mercredi 12 septembre 2018

The Power of Habit - Charles Duhigg


The Power of Habit - Charles Duhigg

Le point fort de ce bouquin, c'est la façon dont il raconte et entremêle une grande variété d'histoires réelles pour faire apparaitre des schémas généraux. Ces histoires concernent les habitudes d'individus comme de grandes organisations, et sont épicées par quelques recherches scientifiques. Au final, le résultat n'est pas aussi dense en données scientifiques qu'on pourrait l'espérer mais se lit comme un bon roman. Certaines histoires sont moins intéressantes que d'autres. Par exemple, cet hôpital où se multipliaient les accidents : et bien oui, ils avaient de mauvaises habitudes et une mauvaise organisation, et en y travaillant, ils parviennent à les changer. D'autres sont captivantes, comme la façon dont la chaine de supermarchés Target construit des profils personnalisés de ses clients pour cibler leurs habitudes individuelles, ou comment le PDG d'Alcoa a pu bouleverser positivement l'intégralité de l'entreprise en s'attaquant au problème de la sécurité des employés, ou encore la façon dont un prêtre a pu rencontrer un énorme succès en implantant chez ses ouailles des habitudes sociales, pour associer la pratique du christianisme à la vie sociale quotidienne (p.237). Vraiment, le soin apporté à la construction de The Power of Habit est remarquable : tout s'entremêle et se répond à merveille, ce qui procure un vrai plaisir de lecture et fait oublier un certain manque de fond. Aussi, c'est très... américain. C'est à dire que ça parle de football américain et de super PDGs de gentilles multinationales. Quelques passages me font frisonner, notamment quand un employé de Starbucks qui avant de rejoindre l’entreprise avait des habitudes négatives dit : « Starbucks is the most important thing that has ever happened to me. I owe everything to this compagny. » Ou quand l'auteur conclut sur les tactiques marketing de Target en disant : « It was really helpful that Target was sending me exactly the right coupons for what I needed to buy. » Mouais. Je relève ci-dessous quelques points marquants.

  • Tout le livre repose sur le concept de boucle d'habitude. Une habitude est déclenchée par un signal : par exemple un ennui soudain. Puis viens la routine, l'habitude en elle-même : par exemple se ronger les ongles. Puis c'est la récompense : dans ce cas, la stimulation provoquée qui annule l'ennui. Pour changer ses habitudes, la première chose à faire est d'identifier ces trois étapes : la connaissance permet l'expérimentation.
  • Ensuite, la façon la plus aisée de changer l'habitude est de conserver le signal et la récompense, mais de modifier la routine que l'on cherche à éviter. Dans notre exemple : le signal reste l'ennui, la récompense reste la stimulation, mais la routine peut devenir faire dix pompes ou aller papoter avec un collègue. (p.62, 72)
  • Les habitudes ne sont pas la même chose que la mémoire. Ainsi, même un homme dont le cerveau malade est incapable d’enregistrer des faits nouveaux est capable de construire des habitudes. Il est incapable de dire où se trouve la cuisine de sa maison, il ne s'en souvient pas, mais si il a une petite faim, il peut y aller instinctivement sans se tromper de porte. (p.15, 22)
  • Le sentiment d'être en contrôle de ses actions augmentent de façon considérable le bien-être au travail, et même la productivité. Donner à chacun une plus grande indépendance et des capacités décisionnelles. (p.151)
  • Les événements qui bouleversent une vie augmentent grandement la probabilité de changement de routine. C'est pour cette raison que les commerciaux ciblent particulièrement les couples sur le point d'avoir un enfant : il est plus facile dans une période aussi tendue de leur inculquer de nouvelles habitudes d'achats qu'ils maintiendront quand leur vie sera redevenue plus routinière. (p.192)
  • Le cerveau humain aime les choses familières. C'est ce qui explique que quelqu'un qui écoute des radios musicales peut rester à l'écoute d'un morceau qu'il n'aime pas tant que celui-ci est familier, mais rejettera tout ce qui n'est pas familier. Ainsi, pour rendre le différent familier, il faut le camoufler entre des choses familières et le répéter. De cette façon, l'esprit acceptera la nouveauté au fur et à mesure qu'elle deviendra familière. (p.204+) « If you dress a new something in old habits, it's easier for the public to accept it. » (p.210)
  • La notion de lien faible. Les liens faibles sont les liens entre les gens qui se connaissent, mais seulement de loin. Ces gens se croisent de temps en temps, partagent certains cercles, échangent quelques mots, mais rien de plus. Ces liens faibles auraient autant d'importance que les liens forts, car ils mettent en relation avec des gens qui sont susceptibles de fréquenter des milieux différents, offrant ainsi de nouvelles idées ou opportunités. Aussi, à l'occasion de services à rendre, les liens faibles sont aussi convaincants que les liens forts : car même s'il n'y a pas de lien d'amitié, refuser de rendre service serait socialement dommageable. (p.224)
300 pages, 2012, random house

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