lundi 23 avril 2018

L'ordre étrange des choses - Antonio Damasio


antonio damasio l'ordre étrange des choses

J'ai laissé tomber ce bouquin à mi-chemin, et d'habitude je ne prends pas la peine d'écrire sur les livres que je ne termine pas, mais j'ai quand même envie de prendre quelques notes sur celui-ci. En gros, Antonio Damasio défend la thèse selon laquelle les sentiments ont joué un rôle capital non seulement dans l'évolution des humains, mais dans l’évolution de la vie en général.

Le concept central de L'ordre étrange des choses est l'homéostasie : la force qui pousse la vie à se maintenir, à continuer d'exister, à se réguler de façon optimale. Dès le début, on est confronté à une définition des émotions et des sentiments qui diffère grandement de leur sens commun. Les émotions sont « la série des changements qui se produisent dans le corps et le cerveau » et les sentiments sont « la perception de ces changements. » Une fois ces définitions comprises, on voit en quoi les émotions participent à l'homéostasie : elles donnent au corps des informations indispensable sur son état interne et les menaces externes. Les émotions et sentiments négatifs indiquent des menaces pour l'homéostasie, alors que les émotions et sentiments positifs, globalement, sont le signe d'une homéostasie qui se porte bien.

L'auteur combat la vieille idée d'un esprit séparé du corps :
Les sentiments ne sont pas élaborés par le cerveau en toute indépendance. Ils sont le fruit d'un partenariat, d'une coopération entre le corps et le cerveau qui interagissent via des voies nerveuses et des molécules circulant librement. Cet arrangement particulier (et peu exploré) est agencé de telle manière que les sentiments viennent systématiquement perturber ce qui aurait pu être un flux mental complètement indifférent. Les sentiments naissent quand la vie est sur la corde raide : l'épanouissement d'un côté, de l'autre, la mort. Ils sont donc des secousses mentales, perturbantes ou merveilleuses, douces ou intenses. Ils peuvent nous stimuler subtilement, en nous permettant d'intellectualiser la chose ; ou alors de manière intense et manifeste, en attirant avec fermeté notre attention. [...] Telle est mon idée simple : les sentiments de douleur et de plaisir, depuis le bien-être (et ses différents degrés) jusqu'au malaise et à la maladie, ont peut-être été les éléments déclencheurs des processus de questionnement, de compréhension et de résolution des problèmes - caractéristique distinguant le plus nettement l'esprit humain de celui des autres espèces. (p.23)

Lors de l'évolution de la vie, un grand pas a été franchi quand les organismes sont passés de la simple capacité à détecter ce qui les entourait à celle se le représenter, c'est à dire qu'ils on pu produire ce que l'auteur appelle « une représentation privée de l'univers entourant leur système nerveux. » (p.112) C'est ce qui pave la voie aux sentiments, qui sont provoqués par trois causes.

Sentiments spontanés :
  • « L'écoulement de fond des processus vitaux dans nos organismes, qui sont vécus comme des sentiments spontanés ou homéostatiques. » Ces sentiments sont « la toile de fond naturelle de notre vie mentale. » Le « ronronnement » de l'organisme. « Les sentiments homéostatiques nous connectent directement aux rouages du monde intérieur. »
Sentiments provoqués :
  • « Les réponses émotionnelles déclenchées par le traitement d'une myriade de stimuli sensoriels, tels que les goûts, les odeurs, les stimuli tactiles, auditifs et visuels. »
  • « Les réponses émotionnelles résultant de l'assouvissement d'un besoin (faim, soif), d'une motivation (désir sexuel, jeu) ou d'une émotion, au sens plus conventionnel du terme, c'est à dire un programme d'action activé par une confrontation avec un grand nombre de situations parfois complexes (exemples d'émotions : joie, tristesse, peur, colère, envie, jalousie, mépris, compassion et admiration). » (p.113-114 et 154)

346 pages, 2017, odile jacob

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire