peu de temps, sautant avec aisance de l'un à l'autre, avec une concision stimulante qui honore l'intelligence du lecteur en lui épargnant tout étoffement superflu. Tous sont faillibles, voire plus que faillibles, et la danse de leurs motivations est rythmée et assaisonnée par un humour d'autant plus juste qu'il est en perpétuelle résonance avec le macabre. Le titre semble raconter toute l'histoire : ou bien on meurt, ou bien on change. L'un ou l'autre de ces destins attend tous les personnages.

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