vendredi 30 mars 2018
Génocides - Thomas Disch
L'humanité est gentiment éradiquée par des envahisseurs venus d'outre-espace. Un pitch on ne peut plus classique qui est traité d'une façon originale et réussie. Les envahisseurs, ils restent dans l'ombre. On ne sait strictement rien d'eux, si ce n'est que la Terre est apparemment un très bon terrain pour cultiver... la Plante. La Plante est un végétal qui prend la forme d'un arbre gigantesque. Extrêmement invasif, il se répand partout, extrêmement rapidement, et résiste à la plupart des assauts humains. Après sept ans de culture et une élimination systématique des formes de vies locales par des drones, les aliens inconnus sont prêts pour leur première récolte.
Au milieu de ce monde qui tourne mal, une petite communauté paysanne tente tant bien que mal de survivre. Pour la plupart, ils sont superstitieux et pas très futés. Leur nombre baisse à vue d’œil. Génocides est le récit de leurs tentatives de survie. Comme toujours, l'homme devient un loup pour l'homme. On retrouve beaucoup de scènes classiques du genre, mais Thomas Disch parvient à imposer sa patte grâce à son ton qui n'est pas à proprement parler humoristique, mais qui a sans conteste le don de provoquer des sourires grinçants. Je pense notamment à cette scène de cannibalisme. Pas du cannibalisme barbare, oh, non, du cannibalisme très civilisé, autour d'une table. La chair humaine est mélangée à de la chair de porc pour former de charmantes petites saucisses. Et il est de bon ton de complimenter la cuisinière.
Plus tard dans le récit, les survivants plongent dans le gigantesque réseau des racines des Plantes et se nourrissent de sa pulpe. Pendant des mois. Comme des vers. C'est sans doute la vision la plus marquante du roman : les résidus de l'humanité transformés en une sorte de parasite qui grignote les récoltes de l'intérieur. Des larves qui rongent l'intérieur d'un fruit bien plus grand qu'eux. Et la Terre qui n'est rien d'autre qu'une plantation comme il doit y en avoir bien d'autres dans l'univers. Un roman apocalyptique qui parvient à sortir du lot.
1965, omnibus
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