Vers 524 environ, Boèce, homme de lettres et de pouvoir, attend dans sa cellule son injuste condamnation à mort. C'est dans ces conditions qu'il écrit la Consolation de Philosophie. La Philosophie incarnée vient le voir dans sa cellule et entreprend de lui remonter le moral. Elle commence par lui faire remettre sa situation en perspective, dans un exercice de relativisation qui rappelle clairement les philosophies antiques, avant de petit à petit se tourner plus vers une théologie assez ennuyeuse pour le lecteur que je suis. Elle aborde le problème du mal (pourquoi le mal existe-t-il si l'univers est dirigé par une divinité bénévolente ?) et celui du libre arbitre (comment le libre arbitre peut-t-il exister en même temps qu'une divinité omnisciente est maitresse du destin ?), mais, surprise, sans guère apporter de réponse satisfaisante. Ainsi, la bonté serait sa propre récompense et la méchanceté son propre châtiment, et « ceux qui commettent l'injustice sont plus malheureux que ceux qui la subissent » (p.243). Il me semble que c'est une idée qui perd de sa force dans un univers où se trouve la divinité : en effet, puisque ces solutions proviennent de l'opinion, de la pensée humaine, la divinité n'a pas grand chose à voir là dedans. Ce livre semble occuper une place étrange dans l'histoire de la pensée, à mi-chemin entre la philosophie antique et la théologie chrétienne. Ainsi, selon Boèce, comme « Dieu est le bonheur même », « tout homme heureux est donc un Dieu » (p.181). Ce n'est pas un peu blasphémateur ça ? On croirait lire Épicure.
A noter que je ne conseille pas particulièrement cette édition : les passages en vers sont traduits d'une façon qui, je suppose, privilégie le sens à l'esthétique, et avec en plus une mise en page très mal foutue, ils sont plutôt pénibles à lire. Par exemple, cette traduction est, du moins pour les poèmes, bien plus agréable.
Tu t'es donné à la fortune pour qu'elle te dirige : il faut te conformer au caractère de ta maitresse. Or toi, tu tentes d’arrêter l’élan de la roue qui tourne ? Mais, mortel des plus stupides, si elle en vient à s'arrêter, elle cesse d'être la fortune.
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